Pour sa troisième saison sous le maillot Strasbourg et malgré le mauvais début de saison du Racing, Ludovic Ajorque a d’ores et déjà inscrit cinq buts et distillé deux passes décisives. Loin d’être un joueur « vedette », le Réunionnais poursuit son ascension et vient de rentrer dans l’histoire du Racing Club de Strasbourg après soin but inscrit face à Nantes lors de la victoire 0-4. En inscrivant son 22ᵉ but sous le maillot strasbourgeois (en championnat), Ludovic Ajorque est tout simplement devenu le meilleur buteur de l’histoire du Racing en Ligue 1 lors de ce 21ᵉ siècle. Entretien :
Tu as déjà cinq buts à ton actif après treize journées, c’est plus que tes deux premières saisons avec le Racing à pareille époque. Comment tu l’expliques ?
Je ne sais pas [rires]. J’aurais pu en avoir plus aussi. J’ai raté quelques occasions depuis le début de la saison. Très franchement, cela m’importe peu car, en ce moment, nous sommes dans une situation où avoir cinq buts et être mal classé ne m’intéresse pas, j’aurais préféré inscrire moins de buts et être plus haut au classement. On commence à relever la tête, j’espère que cela va continuer, c’est surtout ça le plus important. Je suis content d’avoir inscrit cinq buts mais ce n’est pas le principal.
Tu évoquais le fait d’avoir manqué quelques occasions, c’est dû à un manque de confiance actuellement ?
Peut-être un peu de manque de confiance inconsciemment, mais je dirais surtout un manque de réussite. Je ne doute pas même si c’est dur d’être dans cette situation actuellement. Nous sommes tous déçus d’être aussi mal classés.
Sur tes cinq buts, tu as inscrit trois penalties et c’est souvent souligné par les observateurs.
J’entends aussi que j’inscris des buts, essentiellement des penalties, mais on les provoque ! Moi seul, j’ai pu en provoquer trois alors qu’en deux saisons à Strasbourg, je n’en n’avais pas provoqué un seul : rien que pour ça, je suis content. Cela veut également dire que nous sommes souvent dans la surface de réparation adverse. C’est un gros point positif. Inscrire un penalty, c’est un but comme un autre. Il faut marquer sur penalty, ce n’est pas si simple. J’ai en souvenir Di Maria à Leipzig, Messi et Ronaldo en ratent… Un penalty, ce n’est pas un but automatiquement. C’est technique, c’est un duel avec un gardien et ce n’est pas facile. On le fait bien en ce moment et j’espère que ça va durer [ndlr : 7 buts inscrits en 7 penalties depuis le début de la saison].
Le gardien a tout à gagner et le tireur tout à perdre. C’est une pression de tirer un penalty. À ce jour, nous avons transformé tous nos penalties, ça veut dire que nous avons plein de bons tireurs dans l’équipe [rires].
Avec ton but face à Nantes, tu es devenu le meilleur buteur du Racing en Ligue 1 du XXIème siècle. As-tu conscience d’être passé devant des joueurs tels que Niang, Pagis ou encore Ljuboja ?
Non, pas encore. Vu la situation dans laquelle nous sommes actuellement, je n’arrive pas à me dire que j’ai pu faire quelque chose de bien. Il faut qu’on remonte la pente et, à ce moment-là, peut-être que je me rendrais compte que je suis en train de réaliser quelque chose de bien. Aujourd’hui, sincèrement, je ne pense absolument pas à ça !
Après un début de saison très compliqué, on sent que les choses s’améliorent lentement.
J’ai l’impression que c’est en train de revenir petit à petit. On a pu le voir face à Montpellier car, même si l’on perd, l’état d’esprit était présent tout comme face à Lyon. Face à Rennes, même en étant à 10 contre une équipe de Ligue des Champions, on a su tenir. Mettre 4-0 à Nantes, même si ce n’est qu’une victoire, ça fait du bien aux têtes et j’ai la sensation que les choses sont en train de basculer. On espère enchaîner désormais. Si c’est pour gagner 4-0 à Nantes et perdre ensuite, ça ne sert à rien. Il faut faire une série pour remonter !
Justement, face à Nantes, on a vu un Ludovic Ajorque libéré. L’arrivée d’Habib Diallo semble t’avoir fait du bien ?
On s’entend vraiment très bien avec Habib. On est souvent ensemble à l’entraînement. On travaille cette connexion. Face à Nantes, le coach [Thierry Laurey] a fait un choix tactique en mettant Habib Diallo à droite mais il me permet d’être plus mobile et de participer beaucoup plus au jeu. Je sais qu’il est toujours devant le but et quand c’est lui qui participe, c’est moi devant le but. J’ai cette connexion là avec lui, comme j’avais pu l’avoir avec Lebo Mothiba. C’était à peu près le même profil. Je pense que cela va aller de mieux en mieux !
Ce match face à Metz peut être un véritable tournant dans votre saison ?
Je ne dirais pas que c’est un tournant, mais s’imposer face à Metz, ça ne peut être que positif dans les têtes. Enchaîner un deuxième succès et faire un troisième match de rang sans perdre, ça peut être bon pour nous et ça va nous permettre de remonter petit à petit. On a un groupe de qualité, rien n’a changé, on a ajouté des joueurs de qualité, on ne doit pas être là où nous sommes aujourd’hui. Je crois en notre équipe, en notre staff et entre notre club ! Il faut qu’on fasse tout pour être plus haut au classement.
Ce dimanche, le Racing accueille Metz pour le derby. Il manque quelque chose, non ?
Il manque cette excitation ! Surtout pour ce genre de rencontre. On sait que c’est important pour les supporters. Le fait qu’ils ne soient pas au stade derrière nous, il manque clairement quelque chose à ce match… c’est eux, les supporters ! On va tout faire pour les rendre heureux dimanche.
Il y a deux ans, Strasbourg était victime d’un attentat. Un moment difficile pour les joueurs également ?
Ce n’était vraiment pas facile à vivre. On a joué à Reims, c’était compliqué. On pense encore aux familles et aux proches des victimes, j’espère qu’on va honorer cette date en s’imposant pour eux ce week-end.