L’arbitre a sifflé la fin du match et les Strasbourgeois se sont écroulés au sol. Le maillot sur la tête, la tête entre les mains, les mains sur les jambes. Un dépit énorme vécu comme une désillusion. Pourtant le Racing n’a pas perdu, n’a rien perdu encore, même si les réactions des jeunes strasbourgeois après le tour d’honneur insinuaient autre chose. Ils sont restés là, scotchés face à une tribune Ouest au soutien des siens, regards dans le vide, mâchoires serrées, mines déconfites sur un ton presque péremptoire que les applaudissements ne pouvaient pas consoler. La déception était palpable mais j’ai réussi à l’apprécier. J’ai aimé ces réactions, peut-être excessives pour certains mais révélatrices selon moi. Révélatrices d’une confiance en soi, en l’équipe, qui se considérait impérativement gagnante de ce duel européen. Les joueurs ont des mots et veulent les lier à des actes.
Les joueurs s’en veulent mais n’ont rien perdu. Ces visages meurtris ont seulement été la conséquence de cette malheureuse égalisation dans les dernières secondes, privant Strasbourg d’un succès qui aurait sans doute été aussi retentissant que celui contre Lyon. Pourtant il y avait tout cette fois encore à la Meinau. L’ambiance des grands matches, la qualité du jeu et des occasions procurées, les danses sur les célébrations des deux buts, inscrits d’ailleurs en trois minutes. Mais il a manqué au Racing ce qui lui a rarement manqué ces derniers temps. Un brin d’attention sur la fin. Parce que la montée de Melvin Bard qui amène ces deux ultimes corners aurait pu être évitée par une intervention défensive, et que ce ballon dans la surface aurait pu être repris de la tête au lieu de retomber sur celle d’un Niçois. Un défaut de concentration selon Guéla Doué mais vécu comme une lourde sanction.
Strasbourg avait tenu son court avantage contre Lille, Toulouse, à Auxerre, Nantes et Reims, avec parfois autant de courage que de réussite. Il en a sans doute manqué pendant 30 secondes contre Nice, mais c’est un autre apprentissage. Cette saison il y a eu avec cette équipe l’apprentissage des coéquipiers, l’apprentissage de la Ligue 1, l’apprentissage des séries de victoires, il y a maintenant l’apprentissage de la position du chassé. Tout le monde veut te battre et t’attend au tournant, tout se joue sur des détails comme dans une course au maintien, mais en face ce sont juste les meilleures équipes du pays. Nice hier, Monaco demain. Les étoiles sont toujours dans le ciel.