De retour sur les terrains à la surprise générale en fin de match contre Toulouse dimanche dernier (2-1), le latéral gauche Thomas Delaine (32 ans) a ensuite raconté sans langue de bois aux journalistes sa période de creux longue de sept mois. Durant laquelle il s’est retiré de la vie du groupe pour mieux revenir en forme physiquement et mentalement.
C’est un retour que plus aucun suiveur du Racing Club de Strasbourg n’attendait. Parce que le virage qu’a pris le club à l’été 2023 fait la part belle aux joueurs qui ont la vingtaine, reléguant ceux qui s’en éloignent, et parce que les blessures à répétition ont bien failli remettre en question la poursuite de sa carrière au Racing. Mais c’est bel et bien Thomas Delaine, 32 ans et aucune minute disputée en match officiel cette saison, que la Meinau a aperçu dimanche dernier contre Toulouse, à la 83ème minute d’un match tendu sur la fin où le Racing tentait de conserver le score.
Un retour inattendu pour tous, Delaine n’ayant plus joué avec le Racing depuis le match amical contre le Borussia Mönchengladbach le 10 août 2024, soit 7 mois d’absence, d’abord en raison d’une blessure au genou en septembre dernier, puis ensuite d’une absence dans les convocations du staff strasbourgeois. Et inattendu pour lui aussi, réintégré dans le groupe quelques jours seulement avant la rencontre contre le TFC : “J’ai repris l’entraînement collectif le vendredi, j’ai fait deux séances et me voilà dans le groupe. Je ne m’y attendais pas, ça m’a fait du bien de retrouver le groupe, le stade”, a confié le principal intéressé en zone mixte après le match. 15 minutes de jeu seulement, en comptant le temps additionnel, mais un “soulagement” de redevenir un joueur de football. “À partir du moment où j’étais dans le groupe je me suis conditionné à jouer, pour être prêt. L’important était de garder le score, aider les copains pour tenir les 3 points. C’était un beau moment”.
« J’ai un peu coupé du foot »
Ce beau moment l’a surtout été parce qu’il a mis du temps à arriver. Sept mois durant lesquels le deuxième joueur le plus âgé de l’équipe derrière Karl-Johan Johnsson (35 ans, 32 ans pour Thomas Delaine – il en aura 33 le 24 mars) en a bavé pour retrouver un corps d’athlète opérationnel. Il raconte. “Il y a des saisons comme ça… Douleur au dos, au genou. Ce n’était pas facile tous les jours mais il fallait continuer d’avancer. Mes blessures sont arrivées coup sur coup, heureusement qu’à côté du foot ça se passait bien, la famille, les enfants, ça aide à garder la tête hors de l’eau. J’ai un peu coupé du foot, je me suis concentré sur ma rééducation, je n’étais plus trop dans le système. J’ai eu la chance que le club et le staff me laissent être moi-même. J’ai pu gérer ça comme je le voulais et ça m’a fait du bien”.
Un mal-être évident mais qui ne l’a pas empêché d’être exemplaire dans la vie du groupe strasbourgeois. “Je me suis mis en retrait pour ne pas influer négativement sur la vie du groupe. Je ne voulais pas être un poids pour ce groupe qui gagne, je me suis concentré sur moi. Je regardais les matches mais le cœur n’y était plus vraiment. On broie un peu du noir dans ces moments-là, mais je me disais que ça irait mieux un jour”. Ce jour est arrivé, ponctué de la précieuse victoire contre Toulouse qui l’a rendu encore plus beau. Ce retour de Thomas Delaine à la compétition ne dit encore rien de la suite de sa saison. Mais le plus dur est peut-être derrière lui. Il aura en tout cas évoqué cette période de creux avec honnêteté et maturité : “C’est mon métier, ma passion, mais il y a des choses plus graves que le football dans la vie. Il faut relativiser”.