Depuis plusieurs mois la pêche est mis en avant dans l’Alsa’sports Magazine. Dans le numéro de juin, nous sommes allés à la rencontre d’Alex Chat, carpiste reconnu dans l’hexagone. Après Pierre Meyer, c’est donc Alex Chat qui s’est prêté au jeu de l’interview pour Alsa’Sports.
Bonjour Alex, comment vas-tu et comment se passe ce début de saison ?
« Je vais très bien malgré un printemps pas facile pour la pêche. On attend vraiment le soleil et la chaleur. Ce n’est pas du tout la période que je préfère mais j’ai réussi à faire quelques belles sessions. Cette période, elle peut souvent être très bonne comme très mauvaise et le temps a une influence énorme. Tu peux très bien cartonner un jour et ne rien faire le suivant. Les jours ne se ressemblent pas. »
Ta saison préférée ?
« Il y a une saison que j’apprécie par-dessus tout, c’est l’automne. Les poissons sont dans une très belle phase alimentaire et, étant donné que je suis quelqu’un qui a tendance à mettre beaucoup à manger avec de grosses tablées au fond de l’eau, cela correspond bien à mon style de pêche. J’aime beaucoup l’hiver également. On se retrouve « seul » au bord de l’eau donc plus tranquille. La nature est totalement différente, c’est vraiment plaisant. Les gros poissons restent actifs, on peut faire de très belles pêches. »
Quel type d’eau affectionnes-tu le plus ?
« On me colle souvent une étiquette de pêcheur de plans d’eaux privés, ce qui n’est pas forcément vrai. Dans le monde de la pêche, il y a ceux qui préfèrent le privé, d’autres le public. Moi j’affectionne les deux ! Ceux qui pêchent en espace public ont souvent un mauvais regard sur ceux qui vont sur des lieux privés. La carpe qui est au fond de l’eau, elle ne sait pas si elle appartient à un domaine public ou privé (rires), ça reste une carpe et moi je suis un passionné de pêche à la carpe. Ma pêche principale, c’est plutôt les gravières, lacs et étangs, je préfère les petites surfaces aux grandes étendues d’eau. Dernièrement, j’ai été dans un petit domaine, il y avait une belle population de poissons. Par moments, tu vas être huit ou dix pêcheurs autour et personne ne fera la moindre touche. Ce que j’aime là-dedans, c’est l’intelligence des poissons. Ils savent exactement quand il y a les lignes à l’eau ou non. »
Justement, comment contourner ce genre de problème ?
« Lorsque je pêche des eaux surpêchées, j’essaie, en général, de faire l’inverse de tout le monde. Je veux diminuer ma pression de pêche. En arrivant au bord de l’eau, je ne mets pas mes cannes à l’eau. Je commence par amorcer sans pêcher et cela peut prendre 24 heures. Il m’est même arrivé de tenir 72/96 heures sans mettre la moindre ligne à l’eau et en ne faisant qu’amorcer. Je me souviens d’une session difficile : je suis arrivé un samedi, le mardi je n’avais toujours pas posé une ligne. Au final, on avait l’impression que tout le cheptel était devant moi ! Les carpes savaient que ce poste était libre. Lors de cette session, je n’ai pêché qu’avec une seule canne ; elle n’était même pas restée une heure qu’elle partait déjà. Ce qu’il m’arrive régulièrement de faire sur une longue session, c’est de laisser une journée où je ne pêche pas. Cela permet de faire une coupure et de baisser la pression. Dans certains endroits, je me refuse de pêcher la nuit. J’amorce beaucoup le soir et je ramène les cannes. Au lever du jour, je remets les cannes. »
Pourtant, la nuit, c’est souvent un moment que les carpistes affectionnent particulièrement. Cela t’arrive souvent ?
« Cela m’arrive souvent en effet. Après, si c’est un plan d’eau où cela mord plutôt la nuit, je fais l’inverse, je ne suis pas fou non plus (rires). Beaucoup de pêcheurs partent du principe que, dès qu’ils arrivent au bord de l’eau, il faut mettre les cannes. Pour moi, le fait d’amorcer sans pêcher, c’est une action de pêche. Ce n’est pas parce que je n’ai pas mes lignes à l’eau que je ne pêche pas. Au contraire, je construis ma pêche. Ce qui est bien dans notre passion, c’est que l’on ne sait jamais ce qui a vraiment payé ou fait la différence. On se doute bien que c’est un ensemble de petites choses qui font la différence. Un autre point important, c’est tout ce qui est discrétion. Lorsque j’arrive au bord de l’eau, je prends tous les montages que l’on a le droit d’utiliser, je mets tout ça au fond de l’eau et je regarde lequel est le plus discret. Je fais de même avec les plombs. On est capable de prendre une carpe avec un asticot, cela veut dire qu’elle perçoit ce tout petit « truc ». Forcément qu’elle doit voir un gros plomb ! Donc, plus on arrive à être discret, mieux c’est pour moi. »
En tant que pêcheur connu, en fais-tu ton métier ?
« Pas du tout, cela reste une passion. La pêche, c’est le moment où je m’évade et me vide la tête. Je fais redescendre la pression professionnelle. Je suis un grand passionné mais je ne voudrais pas que cela devienne mon métier. Cela doit rester un plaisir ! J’aurais peur de me dégoûter de la pêche. »
Ton meilleur souvenir au bord de l’eau ?
« Je me souviens d’un énorme carton au Prunet ! On a fait 72 poissons en une semaine, tout en précisant que ce n’était pas un « run lake ». Nous ne pêchions que de jour, jamais la nuit, on en profitait pour dormir. Il nous arrivait d’avoir trois départs en même temps. Nous étions au bon endroit au bon moment. Il faut savoir reconnaître que, de temps en temps, tous les paramètres sont au vert. Le facteur chance est également présent. C’est un tout ! Les gens demandent parfois comment on fait pour prendre de gros poissons. Je n’ai pas de tactique pour cela (rires). Je vais à la pêche pour faire du poisson tout court. Plus j’en fais, plus j’ai de chance de faire une grosse carpe. Par moments, avoir une canne positionnée en dehors de l’amorçage, ça peut permettre de faire des poissons plus méfiants, ce qui ne veut pas dire plus gros. Je pêche dans un petit plan d’eau qui m’appartient et où j’ai une cinquantaine de carpes. Je les connais toutes, j’ai des photos de toutes les carpes que l’on avait faites lors d’une vidange. J’ai un poisson que je n’ai jamais attrapé. Ce sont ce genre de poissons qui me rendent fou. Comment cette carpe qui prend des kilogrammes en continu, fait pour ne pas se faire prendre ? C’est dingue ! Pourquoi certains spécimens, tu vas les prendre plusieurs fois, et certains, jamais ? »
Ton pire souvenir ?
« Une fois, lors d’un championnat de France de pêche à la carpe. On s’est trouvé à pêcher dans une rivière où j’avais fait du repérage avant. Les postes semblaient bons. Au moment du tirage, le poste semblait bon justement, sauf que la rivière était en crue… Ce poste était tout simplement devenu impêchable. C’était sur une ligne droite, il n’y avait rien pour retenir un peu l’eau et faire seulement un point mort. J’enfilais les plombs les uns au-dessus des autres pour monter jusqu’à 700 grammes de plomb ! Même avec ça, les lignes dérivaient encore. J’étais démuni. Sans doute mon pire moment au bord de l’eau. Trois jours interminables. C’est aussi pour ça que je n’aime pas trop la compétition. Le tirage du poste a tellement d’importance. Ce n’est pas forcément le meilleur pêcheur à l’instant T qui fait le meilleur résultat. »
Même pas quelques enduros de temps en temps ?
« Il m’arrive d’en faire quelques fois, mais j’y vais pour le partage. Avoir un petit jeune à côté, le conseiller, lui montrer comment faire des montages, plutôt que devoir se cacher. Je préfère la pêche plaisir et la pêche partage à la compétition. »
As-tu déjà pêché en Alsace ?
« Jamais en Alsace, en Lorraine oui. Il faut que je corrige ça ! Je sais qu’il y a de très beaux endroits, notamment de superbes gravières, très sauvages. J’ai la chance d’aller régulièrement en Alsace pour le travail et c’est une très belle région. Il faut absolument que j’y vienne pour pêcher. »
Le montage que tu préfères ?
« Je m’adapte à chaque fois mais j’ai un montage qui sort du lot ; selon moi, c’est l’IQ D-RIG. Je suis quelqu’un de particulièrement maniaque avec mes bas de ligne et particulièrement les hameçons. Il m’arrive d’avoir des hameçons neufs que je ne monte même pas car le piquant ne me convient pas ! C’est un montage avec une mécanique très bonne et très agressive. C’est parfait avec un appât équilibré et c’est top car ça cache l’hameçon. »
Tu travailles avec quelles marques ?
« J’ai deux sociétés qui me suivent, à savoir Cap River pour les appâts et la société Cipher qui représente les marques Trakker, Aqua Products et Cygnet. Cela fait un peu plus d’un an que je travaille avec la société Cipher. Cela n’a rien changé à ma pêche car j’avais déjà tout de chez eux. Maintenant, c’est la fierté de les représenter. J’ai rejoint Cap River, une société française qui a la capacité de faire des gros volumes tout en ayant une très bonne qualité dans ses produits. C’est quelque chose d’important à mes yeux car c’est ce que l’on met au fond de l’eau et c’est ce qui va attraper les poissons. On est dans un monde où les gens disent oui à n’importe quelle marque car c’est la course au sponsoring, il faut absolument avoir une étiquette et représenter une marque, sinon on n’est pas un bon pêcheur. Personnellement, je préfère ne rien avoir du tout plutôt que d’avoir une mauvaise marque de bouillettes. Si je reste chez Cap River, c’est que je suis très satisfait des produits. À l’époque, j’étais dans une autre marque et Pierre Meyer m’a contacté. Je lui ai demandé de m’envoyer des échantillons, j’aurais pu dire oui tout de suite, mais j’ai préféré pêcher plusieurs mois avec avant de me positionner. Cap River est une entreprise familiale et c’est top. »
Pour finir, fan de foot ?
« J’ai été un grand fan de foot mais je le suis un peu moins actuellement. Habitant dans la région de Saint-Étienne, je suis forcément l’ASSE. Les résultats ne sont pas au beau fixe actuellement mais ils vont rester en Ligue 1 et c’est déjà pas mal. J’aime beaucoup le beau football, c’est pour ça que j’ai un peu lâché la Ligue 1. Je ne rate pas un quart de finale de Ligue des Champions. Peu importe qui joue, j’aime le beau football ! Des fois, ce n’est pas plus mal de regarder du foot sans avoir de parti pris. Peu importe qui gagne, juste regarder un match de football. Quand j’étais plus jeune, je suivais Saint-Étienne et il m’arrivait d’être déçu. Mon père m’a toujours dit une chose importante : « Que l’on gagne ou non, il faudra toujours aller bosser demain ». C’est pareil pour la pêche, on peut faire une excellente sortie tout comme prendre une taule, dans tous les cas il faudra retourner au travail. Tout ça, ce n’est que du plaisir. Je joue également au football, quand je perds je suis toujours déçu, mais ça dure quelques minutes et après je suis toujours partisan pour boire un verre et manger tous ensemble. Je pratique le foot loisir le vendredi soir, l’équipe qui reçoit invite les adversaires, juste pour l’ambiance c’est génial. »