Présent sur YouTube depuis deux ans, Guilhem Renaudin tient la chaîne “Remontada”. Avec près de 58 000 abonnés au compteur, le jeune vidéaste s’est fait connaître en traitant avec humour le monde du football et plus particulièrement celui de notre chère Ligue 1. Des sujets divers et variés, écrits pour plaire au plus grand nombre, même à celles et ceux n’ayant pas un amour particulier pour le football. Un fervent défenseur de l’élite du football français qui a fait de l’humour sa meilleure arme pour parler de ce sujet. Rencontre.
Bonjour Guilhem, avant de parler de ta chaîne YouTube, peux-tu te présenter toi ainsi que ton parcours ?
“J’ai fait une école de communication à Lyon après le BAC pendant quatre ans. Au bout de ces quatre ans, j’ai hésité à faire une cinquième année pour le CV etc, et le théâtre qui me plaisait depuis un petit moment. Je me suis finalement dirigé vers le Cours Florent qui est une école de théâtre. J’ai fait un an et demi là-bas au total.”
Comment t’es-tu retrouvé à faire des vidéos sur internet ?
“On a eu un exercice un jour au Cours Florent pour réaliser un petit documentaire vidéo. J’ai bien aimé travailler sur ce format-là, et comme j’avais déjà une page Facebook depuis 2017 sur laquelle je faisais déjà des blagues, des petits mèmes, etc sur les matchs, je me suis dit que c’était le moment de passer au format image sur Facebook au format vidéo sur YouTube où je montre ma tête. J’ai lancé la chaîne en janvier 2021 et je m’y consacre à plein temps depuis janvier 2022. J’essaie aussi depuis la Coupe du monde de me mettre un peu sur Twitter (rires).”
Peux-tu nous raconter comment est venue ta passion pour le football ?
“Elle est arrivée tardivement ! Je n’ai pas été footeux pendant longtemps, je ne regardais que les rencontres de Troyes, mon équipe de cœur, et les matchs de l’équipe de France. Sauf que c’est durant la période où l’ESTAC faisait pas mal l’ascenseur, ce n’était pas vraiment festif, je regardais sans regarder avec un sentiment de découragement. J’ai déménagé à Lyon en 2015, où j’ai rencontré des amis footeux qui m’ont appris petit-à-petit à m’intéresser à l’Olympique lyonnais. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à aller au stade plus régulièrement, à m’intéresser à la Ligue 1, et à me rendre compte qu’on avait un super championnat. J’étais sur un groupe Facebook de l’Olympique lyonnais où je faisais des blagues et j’ai vraiment bien aimé. C’est cet aspect humoristique et cette passion qui m’ont amené vers le football, plutôt que l’aspect match et sportif. Je me suis rendu compte que c’est un sport plutôt marrant, et c’est vraiment à partir de cet instant que je me suis mis à suivre régulièrement et exclusivement la Ligue 1, je ne regarde pas les championnats étrangers.”
Quel est le concept de ta chaîne en quelques mots ?
“Je voulais m’intéresser au football, mais à l’époque où j’ai commencé c’est souvent du contenu très pointu qu’on trouvait sur interne et qui donnait l’impression que ce sport était réservé aux experts en la matière. Hors, une personne qui veut suivre le foot sans s’y intéresser plus que ça, ne regardera pas des vidéos de 20 minutes parlant uniquement de tactiques et schémas de jeu. Je voulais rendre tout ça accessible avec un contenu différent de ce qu’on pouvait trouver avec la petite touche humoristique et une façon d’expliquer les choses simples car je ne suis pas forcément expert et je ne m’adresse pas qu’à des experts dans le domaine non plus. Je veux rendre le football abordable avec de l’humour. Remontada est donc une chaîne football humoristique qui s’adresse au plus grand nombre pour résumer en une phrase !”.
Au départ, ta chaîne s’appelait Ligue 1 Champions Project, aujourd’hui c’est Remontada, pourquoi ce changement de nom ?
“Alors Ligue 1 Champions Project c’était en référence à l’OM Champions Project dont beaucoup se sont moqués quand il a été annoncé. J’ai lancé avec ce nom-là la série de vidéos “Remontada”, qui n’est pas forcément un clin d’œil au Paris Saint-Germain (ndlr : la claque 6-1 au match retour contre Barcelone après avoir gagné l’aller 4-0), c’est juste un mot qui a été popularisé dans le monde du football par cette rencontre, mais c’est surtout que cela collait bien avec mon projet qui était de faire un peu une “remontada culturelle” de l’univers footballistique sur des sujets que l’on croit bien connaître mais sur lesquels on oublie plein de détails. J’en avais également marre que ma mère me demande tous les jours comment s’appelle ma chaîne pour en parler à ses copines (rires). Sur Twitter ou ailleurs, beaucoup commentaient mais sans jamais réussir à retenir le bon nom donc c’était frustrant. Il me fallait un nom court et dynamique et au bout de plusieurs heures, j’ai opté pour le nom Remontada.”
Quelle est ta journée type en tant que YouTuber, combien de temps te prend la création d’une vidéo ?
“Au départ je réalisais des vidéos de 2-3 minutes, de ce fait le travail était fait en trois jours. Aujourd’hui, c’est un peu plus difficile à estimer car je n’ai pas l’encadrement d’un métier “classique”. Je dirais quand même entre 50 et 70 heures, une semaine et demie voire deux semaines. Ma dernière vidéo sur Lyon dure environ 17 minutes. Pour te donner une idée, j’ai fait une demi-journée de recherches d’informations, deux jours d’écriture du script, un jour pour l’écriture des petites scénettes (petites coupures humoristiques) de la vidéo, une journée de tournage et entre deux et trois jours de montage.”
J’ai remarqué qu’au lancement de la chaîne, tu ne traitais que des sujets relatifs à la Ligue 1 pour ensuite de diversifier sur des sujets plus extérieurs (vidéos sur Balotelli, Steven Gerrard, Dortmund, etc), pourquoi ce changement ?
“Pour toucher un plus large public. Je suis vraiment un grand fan de la Ligue 1 et j’espère que cela deviendra encore un plus grand championnat dans le futur, et c’est pour cette raison que ça me tenait à cœur de faire des vidéos sur le sujet. Cela m’énerve un petit peu de voir des Français s’intéresser à des championnats étrangers avant de se concentrer sur la Ligue 1. Mais il y a un moment où je me suis dit que beaucoup de monde regardaient d’autres championnats, je me suis donc diversifié pour toucher un public plus large. Je dois avouer que je prends moins de plaisir à tourner ces épisodes-là. Pour l’épisode sur Dortmund il y avait un petit lien avec Monaco donc ça va, mais pour Steven Gerrard, j’avoue que je me suis senti un peu obligé de parler de la Premier League (ndlr première division anglaise).”
Vous êtes plusieurs à apparaître dans tes vidéos, tu l’as dit lors d’une vidéo “Foire aux questions (FAQ)”, ce sont des amis, j’imagine que cela doit être cool de travailler avec eux ?
“Carrément ! On a Sylvain qui est avec moi depuis le début. C’est chez lui qu’on tourne les vidéos. En cours de route, Léon nous a rejoint. Ils étaient avec moi au Cours Florent. C’est cool et frustrant de travailler avec des potes. Cool parce que c’est toujours un bon moment, on profite des tournages pour discuter et prendre une bière etc, mais frustrant parce qu’on se voit presque que pour tourner (emplois du temps chargés, les soirs et week-end pour tout le monde) et donc on ne peut pas non plus trop parler. Ce qu’on finit finalement par faire au et de ce fait les tournages sont très longs.
As-tu une vidéo dont tu es le plus fier et pourquoi ?
“J’ai déjà dit que j’aimais beaucoup ma vidéo sur Monaco et ses supporters parce que j’aime bien expliquer le football par autre chose que le foot et sur ce sujet, il y avait un aspect géographique, sociétal, etc qui allait un peu à l’encontre du cliché sur les supporters de Monaco comme quoi il n’y en a pas beaucoup, etc. Cet épisode m’a permis de faire une analyse plus journalistique, j’ai beaucoup aimé. J’ai adoré faire le clip “Ciao Bordeaux” également car j’ai travaillé avec un vrai réalisateur, mon frère était présent aussi et avec des abonnés comme figurants, c’était vraiment sympa !”.
La Ligue 1 est un championnat décrié et moqué en France comme à l’étranger. Tu es l’un de ses fervents défenseurs, que dirais-tu à ses détracteurs ?
“Qu’ils ont raison sur beaucoup de points, mais qu’ils fassent semblant (rires). Car si on fait tous semblant, peut-être que nos dirigeants se diront que notre championnat est cool et qu’on peut le rendre encore plus cool. Au-delà de ça, il y a aussi le plaisir de voir éclore de jeunes talents. Sur le long terme, je pense que la Premier League est plus chiante puisque tu sais qu’il n’y a que des stars. En Ligue 1, c’est plaisant d’avoir des petites pépites qui vont éclore chaque saison, d’avoir aussi ce petit côté humoristique auquel je suis très attaché. Je ne suis pas certain de pouvoir faire des blagues sur le niveau du championnat anglais, alors qu’en Ligue 1 ça fait plaisir de voir des mecs qui jouent à 40 piges, d’avoir des tacles de bouchers et des gros ratés.
Notre championnat nous offre quand même des Benjamin Nivet, Renaud Ripart, Nicolas Pallois, etc (rires). Pour moi, le manque de niveau sportif en Ligue 1 est rattrapé par l’extra-sportif, genre Marcelo à Lyon qui pète dans le vestiaire, etc, pleins de petites anecdotes uniques à notre chère Ligue 1. C’est marrant, et pour faire aimer le football à des gens pas passionnés à la base, cela aide bien !”.
Tu as fait une vidéo sur le Racing Club de Strasbourg il y a un an, qu’est-ce que t’inspire ce club ?
“Alors plus forcément aujourd’hui, mais de la jalousie par rapport à Troyes. Le club a aussi eu des années de galères, mais il est rapidement revenu en Ligue 1 avec un vrai projet et surtout en impressionnant les observateurs, notamment l’année dernière et la surprenante 6ᵉ place. Il y a également une énorme ferveur, bien plus qu’à Troyes. En Ligue 1, tout le monde aime Strasbourg, je pense. C’est un peu comme avec Lens. J’ai beaucoup d’admiration pour ce club.”
Le Racing est actuellement dans une situation compliquée, bien que la dernière série soit plus positive, est-ce que pour toi le Racing va se sauver à l’issue de la saison ?
“C’est très difficile à dire. L’année dernière, j’avais fait le pronostic que des grands clubs comme Bordeaux ou Saint-Étienne ne pouvaient pas descendre du fait de leur statut. Je pense pareil de Strasbourg qui est pour moi un club emblématique de la Ligue 1. Vous aviez mal lancé la saison dernière et finalement, vous aviez bien rebondi. Je pense et j’espère que le Racing va se maintenir cette année. Pour moi, Angers, Ajaccio et Auxerre descendent, et je pense que pour la dernière place de relégable cela se jouera entre Brest, peut-être Montpellier et quand même Strasbourg”.
Découvrez l’intégralité des vidéos de la chaîne Remontada ici !