Lorsqu’un départ touche autant les milliers de supporters d’un club, c’est bien souvent car le joueur marque les esprits durant son passage, de par sa vie de footballeur sur le terrain, ou de par sa vie d’homme en dehors. Stefan Mitrovic, c’était les deux. Un joueur qu’un public aussi nostalgique et engagé que celui du Racing n’oubliera jamais, lui qui n’a passé que 3 années de sa vie au club, nous donnerait l’impression d’en avoir vécues 7 de plus. Mitrovic, à jamais strasbourgeois, récit d’une étape emblématique dans la vie d’un homme exemplaire aux multiples facettes.
Des responsabilités immédiates
À peine arrivé dans le championnat de France, que son coach Thierry Laurey l’aligne déjà comme titulaire, pour son premier match officiel avec le Racing Club de Strasbourg. Nous sommes le 12 août 2018, et le nouveau venu Stefan Mitrovic dispute sans plus attendre un match de 90 minutes sous ses nouvelles couleurs bleues et blanches, avec qui plus est, le brassard de capitaine. Cette distinction, le défenseur serbe l’aura chaque fois qu’il jouera. Disputant 34 rencontres de Ligue 1 lors de sa première saison, Mitrovic les a toutes vécues en tant que titulaire et capitaine de l’équipe.
Même s’il manque le 16ème de finale face à Lille en Coupe de la Ligue, Mitrovic est placé titulaire les quatre matchs suivants, menant jusqu’au titre de champion obtenu par le Racing. Stefan Mitrovic l’avait annoncé en conférence de presse avant la demi-finale contre Bordeaux, « cette année, nous sommes capables de tout ». Une première année rêvée pour le joueur, lors d’une saison historique pour le club strasbourgeois. L’histoire d’amour ne pouvait pas mieux commencer.
L’année suivante, la deuxième pour l’international serbe, démarre également sur les chapeaux de roues. Que ce soit en Ligue 1 (26 matchs), en Coupe de France (2 matchs), en Coupe de la Ligue (2 matchs), ou en Ligue Europa (5 matchs), chaque titularisation s’accompagnait du capitanat. Une saison qui a même été ponctuée par deux buts et une passe décisive toutes compétitions confondues. Stefan Mitrovic devient alors un taulier de l’équipe, se voyant confier les plus grandes responsabilités d’une équipe qui joue chaque année le maintien, qui plus est à un poste de défenseur central exigeant. Mitrovic est toujours récompensé de ses efforts, de son travail, et Thierry Laurey y est évidemment pour quelque chose dans cette reconnaissance du professionnalisme du joueur. Titulaire indiscutable, capitaine indiscutable.
Sa troisième saison, celle qui s’avèrera être la dernière, est sans doute la plus éprouvante, aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Il faut bien dire que le Racing débute très mal le championnat. Trois défaites pour seulement un but marqué, Strasbourg n’avance pas en ce début de Ligue 1. Puis comme un symbole, c’est le capitaine serbe qui use de son mètre 89 pour placer une tête victorieuse au fond des filets à dix minutes du terme, offrant à son équipe la première victoire de la saison. Un défenseur qui se mue en sauveteur, le club alsacien en profitera une nouvelle fois lors de la 35ème journée, avec l’ouverture du score de « Mitro » au Vélodrome, alors que Strasbourg joue sa survie en cette fin de saison. Et quand bien même l’équipe a concédé le match nul à Marseille, quand bien même le maintien s’est joué jusqu’à la dernière journée, ces deux réalisations du numéro 13 strasbourgeois sont finalement assez révélatrices du rôle qui était le sien dans cette saison irrespirable. Des rares bouffées d’oxygène lors d’un exercice de Ligue 1 particulièrement délicat. Pour le club, qui a sauvé sa peau sur le gong, et pour Mitrovic, qui a connu il est vrai, des périodes de doutes.
Une force mentale nécessaire dans un groupe
Des moments d’ombre, Stefan Mitrovic en a malheureusement ressenti. Mais ces étapes-là sont inhérentes à la vie collective d’un joueur. Contre le Stade Rennais à la douzième journée de Ligue 1, le défenseur commet une faute grossière et prend logiquement un carton rouge dans la foulée. Cette erreur évitable ne sera pas un cas isolé cette année-là, Mitrovic étant parfois coupable d’erreurs techniques individuelles ou de fautes de placement, amenant souvent le danger sur le but strasbourgeois. Même si sa troisième année au club fut la plus controversée sur le plan sportif, Stefan Mitrovic n’en reste pas moins un joueur d’équipe, de collectif, irréprochable dans sa façon de mener un groupe vers un objectif commun, à savoir le maintien. Un homme important dans un vestiaire de haut niveau, avec un état d’esprit toujours positif, soutenant son club, ses supporters, ses coéquipiers. Lorsque Strasbourg était au plus bas la saison passée, c’est bel et bien le défenseur central qui assumait ses fonctions de capitaine en se présentant aux interviews d’après match, à chaud. Des messages de solidarité et de courage, qu’il exprimait au micro des journalistes, croyant dur comme fer au maintien de son équipe. Certes souvent critiqué pour les performances de sa dernière année, « Mitro » n’a jamais baissé les bras.
International serbe et comptant 24 sélections, Stefan Mitrovic a montré aux supporters strasbourgeois qu’il était quelqu’un de vrai, d’humain. Avec des défauts, comme tous les joueurs ceci dit, mais il incarne une force mentale digne des plus grands champions. Un véritable joueur de collectif, un homme de vestiaire, toujours prêt à se sacrifier pour ses coéquipiers et les gens qui le soutiennent.
Une figure de ce Racing
Trois saisons, 104 matchs officiels sous le maillot strasbourgeois plus tard, on se souviendra sûrement de Mitrovic comme une figure emblématique du collectif, de l’entraide, du partage, du courage, de la grande famille alsacienne. Il a parfaitement su incarner les valeurs de ce club, aux côtés de ses coéquipiers devenus des amis, et de ses plus fervents supporters. Lui qui va rejoindre le douzième club de sa carrière, il nous aura paradoxalement donné l’impression d’avoir passé toute sa vie à la Meinau.
Finalement, sa fin d’aventure est représentative de son passage au Racing : solide, très engagée sur le plan humain, sur le besoin de se serrer les coudes pour un club comme Strasbourg, et qui se termine bien, car oui, « Mitro » a réussi son étape en Alsace. Alors bon vent à Stefan Mitrovic, à jamais strasbourgeois.