Unique joueur de la région à évoluer dans l’élite du rugby, le deuxième ligne Fabrice Metz est aujourd’hui un titulaire indiscutable de la Section Paloise. Des Béarnais qui ont parfaitement lancé leur saison avec un deuxième succès en autant de matchs face à Agen ( 33-23 ). Formé au Mutzig Ovalie Molsheim, celui qui a porté le maillot du XV de France en 2018 est bien installé dans le Béarn mais garde un lien fort avec sa région natale. Entretien avec une personnalité atypique du rugby français.
Tu vas débuter ta cinquième saison sous le maillot palois. Quelle longévité !
Après mon passage à Oyonnax, mon objectif était de m’installer dans un projet ambitieux sur le long terme. Je l’ai trouvé à Pau où cela se passe très bien, que ce soit avec le staff, la direction et les supporters. Je ne regrette absolument pas ce choix.
Suite à cette épidémie de COVID-19, le rugby s’est arrêté durant près de six mois. Comment as-tu géré cette longue période sans jouer ?
Très bien ! Avec ma compagne, nous avons fait le choix de rester à Pau où nous avons la chance d’avoir une belle maison dans la campagne. J’ai pu en profiter pour passer du temps avec mes deux enfants ce qui n’est pas forcément évident en temps normal avec les entraînements et les nombreux déplacements. Mais entre l’entretien physique et les occupations familiales, les journées étaient tout bien pleines, pas vraiment le temps de s’ennuyer (rires).
Cette saison s’annonce encore particulière avec ce contexte sanitaire. Quels sont les objectifs de la Section ?
C’est compliqué de se projeter mais c’est le cas pour tout le monde. En tant que joueur, tu es également un compétiteur donc forcément, il y a des objectifs. La saison dernière n’était pas mauvaise (Pau a terminé 12ème à l’arrêt du championnat) mais on souhaite être un peu plus haut dans le classement.
Il y a très peu de joueurs issus du Nord-Est de la France. Comment un jeune Alsacien comme toi est-il arrivé à percer dans le monde de l’ovalie ?
J’ai découvert le rugby à cinq ans. C’est grâce au football que je me suis tourné vers le rugby car aucun club n’acceptait d’enfant de moins de six ans à l’époque. Mon grand frère faisait du rugby et le club de Mutzig a accepté que je vienne car j’étais déjà grand pour mon âge. Depuis, c’est une histoire de famille puisque mes deux frères et mon père jouent au rugby.
L’Alsace n’est pas une terre rugbystique et pour être honnête, je jouais pour le plaisir et n’envisageais pas d’en faire mon métier. A 17 ans, le Racing 92 m’a proposé d’intégrer leur centre de formation. Ce fut un sacré défi car se retrouver du jour au lendemain loin de sa région et de sa famille, ce n’était pas évident. Rapidement, l’idée de devenir professionnel est devenue un objectif tout en gardant suffisamment de recul. Si ça n’avait pas marché, ça n’aurait pas été la fin du monde ! Je me suis donné à fond et les efforts ont payé.
Tu sembles être très attaché tes racines alsaciennes où tu as également une autre activité professionnelle à côté du rugby…
C’est ma région, j’en suis fier et j’aime le montrer (Il porte un protège-dents aux couleurs de l’Alsace durant ses matchs) ! J’ai toujours fait la propagande de la région auprès de mes coéquipiers. Cela m’est même arrivé de cuisiner des spécialités alsaciennes pour eux (rires).
Avec mon frère ainé, nous avons créé une société (Metz Bois Energie) en 2016, spécialisée dans la revalorisation des bois de forêt utilisés pour l’énergie. Cela me permet d’avoir une activité dans laquelle je peux déconnecter du rugby, de préparer l’après carrière et de garder également un lien avec l’Alsace. Et puis la forêt est un endroit qui me passionne depuis l’enfance et où je me ressource toujours.
Il y a un an, tu étais présent lors de la soirée de lancement du Strasbourg Alsace Rugby*. Quel est ton regard sur le rugby alsacien ?
Dès je suis en Alsace, j’essaie de m’investir un peu que ce soit à Mutzig ou lorsque les dirigeants de Strasbourg m’ont sollicité pour donner un coup de pouce. Retrouver Strasbourg au niveau fédéral est une bonne nouvelle. J’ai suivi leur première saison et je suis heureux de les voir remonter en Fédérale 3.
Notre région devrait s’inspirer de la Bretagne ou la Normandie. Comme ici, elles n’ont pas une grande culture rugbystique mais qui ont réussi à fédérer autour des clubs phares du secteur. (Vannes et Rouen sont en Pro D2). Et puis notre culture rigoureuse peut aussi être un atout dans la formation de joueurs sérieux, qui suivront les consignes à la lettre. Si je peux peut-être un exemple pour les jeunes alsaciens, ça serait avec grand plaisir.
*Le Strasbourg Alsace Rugby a pris la succession du Rugby Club Strasbourg après sa liquidation en 2019.
Son parcours
- Né à Strasbourg le 23 janvier 1991
- 1m98 – 115 kg
Carrière en junior :
- 1996-2008 : Mutzig-Molsheim
- 2008-2011 : Racing 92 (centre de formation)
Carrière professionnelle :
- 2011-2015 : Racing 92
- 2015-2016 : Oyonnax
- Depuis 2016 : Section Paloise
Retrouvez la suite de cet article dans le magazine Alsa’Sports du mois de Septembre.