Grand vainqueur de l’appel d’offres pour les droits TV de la Ligue 1, Mediapro soulève de nombreuses questions dans le pays. LesEchos.fr tente de faire un point complet sur ce groupe qui a tout raflé et qui a fait tout perdre au groupe CANAL+
- A l’annonce des résultats, la surprise était visible sur tous les visages. Et dans tous les commentaires. Contre toute attente, les droits télévisés de la Ligue 1 de football ont échappé ce mardi à Canal +, qui n’a obtenu aucun match, et en partie à Bein Sport, qui n’a su en conserver que quelques-uns. La majorité des droits pour la période 2020-2024 est revenue à Mediapro. Le groupe espagnol a remporté trois des lots attribués, qui correspondent notamment aux 10 plus belles affiches de la saison et à l’affiche du dimanche à 21 heures. Il s’est par ailleurs engagé à créer d’ici deux ans une chaîne dédiée au football dans l’Hexagone. Mais qui est ce nouveau venu qui dynamite le paysage audiovisuel français ?
- L’échec des droits italiens : Le groupe a acheté en début d’année les droits télévisés du « Calcio », le championnat italien, contre un chèque d’un peu plus d’un milliard d’euros. Le contrat couvrant les saisons de 2018 à 2021 a été cependant annulé il y a quelques jours, le groupe espagnol ne pouvant pas verser la garantie bancaire. Désormais Canal + n’a plus qu’à espérer qu’un imbroglio du même type rebatte les cartes pour le championnat français.
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Détenteur des droits espagnols : L’espagnol a été fondé en 1994. Depuis Barcelone, où se trouve son siège social, le groupe qui vient d’être racheté pour un milliard d’euros par le chinois Orient Hontai Capital, gère des activités dans le cinéma, la production et les droits télévisés, notamment liés au football. La société est le diffuseur historique de la « Liga », le championnat espagnol, l’un des plus prestigieux au monde, où l’on retrouve notamment le FC Barcelone et le Real Madrid de Zinédine Zidane, qui vient de remporter pour la troisième fois consécutive la Ligue de Champions. Mediapro s’est servi de son implantation nationale pour partir récemment à l’attaque d’autres championnats européens.
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Sous-licences ?
De source proche du dossier, certains diffuseurs traditionnels envisagent des accords de sous-licences avec les détenteurs majoritaires des droits pour récupérer au moins en partie certains lots. Didier Quillot a d’ailleurs précisé mardi que « Mediapro peut sous-licencier ou pas, c’est à sa discrétion car c’était prévu dans l’appel d’offres ». Cependant, « ce qui nous a été remis de la part de Mediapro, c’est le projet d’une chaîne éditoriale avec de nombreux matches et c’est pourquoi ils ont fait des offres sur de nombreux lots ». Directeur du développement économique de la LFP, Mathieu Ficot a précisé que « si un attributaire des droits souhaite sous-licencier, il ne peut le faire qu’à un seul sous-licencié, pour deux saisons minimum et sous-licencier le lot dans son entièreté ». Suffisant, selon la LFP, pour éviter les turpitudes du championnat italien.Clubs ravis
Les présidents de clubs se sont en tout cas félicités de cette manne nouvelle. « C’est une façon pour le foot français de rattraper une partie de son retard, s’est réjoui le président de Marseille, Jacques-Henri Eyraud. Les efforts qui sont faits par les nouveaux propriétaires et les investisseurs sont récompensés. » « On va pouvoir se renforcer, se doter d’infrastructures pour ceux qui ne l’ont pas fait, prendre peut-être un peu plus de risques sur la partie joueurs et sur la partie centre de formation », a de son côté expliqué Jean-Michel Aulas.