Défaits à la surprise générale contre la Suisse lors de la séance de tirs au but, les Bleus rentrent prématurément à la maison et ce dès les huitièmes de finale de la compétition. Une élimination qui soulève plusieurs questions sur l’éventuel état d’esprit de certains membres de l’effectif ainsi que sur tout le battage médiatique autour de l’équipe de France.
Benzema, M’Bappé, Griezmann, Coman, etc. L’Europe entière enviait l’attaque française avec notamment le retour de Karim Benzema cinq ans après sa dernière sélection sous le maillot bleu. Placés dans un groupe plus que relevé, les hommes de Didier Deschamps parviennent tout de même à se hisser à la première place du groupe après une victoire poussive 0-1 contre l’Allemagne et deux matches nuls contre la Hongrie (1-1) et le Portugal (2-2). Une place de leader qui offrait aux Français l’opportunité d’affronter un adversaire plus « abordable » en huitième de finale.
Un emballement très peu mesuré
À l’annonce de l’adversaire des coéquipiers d’Hugo Lloris, nombreux sont ceux à s’être réjouis. Il est vrai que la Suisse faisait figure d’équipe parfaite pour se qualifier en quarts. Sortis difficilement du groupe A, les Suisses n’étaient pas l’équipe la plus en forme du tournoi. Avec la qualité de l’effectif de l’équipe de France, il était inconcevable pour bon nombre d’observateurs et supporters d’envisager autre chose que la qualification. Le match ne devait être qu’une formalité et les Bleus ne pouvaient que « manger les petits suisses » si l’on se fie aux nombreux messages postés un peu partout sur la toile. Et pourtant…
Trop beaux, trop hauts, trop vite ?
La qualité de l’effectif français est indéniable. Champions du monde en titre, il est normal que les Bleus affichent l’étiquette de grands favoris de la compétition. Faut-il pour autant aborder les matchs avec légèreté ? Si sur la première période de France – Suisse le plan tactique de Didier Deschamps est à remettre en cause, qu’en est-il après le but du 3-1 ? À la 75e minute, Paul Pogba crucifie les Suisses d’une magnifique frappe en pleine lucarne. Le milieu de Manchester United célèbre son but par une danse dont il a le secret, une danse bien longue et surtout inutile qui donne l’impression à l’équipe suisse d’être complètement narguée.
Avec deux buts d’avance et seulement 15 minutes restantes dans le temps réglementaire, les Bleus ne se sont-ils pas vus qualifiés un peu trop vite ? Xhaka, le capitaine suisse a eu également l’impression « qu’à 3-1 la France pensait que c’était terminé ». Si Deschamps est fautif sur l’aspect tactique, ce n’est pas le sélectionneur qui est présent sur le terrain après le 3-1. Plus inquiétant, en dehors de la période entre la 60e et 75e minute, les Français montrent un visage plus que stérile, semblant ne jamais maîtriser leur sujet. Se pensant à l’abri, les Bleus ont sans doute levé le pied face une équipe suisse gonflée à bloc et prête à tout pour aller au bout.
Les Bleus punis
Seferovic à la 81e puis Gavranovic à la 90e viennent doucher les Bleus et climatiser l’ambiance du stade de Bucarest. Si la France a plusieurs balles de buts dans les prolongations, les Suisses tiennent bon et parviennent à arracher la séance de tirs au but. Une séance au dénouement bien connu. Les quatre buts de Benzema dans la compétition n’auront rien changé. Plusieurs cadres sont passés à côté de cet Euro pourtant jugé très abordable pour les Bleus. Malgré soi-disant « la meilleure attaque du monde » présente sur la pelouse, les Bleus ont été bien loin d’afficher un visage comme celui de la Coupe du monde 2018.
Il est clair que cette élimination rapide est un coup derrière la tête. Comme contre la Hongrie (que beaucoup voyaient sombrer dans ce groupe de la mort), les hommes de Didier Deschamps se sont heurtés à une équipe suisse solidaire, jouant avec le coeur et surtout sans aucune peur. Au-delà de la défaite, c’est une leçon d’humilité qu’ont enseignés les coéquipiers de Shaqiri à Paul Pogba et les siens.