La simplicité… L’homme demeure d’une simplicité peu commune dans le milieu professionnel, à la fois accessible et proche de ses nombreux supporters. Dimitri Lienard, c’est le « meilleur ami » du supporter strasbourgeois. Mais pourquoi donc ? Peut-être parce qu’il est comme la plupart d’entre eux : sympathique, souriant, chaleureux et amoureux du Racing. Tout simplement !
Un gars du cru !
» Dim » est né en février 1988 non loin d’ici, à Belfort et grandit dans un petit village comme il en existe beaucoup en Alsace, Evette-Salbert, charmante bourgade de 2000 âmes. A l’instar de certains jeunes footballeurs talentueux, il rencontre l’opportunité d’intégrer un centre de formation, celui du FC Sochaux Montbéliard. Malheureusement, comme un grand nombre de ces jeunes footballeurs, il n’arrive pas à percer au sein de cette structure et en sort au terme de 2 ans. Beaucoup de postulants, peu de gagnants finalement… Cet échec, même s’il laisse une faille, est une leçon de vie qui lui permet de mieux avancer riche de cette expérience. Dimitri Lienard ne se laisse pas abattre. Jamais ! Au contraire même, il reste debout et décide de se ressourcer durant quelques années au sein de son premier club de Sermamagny en division d’honneur, certes un cran en-dessous de ce qu’il a pu connaître à Sochaux. Ne serait-ce pas là une manière de reculer…pour mieux sauter ?
Du talent, du travail…et du culot.
Dimitri a maintenant 18 ans, il joue à l’ASM Belfort et goûte aux joies d’une montée en CFA2. Mais pas que… Même si sa « patte gauche » fait déjà des ravages, elle ne suffit toutefois pas à remplir le garde-manger. Aux entraînements du soir s’ajoutent des journées de travail qui débutent à l’aube. Dimitri Lienard travaille au Super U de Valdoie dès 6 heures du matin. Son président de l’époque lui offre ensuite un contrat d’accompagnement à l’emploi au sein du club. Son rythme de vie effréné dure 3 ans. 3 années où ses revenus flirtent avec le SMIC. Dimitri ou un type normal au parcours footballistique anormal ! Animé par son éternelle persévérance, il ne s’arrête pas là et se laisse bercer par l’ambition et la motivation qui le guident. Il a 21 ans, a soif d’apprendre et veut continuer à progresser. Encore et toujours… C’est alors qu’il contacte Laurent Croci, franc-comtois comme lui et, qui plus est, entraîneur du FC Mulhouse ! Dès lors, il rejoint le FCM et fait quotidiennement le trajet par train depuis Belfort. L’histoire va désormais changer de dimension…
Changement de braquet
Sa capacité d’adaptation au sein de sa nouvelle équipe lui fera gagner un temps considérable. Son nom se fait écho rapidement dans les quatre cois des contrées alsaciennes et arrive tout naturellement aux oreilles de François Keller alors entraîneur du Racing Club de Strasbourg. Dimitri Lienard ne passera en définitive qu’une saison à Mulhouse et rejoint la capitale européenne durant la période estivale 2013. Le club promu en national vit une saison compliquée et semée de multiples embûches. Toutefois, Dimitri Lienard tire son épingle du jeu en terminant la saison avec 8 buts au compteur tout comme David Lévy. La Meinau découvre alors ce pur ailier gauche au jeu et se délecte avec un plaisir non dissimulé devant ses dribbles qui font mouche la plupart du temps. Il se murmure même que certains défenseurs y auraient laissé un rein au passage ! L’opiniâtreté reste un trait de caractère prédominant de Dimitri Lienard : le garçon est tenace et ne lâche jamais rien. Que ce soit offensivement ou défensivement, il est pied au plancher à chaque match. Le terrifortain possède cette faculté de vous transcender et de vous faire lever de votre siège. Il ne reste plus qu’à terminer le travail désormais…
Mise sur Orbite
La suite ? Une progression constante façonnée par la virtuosité de 3 entraîneurs. François Keller le repère et lui offre ses premiers matchs en national. Jacky Duguéperoux lui succède et fait de Dimitri l’un de ses souffre-douleurs favoris. Comprenez par là que le coach de l’époque décèle en lui un potentiel rare terriblement sous exploité. Placement, coup de pieds arrêtés, courses, tout est revu au crible. Ceux qui étaient aux abords du Krimmeri à cette époque peuvent d’ailleurs témoigner de l’intensité des consignes du coach à son poulain. Il reste probablement celui pour lequel il a développé le plus d’attention ! Et le résultat explose irrémédiablement sur le terrain. La progression de Dimitri Lienard se fait à vitesse grand V. Sur un couloir d’abord, il est rapidement repositionné en soutien du numéro 9. Ce poste lui va comme un gant, il s’éclate littéralement. Libre de ses mouvements, il dispose des clés du jeu et s’affirme comme un joueur majeur. De « bon » lors de sa première saison sous l’ère Duguéperoux, il devient alors excellent lors de la seconde, année ponctuée par une montée en Ligue 2. La saison suivante se trouve tout aussi surprenante. Changement de capitaine, Thierry Laurey prend la barre et détecte lui aussi ce petit quelque chose chez « le caméléon » comme il aime à le qualifier séduit par sa faculté à s’adapter. « C’est un caméléon, c’est notre couteau suisse. Il joue devant, en retrait. Il montre beaucoup d’envie. Et avec son profil de gaucher, il offre une possibilité intéressante », dit-il. Le plus alsacien des Belfortains évolue désormais en tant que relayeur dans le 4-4-2 en losange de Laurey. Qui l’eut cru !? Une place qu’il a gagnée à force de pugnacité et qu’il consolide au fur et à mesure des rencontres. Celui qui jadis débordait sur son couloir gauche se retrouve dorénavant au cÂœur du jeu. Une évidence en le voyant jouer, tant ce poste lui scie bien, mais encore fallait il le sentir ! C’est là tout l’art du feeling d’un entraîneur combiné au talent et à l’intelligence de jeu du joueur. Le premier décèle, le second sait s’adapter. Une belle symbiose en somme.
A y regarder de plus près, le destin strasbourgeois de Dimitri Lienard reste lié à celui du club alsacien. Leurs évolutions sont sensiblement symétriques. Dimitri Lienard suit la courbe positive de l’évolution du Racing. N’en serait-il pas un de ses symboles ? Travailleur, discret et efficace sur le terrain, sympathique, souriant et chaleureux en coulisse, il devient tout naturellement l’un des « chouchous » du public. Une évidence tant il véhicule parfaitement les valeurs du Racing qui sont les siennes également. Les supporters l’aiment et il leur rend bien. Et sa dernière preuve d’amour l’illustre parfaitement. Elle est toute récente, date de cet été : sa prolongation dans celui qu’il appelle son « club de cÂœur », SON Racing.
Arrivé sur la pointe des pieds, Dimitri Lienard a su gravir les échelons, passer les paliers les uns après les autres en faisant taire au passage les derniers sceptiques qui le dénigraient et pensaient qu’il n’aurait pas le niveau de la ligue 2. Savoir faire taire les critiques balle au pied, sans un mot. Efficacement… Tout simplement !