Lorsqu’il a « senti craquer », Rock Feliho a bien eu peur pour son genou et seul lui sait, pour la fin de sa carrière. Ce troublant évènement bien connu des sportifs a eu lieu à la 45e minute du match opposant Saint Raphaël à Nantes (26-28), mettant au sol et en larmes le rugueux joueur du « H ». Longtemps, lui-même et le staff nantais ont cru à une rupture des ligaments croisés – la hantise de tout handballeur – avant que l’IRM passée à la suite de cette blessure ne relève uniquement des nouvelles bien plus rassurantes.
Une telle blessure aurait à coup sûr, mis fin à la carrière de l’insatiable Franco-béninois. Mais interrogé dans un podcast allemand peu de temps après ce diagnostic, le colosse de près de 100 kilos en a profité pour dévoiler deux choses : il maîtrise toujours aussi bien l’allemand et il n’a pas dit son dernier mot.
Une année de plus ?
Invité par une émission allemande disponible uniquement sous la forme de podcast, mais réputée outre-Rhin, l’ancien pensionnaire de Balingen a le temps d’une phrase et probablement d’une indiscrétion, déclarée dans une langue de Goethe parfaite, qu’il souhaitait reprendre le jeu dès la saison prochaine.
Malgré son âge avancé – il fêtera ses 39 en août prochain – Rock veut terminer l’aventure nantaise de bien plus belle manière que sur une blessure. Lui qui a avec ce club ligérien, presque tout connu.
Et si Feliho veut continuer à jouer au handball de manière professionnelle, c’est bien évidemment parce qu’il a toujours la motivation nécessaire, mais également parce qu’il ne souhaite pas partir sans dire au revoir, ne serait-ce qu’au public nantais, connu pour être fidèle et surtout, très bruyant à chaque match à domicile du « H ». Depuis plusieurs mois et à l’image de ce que connaît le football, le handball subit malgré lui, les huis clos répétés et fort logiques, empêchant les équipes professionnelles d’évoluer devant leurs supporteurs.
Une première expérience professionnelle en Alsace
Après plus de 20 ans d’une carrière professionnelle débutée dans le courant de l’année 2000, Rock Feliho aura connu diverses fortunes et divers postes. Aujourd’hui défenseur exclusif reconnu par ses pairs comme l’un des meilleurs de l’histoire du Championnat de France, il n’avait pas le même rôle lors de son arrivée à Sélestat. À cette époque Christophe Viennet n’était pas encore en poste selon toute logique. C’est Alain Quintallet, un nom bien connu du monde du handball, qui avait emmené avec lui, depuis le pôle espoir, Feliho vers l’Alsace et ce club alors présent en première division.
Demi-centre ou arrière gauche d’une puissance rare, il excellait des deux côtés du terrain, bien avant que le club alsacien ne le remarque et ne le fasse passer sous le giron professionnel. Son parcours l’amènera ensuite à Villefranche puis en Allemagne, où il découvrira le handball de ses rêves d’enfant : rapide, puissant et rugueux.
Car s’il manie aussi bien la langue allemande que la prise de position sur le pivot, c’est entre autres parce qu’il a évolué plusieurs saisons en Bundesliga.
Münster puis Balingen
Les paris étaient osés lorsque Feliho a rejoint un club de seconde division allemande suite à la relégation de Villefranche. Il ne restera qu’un an à Münster, repéré par le club de première division Balingen, notamment grâce à ses matches prolifiques en termes de buts inscrits.
L’histoire d’amour sera totale avant qu’il ne rentre au bercail pour démarrer l’histoire d’une vie, à Nantes.
L’homme du H
Malgré un léger aparté à Toulouse au cours de la saison 2012, Rock Feliho est arrivé sur les bords de la Loire en 2010, dans un club qui n’avait pas le prestige qu’il connaît actuellement. Allié à l’humilité de ce monstre du handball, le H aura grandi autour et avec lui. Il est à ce jour, incontestablement l’icône du club.
Finaliste de la Ligue des Champions face à Montpellier en 2018 au cœur d’un final four historique avec 3 clubs français sur les quatre qualifiés, il n’aura véritablement soulevé que le trophée de la coupe de la ligue en 2015.
Dans l’ombre du Paris Saint-Germain depuis plusieurs saisons, le HBC Nantes est aujourd’hui devenu une force majeure du championnat et du handball européen. Et ça, Rock Feliho y est sans le moindre doute pour quelque chose !