On n’explique rarement comment et pourquoi les plus grandes équipes finissent toujours par avoir raison. Par obtenir gain de cause sur une contestation, réussir à faire davantage pression grâce à un statut supérieur, user de leur grandeur pour que la pièce tombe toujours du bon côté. On s’est déjà tous indigné devant notre écran de télé, une fois au moins dans nos vies, du prétendu avantage dont pouvaient bénéficier le PSG en Ligue 1 ou le Real Madrid en Ligue des champions. « C’est toujours pareil avec eux » dit-on bêtement, convaincus que le foot sera toujours sujet au complot et à la corruption.
Parce qu’on s’est habitués à ce genre de scénarios. Ceux qui sourient toujours aux mêmes, à qui il ne peut rien arriver et qui aura toujours le dernier mot. En réalité personne ne pourra jamais le prouver et c’est surtout notre bonne dose de mauvaise foie qui fait le travail. Mais le foot de haut-niveau a ceci d’irrationnel parce que certaines choses ne s’expliquent pas. Et le Racing commence à en faire partie. Commence à entrer dans ce cercle des équipes à qui tout sourit sans que l’on sache pourquoi. Le Strasbourg du début de saison aurait concédé un but à la 18ème minute à Reims, aurait concédé un pénalty dans le temps additionnel à cause de cette bousculade volontaire de Barco, et aurait sûrement perdu à cause de la naïveté de la jeunesse.
Mais ce Strasbourg actuel réussit tout, même quand il est chahuté par le stade, par l’adversaire, par les médias (nationaux surtout) qui s’intéressent de plus en plus à lui et qui pourraient très bien venir perturber sa fin de saison. Il n’en est rien. La plus jeune équipe d’Europe est sûrement aussi la plus paradoxale d’Europe. On se demande comment elle tient toujours debout, comment elle garde ce même niveau d’intensité, ce même niveau d’exigence tactique. On s’attend à tout et on est quand même surpris. Cette équipe nous dupe, nous trompe, nous déconcerte et remet absolument toutes nos idées en place, nos clichés aussi. Elle poursuit sa route dans le plus grand des calmes et agit comme si c’était normal. Alors, faisons de même et abordons ce sprint final avec émotion. De toute façon, on est déjà tous très surpris.