En début de saison à Nice (1-1), Kevin Gameiro s’est mué en sauveur, comme si souvent au cours de sa carrière, pour arracher de précieux points dans un match mal embarqué. Après une longue traversée du désert, l’attaquant du Racing a renfilé ce costume à Toulouse (2-2) puis contre Marseille (2-2).
C’est connu, les grands attaquants savent hausser leur niveau de jeu et se montrer décisifs dans les moments les plus cruciaux. Kevin Gameiro fait sans aucun doute partie de cette catégorie de joueurs. De son explosion au FC Lorient (2008-2011) à ses huit années en Espagne auréolées de quatre sacres en Ligue Europa (trois avec le Séville FC et un avec l’Atlético de Madrid) en passant par son titre de champion de France acquis avec le PSG (2013), la carrière de l’international français aux 13 sélections – la dernière remonte à mars 2017 – parle pour lui.
Revenu chez son amour de jeunesse à l’été 2021, là où il a parachevé sa formation et découvert le monde professionnel (2005-2008), l’ex-Parisien a signé un retour triomphant en clôturant l’exercice 2021-2022 par un chouette bilan de 11 réalisations. Avec Ludovic Ajorque (12 buts) et Habib Diallo (11), le natif de Senlis était l’un des atouts majeurs d’un Racing finissant sur la sixième marche du championnat, et comptant la septième meilleure attaque de première division avec 60 buts inscrits à l’issue de la 38e journée.
Le sauveur à Nice
Et comme souvent au cours de sa longue carrière, Gameiro a fait parler son expérience dans des rencontres à l’extérieur souvent fermées, notamment à Montpellier (1-1), Angers (0-1) ou Brest (0-1), en apportant par ses buts de précieux points au club alsacien. A 35 ans, l’expérimenté attaquant semblait être reparti sur les mêmes bases au départ de ce nouveau championnat. Certes, il a démarré sur le banc à Monaco (2-1) avant d’entrer dans les 25 dernières minutes d’un match à oublier, où les errements de la défense strasbourgeoise auront permis au club de la Principauté de se balader pendant plus de 90 minutes.
Mais n’ayant pas pu satisfaire son appétit de buteur lors de la première journée, l’ancien de Valence fait ce qu’il sait faire de mieux, c’est-à-dire se muer en sauveur, dès la semaine suivante où il honore sa première titularisation. Mal embarqués sur la pelouse de Nice, des Strasbourgeois menés 1-0 courent après le score en début de seconde mi-temps. Lancé en profondeur par Adrien Thomasson peu avant l’heure de jeu, il débloque son compteur personnel en Ligue 1 d’un lob – sans contrôle – du pied droit, synonyme d’égalisation face aux Aiglons (1-1).
Un long passage à vide
Des buts précieux comme celui-ci, l’homme aux 257 matches dans l’élite en inscrira d’autres à Toulouse et contre Marseille. Mais avant de revêtir à nouveau cette cape de super-héros, Gameiro fait face à une longue traversée du désert. Pendant pas loin de deux mois, soit sept journées de championnat, il reste en panne devant les cages adverses. Une chose inhabituelle pour celui qui est – à ce jour – le cinquième meilleur buteur du championnat de France toujours en activité.
Pendant que le club alsacien s’enfonce au classement – Strasbourg est avant-dernier à l’issue de la 9e journée – Gameiro et ses partenaires ne plantent que sept petits buts en neuf rencontres, faisant d’eux la 19e attaque de première division. Et en l’absence de Ludovic Ajorque, Lebo Mothiba ou Adrien Thomasson, seul Habib Diallo et ses quatre réalisations sauve les meubles d’un secteur offensif strasbourgeois en manque cruel d’inspiration et surtout d’efficacité.
Certes, c’est bien Kevin Gameiro qui provoque le pénalty transformé par le Sénégalais contre des Rennais déjà loin devant lors de cette 9e journée (1-3), mais c’est trop peu pour le buteur français en-deçà de ses standards habituels. On peut toutefois y voir les prémices de son réveil puisque le week-end suivant, à Angers (2-3), il lance les siens vers leur premier succès de la saison en Ligue 1, dans les dix premières minutes de jeu, d’une superbe volée du pied gauche.
Deux buts héroïques
Passé la gifle reçue contre Lille (0-3) à la Meinau le 14 octobre dernier, Kevin Gameiro ravive la flamme à Toulouse (2-2) en transformant – en deux temps – le pénalty de l’égalisation à quinze minutes du terme, avant d’arracher un nouveau nul inespéré en faisant parler son instinct de buteur contre Marseille (2-2) dans les ultimes secondes de jeu.
Devant une Meinau prête à exploser, le droitier « ne se pose pas de question » et expédie de son mauvais pied le ballon – légèrement dévié par le dos du défenseur marseillais Kaboré – dans la lucarne opposée du portier olympien.
Avec cinq points pris sur les quatre dernières journées, le Racing, pointant toujours à une dangereuse 17e place, peut remercier son avant-centre retrouvé qui, à deux journées (Ajaccio, Lorient) de la coupure internationale liée à la Coupe du monde, tentera de donner un peu d’air au classement à des Strasbourgeois en quête de sérénité.
Pour cela, il pourra très certainement compter sur les retours en forme d’Ajorque, entré contre Marseille, et Lebo Mothiba, décisif lors deux dernières rencontres.