Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il revient sur le conte de féé actuellement du coté de Nice…
Les lieus où l’ont pouvait rencontrer le Père Noël sont assez nombreux selon l’histoire de ce personnage qui fascine depuis des lustres. Les Norvégiens le situaient à 50 km d’Oslo, les Suédois à Gesunda, les Danois au Groenland et les Américains au Pôle Nord. En 1927 les Finlandais l’ont délocalisé à Rovaniemi où, depuis, on y trouve le fameux village du Père Noël et son décor féérique qui est en fait un vrai parc d’attraction.
Le nouveau village du Père Noël est à l’Allianz Riviera
Mais cet été, il a été kidnappé en vue des fêtes de fin d’année et dorénavant il est établi sur la Côte d’Azur. Et ce sont les Niçois de l’OGCN qui ont réalisé ce rapt dont finalement le bonhomme rouge ne se plaint pas puisqu’il a décidé d’y rester pour fêter avec tous les supporters des aiglons le titre symbolique de champion d’automne de la Ligue 1. Et si, à l’image du village de Rovaniemi, ont pourrait rencontrer le Père Noel tous les jours de l’année à l’Allianz Riviera et encore plus particulièrement le 21 mai prochain au lendemain de la dernière journée de championnat ?
Sérieusement, plus que mon histoire du Père Noël Niçois, le titre de champion de France est dorénavant une éventualité qui peut s’envisager. Et l’OGC Nice s’inscrit dans une progression constante qui l’a fait passer d’une salvatrice dix-septième place en 2013/2014 à une onzième place en 2014/2015 puis terminer en quatrième position la saison dernière. Et depuis le début de la saison les Niçois n’ont quitté la première place qu’une seule fois, lors de la cinquième journée, la partageant de la première à la quatrième et l’occupant tout seul depuis la sixième. Un véritable exploit face aux grosses cylindrées que sont le PSG, Monaco, Lyon.
Un quarté au PMU du coin après quelques Pastis
Aujourd’hui, bon nombre de suiveurs disent avoir pronostiqué que Nice damerait le pion à ses rivaux pour le titre de champion d’automne. Sauf que pour moi, 99% de ces spécialistes sont des parieurs. En effet, placer Nice en tête à Noël avec 2 points d’avance sur Monaco, 5 sur Paris et 10 sur Lyon relève d’un quarté joué au PMU du coin après quelques Pastis ! Au moment où Nice caracolait, déjà à la surprise générale, en tête à la « mi-parcours de la mi-parcours » un sondage avait été réalisé sur un site internet pour savoir si les Niçois allaient être champion d’automne et j’avais voté non. Ce n’est pas que j’ai sous estimé l’OGCN mais surtout que j’ai surestimé les gros budgets du championnat et qu’il me semblait invraisemblable que Paris (500 Millions), Lyon (235 Millions), Monaco (145 Millions) se fassent narguer par les 42 Millions de Nice.
Et pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une surprise s’installe sur le fauteuil de leader à mi-championnat. Strasbourg en 78/79, Auxerre en 92/93, Nantes en 94/95 et Lens en 2000/2001 avaient déjà réussi cette péripétie au nez et à la barbe des favoris. Seuls Strasbourg et Nantes sont allé au bout de leur exploit en le concrétisant par un titre de champion de France.
Le maintien est assuré
Si Lucien Favre a parodié mon Ami Guy Roux en avançant que le maintien est assuré, la question de savoir jusqu’où peuvent aller les Aiglons mérite d’être posée et étudiée. Nice aura des avantages et des inconvénients pour poursuivre la bataille avec les gros bras de la L1.
Parmi les avantages je relève la double élimination en coupe d’Europe et en coupe de la Ligue contrairement à Paris et Monaco qui resteront en lice sur quatre tableaux début 2017 si on y rajoute la coupe de France. La solidité défensive des Azuréens me semble aussi être le point fort de cette équipe avec la meilleure défense du championnat et seulement 13 buts de concédés. C’est un élément qui peut faire la différence, et qui l’a d’ailleurs fait lors du cycle aller avec une seule défaite contre déjà 3 et 4 pour Monaco et Paris et même déjà 6 pour Lyon. L’attaque n’est pas en reste non plus avec ses 34 réalisations, seuls les tontons flingueurs du rocher ont fait nettement mieux. Surtout que Balotelli n’a inscrit que huit buts jusqu’à maintenant alors qu’il n’a participé qu’à 9 rencontres. Imaginez la même réussite s’il joue plus souvent d’ici la fin du championnat mais ceci est une autre histoireÂ…
Nice devra faire avec les blessés que compte l’effectif actuellement et surtout les départs à la CAN de deux joueurs importants que sont Younès Belhanda et Jean-Michael Séri. Il faudra surtout également compter sur l‘amour propre et l’orgueil des autres équipes qui n’auront plus d’autres choix que de se surpasser et justifier leurs statuts de favoris comparé aux Niçois. Et le principal inconvénient sera, à mon sens, le manque d’expérience et de maturité de certains joueurs qui ne sont pas habitués à être sous la pression médiatique comme ceux du PSG, Monaco ou Lyon. Le pètage de plomb de Belhanda et Balottelli lors du dernier match à Bordeaux en sont l’illustration parfaite. Si l’absence du premier était prévue avec sa participation à la CAN, celle du second l’était moins et vu le déroulement de la rencontre je pense qu’il aurait été judicieux de sortir Balotelli avant son coup de sang, tellement il était prévisible.
Dorénavant la question qu’il faudra se poser est la suivante : Après avoir terminé champion d’automne en 72/73 et 75/76 sans ravir le titre de champion de France, la troisième fois sera-t-elle la bonne pour l’OGC Nice ? Réponse au mois de mai prochainÂ…
Edito rédigé par Pascal Bridel