Pour certains, le foot est un loisir, pour d’autres une passion parfois même une vraie religion. En Alsace le Racing Club de Strasbourg provoque une telle ferveur qu’il peut en effet être considéré comme tel, une vraie religion, avec son peuple de fidèles, son édifice et son guide,Â… Marc Keller ! Le patron de l’institution revenu aux affaires lors des années sombres dirige son club d’une main de fer, dans un gant de velour.
Marco de Balgau
C’est à Balgau, petite commune de 1000 habitants tout juste qu’est né Marc Keller. Fils de maraichers il fera ses classes aux SR Colmar puis s’en ira du côté du FC Mulhouse pour y signer son premier contrat professionnel. Il va y rester 4 saisons, trois en D2 et une en D1. Attaquant polyvalent il peut évoluer sur plusieurs postes de l’attaque et tape dans l’Âœil de l’entraineur de l’époque du racing, Gilbert Gress. Marc Keller rejoint Strasbourg en 1991. Il va y rester durant 5 saisons, devenant l’un des chouchous du stade de la Meinau. 149 matchs et 35 buts plus tard il quitte l’Alsace pour tenter l’aventure outre Rhin, à Karlsruhe, où il restera deux saisons. Il finira sa carrière de joueur en Angleterre, deux saisons à West Ham puis deux courts passages à Portsmouth et aux Blackburn Rovers. Carrière ponctuée de six apparitions en équipe de France, demeurant à ce jour le dernier joueur évoluant au racing à porter le maillot des bleus. Mais celui qu’on surnommait parfois « l’intello du foot » en raison des diplômes obtenus lors de sa carrière de footballeur, licence de sciences économiques entre autres, va désormais démarrer une nouvelle carrièreÂ…car quand la majorité de ses collègues rentraient chez eux, Marc Keller construisait sa future carrière. Grand bien lui a pris !
Sortir d’un train pour en reprendre un autreÂ…
Un mois. C’est à peu de choses près le temps qui s’est écoulé entre la fin de carrière de joueur et le début de celle de dirigeant ! Juin 2001, Keller met un terme à sa carrière et se voit contacté presque dans la foulée par Patrick Proisy alors président du racing. L’un cherche un manager général, l’autre en a fait un objectif à court terme. Il devient alors directeur général du racing club de Strasbourg. Cette première expérience est concluante, l’homme travaille sans relâche et a fait de la formation son principale objectif. Le centre de formation déjà performant à cette époque devient une référence et voit exploser quelques noms connusÂ…Gameiro, Schneiderlin ou encore Bellaîd pour ce citer qu’eux. Les équipes de jeunes du racing sont régulièrement citées en exemple et tournent à plein régime, la récompense arrivant en 2006 avec une victoire en coupe gambardella ! Si l’homme n’est évidemment pas seul il contribue fortement à ces réussites. Les équipes encadrantes sont de qualité et tout est mis en Âœuvre pour que les jeunes pousses travaillent dans des conditions optimales. Coté « off » Marc Keller sera un acteur important de la revente du club à des actionnaires locaux en 2003. Il quittera le club en 2006 pour rejoindre l’AS Monaco avec quelques lignes supplémentaire sur son Cv, coupe de France 2001, montée en ligue 2 en 2002 et coupe de la ligue en 2005.
Le retour aux sources
A l’image de Moîse qui a jadis a ouvert la mer rouge à ses fidèles pour leur offrir un monde meilleur, Marc Keller a ouvert la voie de la renaissance à tout un peuple meurtri par une ère dévastatrice, celle du tristement célèbre Jafar premier, fossoyeur du racing club de Strasbourg. Celui qui siège désormais à la table des présidents de ligue 1 reprend alors le club à l’été 2012. Le racing, sauvé de la noyade par Frédéric Sitterlé est cédé à Keller et ses apôtres pour l’euro symbolique. Tout est à refaire, tout est à reconstruire, et les caisses sont vides. C’est donc armé de son bâton de Pèlerin que le nouveau président se met en quête de fonds et de partenaires. Le racing respire mais il lui faut de l’oxygène. Son âme a résisté au coma et ne demande qu’à s’exprimer. Et si le club a toujours eu une identité forte et profondément ancrée dans le football alsacien, Marc Keller va désormais s’attacher à la renforcer. Le racing appartient aux alsaciens et doit être dirigé par des alsaciens grâce à des alsaciens ! Car comme il aime à le dire, de Saint-Louis à Wissembourg, tous les alsaciens sont supporters du Racing club de StrasbourgÂ…!
De l’enfer au paradis
Arrivé en CFA, Marc Keller s’est immédiatement entouré d’hommes de confiance afin de mener à bien LE projet le plus important de sa carrière de dirigeant, ramener le club dans le monde professionnel. Le patron du club monte son équipe et s’appuie sur un réseau solide. Il obtient l’aide de la Ville et de la région agrémentant les initiales du club d’un A supplémentaire. A comme AlsaceÂ…l’identité ! L’élan insufflé par le boss et son équipe galvanise le sportif passant du CFA au national au terme d’une saison incroyable ponctuée d’un match exceptionnel à épinal. Keller se fait entendre et obtient de délocaliser le match à Epinal suivi par 3000 supporters ! Il ne reste désormais plus qu’une marche à gravir pour (déjà) atteindre l’objectif. Mais sortir du National ne sera pas une mince affaireÂ… Une première saison compliquée durant laquelle le président se séparera du son entraineurÂ…et frère, soldée par une relégation sportive. Et là encore, le travail fait en amont et piloté par Marc Keller va payer, le club est repêché et réintègre le championnat national. A partir de ce jour le doute ne sera plus permis, le racing est candidat déclaré à la monté en Ligue 2 ! Une année frustrante plus tard, montée manquée de peu, les moyens sont mis pour ne laisser aucune place au hasard. Le train RCS est lancé sur les rails de la ligue 2. Ligue 2 qu’il ne connaîtra qu’une saison. Si le président se veut prudent, maintien pour unique objectif, il n’en demeure pas moins ambitieux. Toujours avoir un coup d’avance, le travail en amont pour leitmotiv ! Le racing est en Ligue 2 mais il est déjà prêt pour la Ligue 1. Remises aux normes, espaces VIP, staff, rien n’est laissé au hasard et le club grandit constamment, dans un calme et une sérénité peu commune. Car en plus de la réussite sportive, aucun grain de sable ne semble pouvoir atteindre le club. Tout fonctionne à merveille.
Made in Racing
Marc Keller est un enfant du racing, cela ne fait aucun doute ! Il a ce point commun à chaque supporter, l’amour qu’il porte à ce monument du sport alsacien. Ce retour en tant que dirigeant était risqué, très risqué. Le pari tenté à l’époque l’a aussi été dans bon nombre de clubs tombés eux aussi dans les bas-fonds du foot français. Le Mans, Sedan, Grenoble, bataillent encore corps et âme pour revenir à la surface. Une carrière met beaucoup de temps à se construire, au gré des risques pris, des engagements tenus et des objectifs atteints. Elle peut aussi virer au cauchemar en moins de temps qu’il n’en faut pour en parler. Celle de Marc Keller aurait pu s’arrêter à l’été 2012 ou juste après. Mais dicté par une foi sans limite elle a pris une toute autre dimension, celle d’un homme qui a marqué l’histoire du racing club de Strasbourg. Celle d’un président audacieux, téméraire et appliqué qui a su s’entourer à merveille. Avec, disons le, un brun de folieÂ… ! Le sang de Marc Keller coule bleu. Tiens, le sang bleu, comme les roi