Depuis le lundi 3 juillet, le football a repris ses droits sur les bords de Krimmeri. À peine le temps de rencontrer leur nouveau coach – à savoir Patrick Vieira qui s’est engagé pour trois saisons au Racing – que les Bleus ont déjà remis le pied à l’étriller dans le vacarme des travaux de rénovation de la Meinau qui battent leur plein.
Sans les expérimentés internationaux qui ont été appelés en sélection au mois de juin et qui feront leur retour au compte-goutte – Matz Sels, Eduard Sobol, Sanjin Prcic ou Habib Diallo, bénéficiant lui d’un bon de sortie – de nombreux jeunes, comme Tom Saettel (18 ans) ou Nolan Ferro (17 ans), sont venus renforcer l’équipe première ainsi que des garçons en retour de prêt, dont Marvin Senaya (22 ans), Moïse Sahi (21 ans) ou Maxime Bastian (22 ans) pour ne citer qu’eux.
Au milieu de ces jeunes pousses, Frédéric Guilbert, 28 ans, fait désormais figure de cadre au sein d’un effectif strasbourgeois rajeuni. “J’ai discuté avec le coach (Patrick Vieira). Il a envie que j’aide les jeunes dans le vestiaire. J’essaie de faire du mieux que je peux aux entraînements. Pour moi, c’est assez naturel car j’aime discuter avec tout le monde. J’aime tirer les gens vers le haut, je suis content de ce nouveau rôle !”, se satisfait le natif de Valognes.
Après cinq premières séances élaborées par coach Vieira et son staff, le latéral droit strasbourgeois, dont le contrat court jusqu’en juin 2026, a accepté de faire le point avec nous. “Pour l’instant, tout se passe bien. Le coach est ouvert à la discussion. Dans le management, il est très bien. Après, ça ne fait qu’une semaine. Ce que je peux dire, c’est qu’on prend du plaisir même si on souffre un peu », confie-t-il, le sourire aux lèvres, avant d’en dire davantage sur l’illustre champion du monde 1998.
« Il a l’air d’être un super mec »
“On sent surtout qu’il a une expérience à l’étranger (Vieira a été l’entraîneur principal de Crystal Palace entre juillet 2021 et mars 2023, NDLR). Lors des petits jeux que l’on fait à l’entraînement, les petites fautes ne sont pas sifflées. Il laisse jouer en permanence. Le rythme qu’il impose à l’entraînement me fait également penser à l’Angleterre. C’est plaisant, mais on n’a pas encore des mois ou des années de recul sur son coaching”, ajoute-t-il.
Sur les hommes qui entourent “Pat” Vieira, Guilbert poursuit. “Son adjoint, Kristian (Wilson), est très dynamique. Il respire la joie de vivre et a l’air d’être un super mec. Je n’ai pas eu le temps d’échanger avec Paul Nevin (l’adjoint numéro un de Vieira, NDLR). En revanche, Mathieu Le Scornet, qui est de retour, on connaît ses qualités en tant qu’adjoint. On est ravi qu’il soit avec nous.”
Désormais bien dans ses crampons, “Fred” Guilbert – revenu officiellement à Strasbourg en janvier 2023 après un prêt en deux temps de janvier 2021 à juin 2022 en Alsace – vit, pour la première fois depuis longtemps, un été tranquille.
“C’est vrai que depuis quatre ou cinq saisons, chaque été, je ne savais pas exactement à quoi m’attendre. Mon avenir était à chaque fois incertain. Cela me fait du bien de pouvoir réellement souffler. Je peux enfin me reposer sans cette pression constante, et ne pas déménager encore une fois”, explique, soulagé, celui qui a été libéré par Aston Villa, au début d’année 2023, où il était devenu indésirable durant de longs mois.
Tranquille, Guilbert l’est malgré la concurrence qu’il estime “saine” au poste de défenseur droit où Senaya, de retour après une saison pleine à Rodez en Ligue 2, et Karol Fila – rongé par les blessures et prêté sans option d’achat à Zulte-Waregem en première division belge lors de la seconde moitié du dernier championnat – veulent forcément eux aussi taper à la porte de Vieira. Tout en sachant que le mercato, dans le sens des départs comme des arrivées, pourrait être agité dans ce secteur du jeu.
“Au niveau de la concurrence, ce qui est clair, c’est que je veux jouer tous les matches. Je vais tout faire pour. Les autres joueurs à mon poste sont, je l’imagine, dans le même état d’esprit. Mais, il n’y a aucune méchanceté ou jalousie. C’est une concurrence saine ici”, considère l’ex-Caennais qui est, durant ses vacances, “parti à Faro au Portugal pour y faire un camp d’entraînement afin d’être prêt dès la reprise”.
« On a confiance en notre président »
Loin des agitations liées à la vente du club au consortium d’investisseurs américains, BlueCo, et à la nomination du technicien français de 47 ans.
« J’ai quand même suivi tout ça avec attention car l’avenir des joueurs, dont le mien, était aussi en jeu. Le président a vendu le club. Je pense qu’il l’a fait en connaissance de cause et en prenant soin de ne pas faire de bêtise. On a confiance en notre président car oui, malgré la vente, c’est toujours lui qui est aux commandes.”
Malgré de nouveaux moyens financiers devant permettre de « franchir un cap », pour reprendre les mots de M.Keller, Guilbert se veut prudent quant aux ambitions à afficher dès la prochaine saison.
“Il est difficile de se projeter. On ne sait pas qui va arriver et qui va partir dans les prochaines semaines. On a perdu de bons joueurs, dont Dimitri Liénard qui était plus qu’important dans le vestiaire. On verra bien ce qu’il va se passer, il faut laisser le mercato se dérouler. Mais ce n’est pas parce que le club a plus d’argent que c’est gage de réussite. Il va falloir mettre les ingrédients de notre côté”, argumente-t-il avant de glisser quelques mots au sujet de l’emblématique capitaine de Strasbourg parti poursuivre sa passion à Bastia en Ligue 2.
« Dim sait déjà tout ce que je pense de lui. Il a fait une magnifique carrière au Racing. J’espère qu’il ne va pas être plus fou qu’il ne l’est déjà en allant à Bastia. En tout cas, il n’a pas changé de couleur de maillot (rires) ! Fidèle à lui-même jusqu’au bout. »
Après « une dernière saison particulièrement difficile d’un point de vue individuel et collectif” où “l’objectif a été atteint en fin de saison grâce aux trois derniers mois qui ont été de très bonne facture”, le défenseur, dont le parcours a été semé d’embûche au cours des dernières années, sait plus que quiconque qu’il ne faut pas tirer de plans sur la comète dans le football.
Son expérience et la confiance que semble lui accorder Vieira, voulant visiblement en faire l’un de ses hommes forts, le souriant Guilbert, accompagné de son fidèle ami Lucas Perrin au moment de nous rejoindre, va devoir la mettre au service d’un collectif jeune et probablement bouleversé en profondeur durant ce mercato estival.