Dans la matinée de jeudi, les Strasbourgeois ont achevé leur deuxième séance de la semaine par un travail appuyé sur les coups de pied arrêtés. Côté gauche du terrain : Thomas Delaine s’applique pour trouver les têtes des grands Emanuel Emegha, Lucas Perrin et Ibrahima Sissoko. « Dans le football moderne, les coups de pied arrêtés sont très importants.Offensivement, on dispose de gabarits imposants qui peuvent nous permettre d’être décisifs. Il faut être minutieux dans ce domaine », juge le latéral gauche.
Son corner décisif contre Le Havre
Un exercice qui a coûté un but aux Bleus dimanche après-midi face au promu havrais (succès 2-1) – l’ex-Strasbourgeois Yoann Salmier étant à la conclusion d’un coup franc en tout début de seconde période -, mais qui a surtout permis de faire chavirer la Meinau sur un coup de boule magistral d’Abakar Sylla à la 97e minute de jeu. Sur le gong, l’international ivoirien a repris un corner idéalement tiré par Delaine. « J’ai d’abord vu que le ballon sortait de mon côté et que c’était donc à moi de jouer ce corner. J’étais assez fatigué mais j’ai essayé de bien relâcher et de bien respirer avant de le tirer pour être le plus lucide possible, se remémore le passeur décisif. Je savais que c’était notre dernière chance dans ce match. Il fallait que je m’applique. Tant mieux pour l’équipe puisque ça nous a permis de prendre les trois points avec cette belle tête d’Abakar (Sylla). » Sur huit matchs sans victoire, le Racing ne s’était plus imposé dans son antre depuis le 27 août contre Toulouse (2-0). « Ce but en toute fin de match valide nos efforts au cours des précédentes journées plutôt compliquées. Ça fait du bien de voir le public de la Meinau exploser de joie ! Gagner un match à la dernière seconde : ça ajoute toujours un brin de folie », se réjouit le natif de Lens qui, à titre personnel, sort de plusieurs semaines perturbées.
Ses dernières semaines perturbées
Titularisé dans le couloir gauche lors des dix premiers matchs de championnat, le trentenaire a dû faire l’impasse sur la réception de Clermont (0-0) au début du mois de novembre pour une gêne au mollet. De retour après la trêve internationale, il termine à bout de force contre l’OM (1-1), avant de rester sur le banc lors de la défaite à Reims (2-1) en raison d’une petite tension à un muscle fessier… À Brest (1-1), Thomas Delaine n’entre qu’en toute fin de partie pour suppléer Marvin Senaya. « Je me sentais fatigué au cours des dernières semaines, ce qui a entraîné des douleurs. J’en ai parlé avec le coach. J’avais besoin de souffler un peu et de récupérer. »
Rongé par les pépins physiques lors de sa première saison sur les bords de Krimmeri, Thomas Delaine a su tirer les bons enseignements. « Dans une saison, il y a toujours des hauts et des bas. Cette année, je fais très attention aux signaux que m’envoie mon corps. J’ai appris de cette saison compliquée où, parfois, je forçais un peu trop. Je suis vraiment à l’écoute de mon corps, peut-être même un peu trop par moments, confie-t-il. L’équipe médicale joue aussi un rôle très important dans ma capacité à pouvoir enchaîner les matchs cette saison. Il y a un lien de confiance avec eux. J’essaie de rater un minimum d’entraînements car c’est primordial d’enchaîner pour éviter les blessures. Mais quand il est nécessaire : on se met d’accord avec le staff pour manquer une séance ou quelques exercices. En fait, c’est un travail d’équipe », ajoute l’ex-Messin.
À 31 ans, celui qui vit « au jour le jour » préfère s’attarder sur le positif. « Ce corner m’a remis en confiance. Mais ce que je retiens surtout : c’est cette joie collective avec le public. Entre les joueurs, on sent qu’il y a un bel état d’esprit. Les remplaçants ont couru sur la pelouse, le staff a exulté. Je pense que ce sont des signes qui ne trompent pas. C’est vachement positif pour la suite de la saison. »
Sa forme actuelle
Et comment se sent-il physiquement à trois jours du dernier déplacement de l’année à Lorient (dimanche, 15h) ? « Pour le moment, ça va. J’arrive à enchaîner les courses et à reproduire des efforts à haute intensité. Il y a toujours des petites douleurs, mais ça fait partie du quotidien d’un footballeur. Il faut faire le maximum, chaque semaine, pour en avoir le moins possible à l’approche du match. Avec l’expérience, je sais qu’être vraiment à 100% le jour du match, c’est presque impossible. » D’autant plus au si exigeant poste de latéral où, dans un système Vieira basé sur la transition, il doit constamment multiplier les allers-retours. « Enchaîner les courses dans mon couloir et faire le repli défensif en permanence : cela demande beaucoup d’énergie ! Mais c’est le football actuel qui veut cela et c’est quelque chose que j’aime, dit Delaine. C’est contraignant pour le corps, oui, mais ça fait partie de ce poste. Je ne me vois pas me repositionner à un autre poste. Le jour où je n’arriverai plus à enchaîner ces courses à haute intensité : j’arrêterai le football », conclut-il.