Le retour d’Ibrahima Sissoko dans le onze strasbourgeois coïncide avec le début de la série d’invincibilité du Racing. Titularisé à seulement deux reprises lors des 13 premiers matchs de championnat, le surnommé “Ibou” est réapparu à Brest (1-1) au début du mois de décembre. Contre son ancien club, le milieu strasbourgeois (26 ans) s’est rapidement montré précieux dans la récupération du ballon et dans l’impact physique. Puis, lors des trois succès consécutifs menant à la trêve hivernale – face au Havre, à Lorient et contre Lille -, il a poursuivi sa montée en puissance en réalisant, match après match, un important travail de sape dans l’entrejeu. Associé à Junior Mwanga – un joueur qu’il apprend de mieux en mieux à connaître – dans un schéma en 4-2-3-1, le Franco-Malien a comme consigne de systématiquement rester plus bas en couverture. Après avoir démarré 2024 par deux passes décisives face aux amateurs d’Avoine-Chinon (National 2) en 32es de Coupe de France, le grand “Ibou” est descendu d’un cran, derrière Junior Mwanga et Habib Diarra, dans le changement de schéma en 4-3-3 concocté par l’ex-milieu d’Arsenal – dont il prend volontiers tous les conseils – lors de la reprise de la L1 au Vélodrome de Marseille. En position reculée sur le rectangle vert, Ibrahima Sissoko s’est appliqué pour continuer à faire ce qu’il fait si bien depuis maintenant six rencontres : gratter beaucoup de ballons, mettre de l’intensité et apporter de la stabilité en posant le jeu. Pour Direct Racing, le néo-international malien, forcément déçu de ne pas avoir été convoqué avec les Aigles pour la Coupe d’Afrique des Nations, a accepté d’évoquer la bonne dynamique du club strasbourgeois, dont il n’est pas étranger, et de parler de son rôle dans le système mis en place par coach Vieira et son staff.
Comment te sens-tu après six titularisations de suite ? N’est-ce pas trop difficile physiquement pour toi qui avais un maigre temps de jeu en début de saison ?
Non car je m’étais préparé à jouer. Même quand j’avais moins de temps de jeu au début du championnat, je m’entraînais sérieusement chaque jour. Je restais prêt pour répondre présent quand le coach allait faire appel à moi. A mon poste, en tant que milieu juste devant la défense, je ne peux pas faire semblant dans les efforts que je produis. Je dois travailler chaque jour pour être en forme. Maintenant que j’enchaîne les matchs : c’est à moi de tenir ce rythme.
Le Racing Strasbourg n’a plus connu la défaite depuis six rencontres, Coupe comprise. D’ailleurs, cela coïncide avec ton retour dans le onze…
C’est flatteur, certes, mais c’est toute l’équipe qui s’est remobilisée. Depuis ce match à Brest, on réussit à bien enchaîner. Maintenant, il ne faut pas baisser cette intensité. Il faut encore progresser pour poursuivre cette série.
Avant le match face au Havre (succès 2-1), le Racing Strasbourg restait sur huit rencontres sans succès. Pourtant, tu nous avais confié être confiant pour la suite des événements…
Je voyais à l’entraînement que le groupe s’entraînait très bien et avait un gros potentiel. Il y avait l’intensité et les efforts qu’il fallait pour faire de bons résultats le week-end. Il n’y a pas de secret dans le football : bien travailler la semaine, ça permet de faire de bons résultats en compétition. En début de saison, on travaillait bien mais il n’y avait pas les résultats : c’est vrai. Cela a pris du temps car il fallait que les choses se mettent progressivement en place.
Qu’est-ce que tu apportes au sein de cette équipe ? Et plus particulièrement au milieu de terrain…
J’essaie d’apporter de la stabilité. Je veux faire le lien entre la défense et l’attaque. J’évolue un peu plus bas sur le terrain par rapport aux autres milieux qui m’accompagnent. Le coach me demande de rester dans l’axe et de surveiller devant la défense. Je dois verrouiller cette zone du terrain en coupant les contre-attaques et en aidant mes défenseurs centraux. Je dois aussi apporter de la fluidité dans notre jeu. J’essaie de mettre en place tout ce que le staff me demande. Je pense que je peux faire encore mieux avec et sans le ballon.
Être dirigé par l’ex-Gunner Patrick Vieira, une véritable référence au poste de milieu récupérateur, c’est forcément bénéfique pour toi…
Je suis très content de recevoir tous ses conseils. J’essaie de mettre en place tout ce qu’il me dit. Avoir un ancien très grand joueur comme coach : ça pèse forcément dans la balance pour progresser.
Avec Junior Mwanga, les automatismes ont l’air de se développer match après match. Comment juges-tu votre complémentarité au fil des semaines ?
Nous sommes de plus en plus complémentaires. A force de communiquer et de travailler ensemble au quotidien, mais aussi en enchaînant et en gagnant des matchs, cela nous permet d’être meilleurs tous les deux. Petit à petit, on apprend à mieux se connaître. C’est le cas avec Junior, mais aussi avec tous les autres milieux de terrain. Car le coach peut faire des choix différents, donc, il faut développer des automatismes avec tout le monde.
En quoi ton rôle au milieu est-il différent de celui de Junior Mwanga ?
On ne peut pas être tous les deux très haut sur le terrain. Il faut garder un équilibre. S’il monte, je surveille derrière. A l’inverse : je peux monter et il peut rester un peu plus bas. Ce n’est pas un souci. Depuis plusieurs matchs, c’est plutôt lui qui joue un peu plus haut. Ce sont les consignes du coach et ça ne me dérange pas. Même si je me plais dans mon rôle de sentinelle, j’aimerais participer davantage au jeu offensif.
Contre l’OM (1-1), le schéma en 4-2-3-1 a été délaissé pour un système en 4-3-3 où vous étiez accompagnés par Habib Diarra. Qu’est-ce que cela change ?
Marseille évoluait avec seulement deux vrais milieux de terrain. Nous étions trois. Cela nous a permis d’avoir une supériorité numérique dans cette zone si importante du terrain. Quand on joue à trois au milieu, il y a en permanence un joueur libre à qui on peut donner le ballon. C’est un avantage sur l’adversaire pour garder un équilibre. Contre l’OM, j’occupais le poste de sentinelle. Les deux autres milieux étaient plus haut sur le terrain. Mais, avant la trêve, on jouait dans un 4-2-3-1 avec deux sentinelles et un milieu offensif (Kévin Gameiro, ndlr) juste derrière l’attaquant. Dans ce cas précis, le coach demande aux deux milieux d’être un cran plus haut sur le terrain. En fait : il faut juste savoir s’adapter aux systèmes mis en place. Dans le milieu à trois, c’est moi qui occupe le poste le plus reculé. C’est ce que le coach décide. Il trouve que cela fonctionne plutôt bien depuis plusieurs matchs. A moi de continuer à être performant...
Qu’est-ce qu’il reste encore à peaufiner au milieu de terrain ?
Match après match, on essaie de débloquer de nouvelles choses au milieu de terrain. Maintenant, on essaie de garder davantage le ballon en ayant plus de phases de possession. L’objectif, c’est de réussir à faire courir l’adversaire encore un peu plus.
Pour finir, un petit mot sur ta non-sélection avec le Mali à la Coupe d’Afrique des Nations alors que tu avais récemment fait tes premiers pas chez les Aigles…
J’ai été un peu déçu. Mais je me suis rapidement dit que ce n’était pas grave. Je suis leur supporter numéro un. Je vais me concentrer sur le club et sur ce que l’on fait de bien en ce moment. Je vais de l’avant pour être sélectionné lors des prochains rassemblements, si je suis toujours bon en club.