Il s’est présenté à nous durant 6 minutes et 20 secondes. C’était dimanche dernier après Toulouse. Rarement les zones mixtes des joueurs ne durent aussi longtemps. Mais cette fois-ci, il n’était pas seulement question de revenir sur le match, une victoire 2-1 encore acquise par les qualités diverses de l’animation offensive et par la rigueur défensive dans les moments tendus. Il était avant tout question de reprendre des nouvelles d’un joueur qui a passé les sept derniers mois de sa vie dans l’ombre du groupe, à regarder de loin la jeunesse strasbourgeoise charmer la France du foot, alors que les jambes n’y étaient plus, que le coeur non plus, et que la tête se demandait si tout le reste allait revenir.
Ce fut le cas, lors d’une entrée en fin de match empreinte d’émotions et applaudie par une Meinau aussi surprise que ravie de revoir celui qu’elle avait presque oublié. Thomas Delaine nous a parlé de tout, sans gêne ni tabou. De ses difficultés à redevenir un joueur de foot, lâché par son corps capricieux, du rôle tellement grand de son entourage proche pour penser à autre chose, de celui du club qui a tout fait pour le garder mentalement dans de bonnes conditions en le laissant gérer sa rééducation comme il l’entendait, et surtout de son choix de se mettre en retrait du groupe pour ne pas influer négativement dessus.
Au-delà de sa franchise, qui a rappelé combien j’adorais les prises de parole sincères, c’est son courage d’en parler ouvertement que je voulais saluer. On dit toujours quand ça va bien, mais on ne dit jamais quand ça ne va pas. Parler de ses faiblesses est une force, et à l’heure où l’on conseille aux joueurs quoi dire face aux médias, ça l’est encore plus. Un joueur de foot est un homme avant d’être un athlète. On ne sait pas quel rôle aura Thomas Delaine par la suite, mais cet épisode heureux vient ponctuer une fin de saison qui n’en manquait pas, et qu’on attend avec impatience.