Après les retrouvailles avec Montpellier évoquées à l’occasion de la troisième journée, il est aujourd’hui question, dans le cadre de ce quatrième épisode, d’une valeur essentielle à notre épanouissement : l’amitié. Pour le meilleur comme pour le pire…
Dans les bons comme dans les mauvais moments, en pleine euphorie ou en plein doute, on peut difficilement se passer d’eux. Car les potos sont comme une seconde famille. Ils nous réconfortent lors de nos peines de cÂœur, sont là pour nous soutenir dans les épreuves mais aussi nous apporter un surplus de bonheur dans les moments de fête. On les aime souvent et on les déteste parfois, quand ils nous laissent seuls comme des cons à cause d’une fille ou d’un prétendu repas en famille. Et c’est alors qu’on les maudit, au point parfois de vouloir en finir avec eux, tant ils nous ont rendu malheureux.
Ce sentiment, toutes proportions gardées, a certainement dû traverser l’esprit de notre onze préféré, samedi dernier dans l’antre de l’EAG. C’est ici, au cÂœur de la nuit armoricaine, que les hommes de Thierry Laurey se sont laissés abuser. Non pas par de vils amis (sur le terrain il n’y en a pas, hormis dans sa propre équipe) mais bien par les poteaux bretons, contre lesquels les frappes strasbourgeoises se sont heurtées à trois reprises. D’abord par le décidément très en vue Jean-Eudes Aholou, dès la cinquième minute de jeu. Puis sur un coup de patte du transfuge lillois Martin Terrier, qui a fêté sa première en bleu et blanc en trouvant le poteau gauche breton d’une frappe enroulée du droit (51e minute). Et enfin, cinq minutes plus tard, sur une inspiration d’Ihsan Sacko qui, à 35 mètres du but et en première intention a décoché un plat de pied, venu mourir sur la transversale de Johnsson. Eux aussi maladroits à l’entame de la rencontre, les Guingampais ne se sont finalement pas laissés démonter et ont su saisir leur chance, en trompant à deux reprises le portier strasbourgeois. Cruel…
En prenant du recul on pensera forcément à cette finale de Ligue des Champions (ou plutôt Coupe des clubs champions) 76, au cours de laquelle les Verts se sont, à deux reprises, heurtés à ces fameux poteaux carrés. Quarante ans plus tard, Bathenay et Santini, deux des acteurs de cette fabuleuse épopée verte, mettront fin à ce débat sans fin en dédouanant ces tristes montants, qui n’avaient finalement rien demandés. Et plaideront pour une supériorité du Bayern lors de cette partie. En bons joueurs, les Strasbourgeois se doivent eux aussi d’admettre, sur ce coup, la supériorité des hommes de coach Kombouaré, vainqueurs aux points samedi dernier. Mais aussi d’admettre que ces foutus bouts de bois (désormais remplacés par d’autres éléments composites) font bel et bien partie du jeu. Car dans la vie comme sur le terrain, sans poteaux, le football serait décidément bien triste…
A la prochaine ! Et d’ici là, allez Racing ! Pierre Estadieu Alsacien exilé à Saint-Dizier, journaliste au Journal de la Haute-Marne et ancien correspondant aux DNA et à l’Alsace.