Ancien pensionnaire du centre de formation du Racing Club de Strasbourg au poste de gardien de but, aujourd’hui pleinement lancé dans la musique, « JVNSY », de son vrai nom Junior Ntima, a accordé un entretien à ALSA’SPORTS dans lequel il évoque son passage au Racing et le rapport qu’il possède toujours avec le football dans sa jeune carrière musicale. L’occasion également de nous éclairer sur les spécificités de ces deux mondes, qui ont rythmé et rythment toujours son quotidien.
Peux-tu me parler de ton passage au centre de formation du Racing Club de Strasbourg ?
J’ai signé au Racing fin 2008 avec un contrat de non sollicitation, c’est-à-dire que j’appartenais au Racing mais je jouais encore dans mon club. J’ai intégré définitivement le centre en juillet 2009. À cette époque, les coachs étaient Jacques Canosi et Gabriel Richter lors de mon passage avec les U19.
Est-ce que tu suis encore le Racing aujourd’hui ?
J’ai suivi les premières années de la remontée. J’ai connu la première montée de CFA2 à CFA lors de la saison 2011-2012 en tant que gardien avec Ziman Duki et Vauvenargues Kéhi.
Cette saison j’ai suivi le club d’assez loin. Je sais qu’il y a une période où c’était très très compliqué, je voyais que les résultats ne suivaient pas. J’ai ensuite regardé à la fin de saison pour voir s’ils étaient maintenus. Je n’ai plus vraiment d’attaches là-bas car les générations ont changé. Il n’y a plus de joueurs avec lesquels je suis en contact. Mais je regarde par curiosité puisque c’est le club où j’ai été formé !
Tu as un souvenir en particulier de ton passage en Alsace ?
J’en ai énormément. Il y en a un qui me revient lors du premier match de la saison à domicile en 2011 contre Illzach-Modenheim (victoire 4-1) où j’étais dans le groupe sur le banc. Il y avait énormément de supporters et c’était la première pour moi que j’entendais le KOP en tant que joueur. Et aussi une autre fois contre Schiltigheim où l’on gagne 2-1 avec une Meinau en feu, c’était vraiment impressionnant !
On a remarqué qu’il y avait quelques références de football dans tes textes, on cite par exemple « Dans la surface comme Lorenzo Insigne » dans Bison, « Je fais v’la les appels, personne me fait la passe » dans Dose 1, tu portes le maillot du Red Star dans le clip de Dose 2, est-ce que le football est l’une de tes inspirations quand tu écris tes textes ?
Je dirais que ça fait partie de moi, ces références me viennent sur le coup. Avant la musique pour moi, c’est le football. Je suis un passionné de musique, comme certains vont être passionnés de golf, de voitures ou de cinéma. Ce n’est que depuis peu que je m’y suis mis vraiment à fond pour espérer quelque chose, tout me vient dans la tête rapidement. Et comme je suis un footballeur, ça sort comme ça ! Vu que initialement je suis formé dans le football, j’ai eu des expériences internationales*, j’ai côtoyé des gens, et donc les inspirations me viennent facilement. Mais je ne me dis pas le matin, quand je suis sur une instrumentale pour écrire, qu’il faut que je place une phrase sur le football !
Tu t’es lancé il y a combien de temps pleinement dans la musique ?
Vraiment pleinement ? Je dirai depuis la sortie de Bison (clip sorti le 27 mai 2020). Je suis toujours allé en studio, donc ça fait longtemps que j’enregistre des morceaux. Je pouvais publier un son sur les réseaux en 2015 par exemple, et sortir le suivant en 2016 ou en 2017, il n’y avait pas de réel assiduité, et c’était dur de captiver les gens comme ça. Je n’étais pas vraiment à fond. C’est depuis Bison que j’ai une cadence assez régulière et le retour des auditeurs booste réellement, je vois que les gens attendent la suite, qu’ils aiment ou non. La machine est vraiment lancée depuis Bison.
On connaît plusieurs rappeurs – footballeurs, je pense à Topas ou Dinor, est-ce que selon toi c’est plus compliqué d’atteindre ses objectifs dans le rap ou dans le football ?
Comme je dis toujours, dans la musique je pars du principe que l’on peut quand même faire de la bonne musique et que si ça ne marche pas c’est qu’il manque un petit quelque chose à l’auditeur pour qu’il valide totalement ! Dans le football, je pense qu’il faut un peu plus de chance. Ce ne sont pas toujours les meilleurs qui passent, ça ne veut pas non plus dire que ce sont des bras cassés qui signent professionnel, mais parfois on se retrouve au bon endroit au bon moment, dans la bonne génération, dans des circonstances qui font que, sans être forcément le meilleur.
En y réfléchissant, c’est dur de se positionner, je dirais peut-être que finalement c’est pareil. Franchement elle est pas facile cette question (rires) ! Vous me posez une colle ! En fait je me dis que dans le football, on peut être très fort et ne pas passer, on peut être le plus talentueux du monde et ne pas passer, alors que dans la musique si on est très doué ça passe. Pour moi tous les artistes qui explosent, qui font des millions de vues, que l’on aime ou pas, il n’y a rien de volé. Si les gens écoutent, c’est que quelque chose les a attiré. Et au football, il y a énormément de joueurs qui sont extraordinaires qui ne vont pas si loin que ça.
Sans doute aussi car le côté professionnalisme et hygiène de vie peut rentrer en compte dans le football ?
Moi j’y crois à moitié, honnêtement. J’ai vu des joueurs au Racing, bon je ne vais pas les citer, mais j’en ai vu qui n’avaient pas une hygiène de vie irréprochable, sans que ça leur pose de problèmes sur leurs performances. Après le Racing est un club familial très ouvert d’esprit je trouve. Personnellement mon expérience je l’ai eu principalement au Racing, donc peut-être que dans d’autres clubs c’est différent. Mais pour ma part j’ai vu certains joueurs avec un mode de vie pas idéal, sans n’avoir eu aucun problème avec le club.
Tu as été invité par Uzi sur Skyrock récemment, c’est une étape importante pour la suite qui va te permettre d’évoluer et de progresser ?
Clairement ! Ça m’a fait une très bonne publicité. J’ai sorti mon premier EP le 15 décembre 2020, avec des bons retours assez vite. J’ai un morceau phare « Dose 2 », qui est sorti début janvier. Et trois jours après, j’ai enregistré le planète Rap avec Uzi. Le timing n’était pas du tout volontaire. Et du coup en moins d’un mois et demi, les gens ont écouté l’EP de 5 titres, ont vu le clip du titre phare, et m’ont entendu sur Skyrock pour jouer le morceau, avec Uzi qui est en train de tout exploser. Donc en termes de publicité et d’exposition ça m’a servis ! Il ne faut pas rester là-dessus, mais aujourd’hui ça m’a beaucoup apporté.
On a vu sur les réseaux que tu connaissais Ash Kidd, comment s’est établie la relation ?
Ash Kidd, je l’ai connu quand j’étais au centre de formation, depuis plus de dix ans. On avait même fait un morceau à l’époque, et on a toujours gardé contact. Lui, il a une grande fanbase, il est certifié, il a des singles d’or… Il est venu il y a quelque temps sur Paris pour clipper le morceau Arizona, et il m’a appelé en me disant qu’il voulait que je figure dans son clip. J’ai vraiment senti l’intérêt de sa part, ce n’était pas une invitation en l’air.
Quelles sont tes références dans le rap français aujourd’hui ?
J’aime beaucoup Freeze Corleone en ce moment. J’aime aussi Booba, Rohff, La Fouine… les classiques. Mais celui qui me parle aujourd’hui c’est Freeze. J’ai beaucoup aimé le dernier album de Dinos, également Uzi avec un premier album complètement solo, je trouve ça fort. Et justement je pense qu’on perd un peu la notion d’album de nos jours, ils ne racontent plus tellement d’histoires, il y a beaucoup de featurings. Ensuite il y a Gazo que j’aime beaucoup, son énergie. Puis tout ce qui est Gradur, 13 Block, tout ce qui est sombre en fait. Tout ce qui tourne autour de la trap, et de la drill. Mais surtout de la trap, c’est ce que je préfère.
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*plusieurs sélections avec la République démocratique du Congo des U17 aux Espoirs
Interview réalisée par Dorian Faucherand et Hugo Burduche