Alors même que le Racing s’apprête à affronter Bourg-en-Bresse demain soir, la tension monte du côté des supportrices de plus en plus nombreuses à soutenir le RC Strasbourg ! D’ailleurs, le club réitère à l’occasion de cet ultime match son opération « J’peux pas, j’ai Racing ! » #FemmesDeFoot. Ainsi, dans les tribunes et les allées du stade, les femmes découvriront maintes animations originales comme, par exemple, un terrain de beach soccer, et surtout un quart de virage exclusivement réservé à la gent féminine. Les « Ladies » envahissent de plus en plus la Meinau : Qui sont-elles ? Quelles sont leur motivation ? Comment ces spectatrices sont devenues des fans inconditionnels ? Force est de constater que c’est le jeu et l’atmosphère qui leur plaisent avant tout !
Quelle utopie d’appeler Marie-Rose un soir de match ! « Mamie Rose », dont nous trairons l’âge, a déjà pris place à la Meinau et reste totalement injoignable le temps d’une chaleureuse parenthèse strasbourgeoise entre copines. «C’est l’occasion d’être ensemble ! », souligne cette rayonnante supportrice au sempiternel sourire entourée de Nathalie et Aurore comme à chaque match. Marie-Rose s’assume et reste toujours stoïque face à certaines remarques machistes qui se raréfient toutefois : Les femmes en cuisine, les hommes au stade ! Elle leur sort alors sa meilleure arme : un simple sourire. Le meilleur des tacles ! Celle qui est tombée amoureuse du football quand Strasbourg brillait comme champion de France en 1979 ne s’est jamais éloignée de la Meinau où elle s’est fait une place à part, connue et reconnue de tous.
Pour Caroline également la passion pour le Racing remonte à plusieurs décennies : «Je suis supportrice du Racing depuis l’époque où Marc Keller et Franck Leboeuf évoluaient encore sur le terrain. Je devais avoir 13-14 ans.», relate-t-elle. Passionnée de ballon rond depuis « toute petite » par le biais de son grand-père qui a été successivement joueur puis arbitre, Caroline aime la Meinau pour de multiples raisons : l’effort physique de l’équipe, le partage et le fait de vibrer tous ensemble en faisant abstraction du seul bémol dans le foot selon elle, l’argent.
Tout comme Caroline, « C’est mon grand-père qui m’a fait découvrir la Meinau et le Racing Club de Strasbourg voilà 20 ans. J’ai également vécu mon premier déplacement contre Sochaux grâce à lui ! » Dans les travées de la Meinau, Mélanie, 28 ans et ancienne responsable du Kop Ciel et Blanc, s’installe avec ses amis en tribune ouest. C’est avec beaucoup de tendresse qu’elle se souvient : « Petite, j’étais fascinée par les drapeaux et l’ambiance qui régnait dans le Kop. Toutes ces personnes s’agitaient et chantaient à l’unisson. A l’époque, j’avais demandé à mon grand-père d’aller dans le Kop. C’est ce qu’il a faitÂ… et je ne l’ai plus jamais quitté ce fameux KopÂ… » Ballon au pied, cette passion pour le football, au-delà de la vivre pleinement à la Meinau, Mélanie la vit également sur le terrain. Chaque semaine, qu’il pleuve ou qu’il neige, cet ailier à l’US Saessolsheim enfile ses crampons. La jeune maman aime le football qu’elle a débuté à 6 ans et fait ainsi partie des 107 000 pratiquantes de la FFF. Elle constate non sans un certain plaisir que « le football féminin français commence à s’imposer dans l’empire du ballon rond. ». Pour elle, la Meinau représente surtout une grande et belle famille de personnes animées d’une passion commune. Mélanie est la preuve qu’il est possible d’être une femme et adorer la compétition, le beau jeu et la technique du football sans pour autant penser que l’unique motivation reste l’attrait des joueurs !
Certes, « la starification des joueurs contribue inévitablement à attirer un certain public féminin », explique Cécile, 38 ans. « Malgré tout, il faut reconnaître que les stéréotypes liés au sexe du genre -football pour les garçons et danse pour les filles- s’amenuisent depuis quelques années. » Cette bénévole dans un club bas-rhinois depuis plus de 15 ans parmi les 400 000 français n’est pas une novice. « Issue d’une famille de footeux et en bonne alsacienne pure souche, le Racing reste mon club de cÂœur, celui qui m’a fait découvrir l’ambiance des grands stades. J’avais envie, forte de la ferveur commune avec Nicolas, mon mari, de faire découvrir cette atmosphère unique à nos enfants. Et c’est devenu notre sortie familiale !», complète cette maman d’Antonin, 13 ans, et Bérénice, 9 ans. A l’instar d’autres femmes, la Meinau permet, au-delà de regarder un match de football, de vivre un moment collectif riche autour d’une même passion. Le vecteur social du football demeure indéniable.
D’ailleurs, Bérénice, très loin d’être un garçon manqué du haut de ses 9 ans dont 3 en tant qu’abonnée, affectionne tout particulièrement les discussions sur les joueurs strasbourgeois dans la cour de l’école avec William, Macéo et Colin. « Mes préférés restent Dimitri et Baptiste », reconnaît-elle non sans une once de fierté, des étoiles plein les yeux. Et elle rajoute fièrement : « J’avoue que c’est assez drôle d’être la seule fille dans la cour à connaître les joueurs et les chants du Kop par cÂœur. » Les copains de classe affichent même une certaine curiosité devant cette fille qui ne feint pas d’être une véritable fan du Racing. A la Meinau, elle arbore à chaque match le maillot que Milovan Sikimic lui avait offert. Vendredi soir, elle aura une pensée particulière pour lui qui aura été un des bâtisseurs de la « remontée » du Racing Club de Strasbourg.
Le visage d’Edith s’illumine à la simple remémoration de souvenirs d’antan : «J’ai toujours apprécié les ambiances des stades de foot. Il fut un temps où j’allais très souvent à la Meinau. Le fait de connaître un joueur apporte, il est vrai, une motivation unique supplémentaire. » En effet, cette jeune femme connaît personnellement l’ancien racingman Fabrice Ehret. D’ailleurs, elle partage avec lui le même patronyme : « Je n’ai jamais fait de recherches approfondies mais nos parents sont natifs de la Vallée de la Doller. Je pense qu’il doit y avoir un lien de parenté, même éloigné ». Nostalgique, elle se souvient des matchs et des « repas d’après-match avec les joueurs ». Malgré les aléas de la vie qui l’ont quelque peu éloigné du berceau des strasbourgeois, cette Haut-Rhinoise s’attend à vivre, vendredi soir, un match « des grands soirs au sein des supporters fiers du travail accompli par cette équipe, fiers de retrouver un club alsacien en Ligue 1. » Du moins, Edith espère le finish idéalÂ…
Le vÂœu d’Edith est également celui de Delphine, 22 ans. Elle a découvert le Racing il y a 4 ans en « venant tout simplement un soir à la Meinau avec une bande de copains». La magie qui règne au sein de cet antre a immédiatement séduit la jeune supportrice : « L’ambiance, la pression, le stress, le suspens, tout me plaît depuis le premier match », renchérit-elle non sans un large sourire. C’est ainsi que, depuis cette mémorable première expérience, elle s’est abonnée tous les ans afin de partager « les frissons, les rires et les pleurs même » avec ses amis. D’ailleurs, elle rêve secrètement de pouvoir pleurer vendredi soirÂ… de joie, bien évidemment.
Le supportérisme féminin a un bel avenir du côté de la Meinau ! Conscientes qu’une victoire vendredi ouvrirait les portes de la Ligue 1 aux Racingmen, ces femmes restent pourtant plus pragmatiques que leurs homologues masculins quant à une hypothétique montée. Cela représenterait certes la « cerise sur le gâteau mais rester en ligue 2 ne serait pas dramatique. La fidélisation pour la saison prochaine, soit en Ligue 1 soit en Ligue 2, ne sera en aucun cas détériorée » D’ailleurs, Caroline a déjà prévenu sa famille : « Je n’ai qu’une seule demande pour mon anniversaire : l’abonnement dans le Mur Bleu pour la saison prochaine. » A bon entendeurÂ… »