Joueur du Racing lors de la saison du titre en 1979, Raymond Domenech aura passé quatre ans au sein du club strasbourgeois (1977-1981). Avant de retrouver prochainement son témoignage dans notre hors-série consacré à la vie de Jacky Duguépéroux, l’actuel président de l’UNECATEF (le syndicat des entraîneurs) revient pour nous sur la situation actuelle du Racing Club de Strasbourg, avant-dernier à la trêve, et qui n’a toujours pas remporté le moindre match à la Meinau.
Est-ce que la situation du Racing, avant-dernier de la Ligue 1 à la trêve, est inquiétante selon vous ?
Inquiétante ? Le mot est peut-être un peu fort. Mais la situation est préoccupante, oui. Évidemment, quand on est à cette place après quinze journées, il faut forcément commencer à réfléchir. Le club doit se ressaisir pour se reprendre et sortir de la tête de l’eau. Pour cela, il faut trouver des solutions. De toute manière, dans cette situation, c’est impossible de se dire que la vie est belle.
Selon moi, il faut faire confiance aux aptitudes des uns et des autres pour remobiliser tout le groupe et repartir de l’avant en essayant d’être plus performant, surtout défensivement.
Vous connaissez très bien Marc Keller… Parmi les écuries occupant les dernières places du championnat, c’est le seul président – avec celui d’Ajaccio -, qui ne s’est pas séparé de son entraîneur. Est-ce que conserver sa confiance en Julien Stéphan, c’est quelque chose qui peut fonctionner ?
Complètement ! Le problème autour des limogeages d’entraîneurs, c’est que cela intervient très souvent dans des moments de panique. C’est souvent lié à l’influence des proches du président, à une forte pression du public et au lâchage des joueurs. Je vois ces trois grandes raisons pouvant expliquer qu’un coach est écarté. Concernant Julien Stéphan, je ne vois pas la pression du public, ni le lâchage des joueurs et je pense que Marc (Keller, NDLR) sait gérer la panique en arrivant à tempérer et calmer un peu tout le monde.
Julien Stéphan a les compétences pour entraîner. Il l’a déjà prouvé à de nombreuses reprises. Maintenant, il faut retrouver l’élan, la confiance et la sérénité de la saison passée. Et, selon moi, cela ne se fait pas en virant le coach ou en laissant courir des bruits comme quoi il serait sur la sellette. On ne rassure pas son équipe de cette manière. C’est l’inverse, au contraire, les joueurs ont besoin de travailler dans un climat de confiance.
Est-ce que vous êtes tout de même confiant vis-à-vis du maintien du Racing à l’issue de cet exercice ?
Confiant, non ! Là-dessus, j’aurais plutôt tendance à vous dire que je suis un peu inquiet. Mais j’espère de tout cœur qu’ils vont se reprendre. Le problème, c’est que j’ai la double casquette. Celle d’amoureux de ’lAlsace mais également celle du président du syndicat des entraîneurs (UNECATEF, NDLR). Par conséquent, de mon point de vue, j’espère qu’aucun club ne descendra et qu’aucun entraîneur de Ligue 1 ne sera viré. Mais bon, il faut être réaliste, on sait que c’est impossible.
Le seul message que l’on peut faire passer aux dirigeants, c’est qu’ils peuvent en virer autant qu’ils souhaitent. À la fin, il y en aura quand même quatre qui descendront. Ce nouveau système met évidemment une pression supérieure sur tous les clubs. À quatre descentes, il n’y a pas de sursis possible ! Ça va se jouer au goal average. Tous les matches comptent, toutes les actions, également, de la première aux ultimes secondes de jeu… Et si maintenant, on se met à avoir du temps additionnel à rallonge comme au Mondial au Qatar, ça ne va pas arranger les choses…
Justement, par rapport à ce que l’on peut observer en ce moment même au Qatar, avec parfois dix voire quinze minutes de temps de jeu en plus, qu’en pensez-vous ?
Il faudrait que l’on m’explique comment ce temps de jeu est rallongé ? C’est bien beau de vouloir jouer l’intégralité du temps effectif pour arriver aux 90 minutes, mais j’aimerais bien qu’on m’explique sur quoi on se base. Avant, on le savait, c’était calculé à chaque blessure ou changement avec 30 ou 45 secondes supplémentaires. Mais maintenant, on se base sur quoi ? Je trouve que c’est encore une aberration d’imposer des choses sans être transparent et tout expliquer.