Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il nous parle de la venue dans la région, de Canto, The King, Eric, dans notre belle région…
Il y a des gens qui sont tout simplement nés sous la bonne étoile, à qui tout leur réussi. Et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, que ce soit dans le domaine du sport, du cinéma ou même du théâtre. Les plus doués d’entre eux ont cette aisance de sauter d’un domaine à l’autre sans aucune difficulté mais ce cercle est déjà plus restreint. Un sportif Français qui a trusté à 10 reprises le titre de personnalité préférée des Français, je n’en faisais pas partie, et qui a su passer du tennis à la variété incarne notamment ce don inné que certains possèdent.
De gardien de but à buteur
Celui dont je vais vous parler aujourd’hui fait justement partie de ce cercle très fermé des hommes surdoués qui réussissent tout ce qu’ils touchent. Et il était en Alsace cette semaine pour tenir le rôle principal dans un spot publicitaire tournée pour une blonde qu’on appelle aussi dans les clubs house une mousse. « The King Eric » a arpenté le sol Alsacien pour une publicité ventant la 1664, qui sera diffusé en Angleterre d’ici quelques semaines, à la grande joie des fans qui ont pu à Kaysersberg, Turckheim ou Epfig approcher celui qui déjà tout jeune sur le terrain a su se métamorphoser de gardien de but en buteur redoutable. Celui qui a démarré entre les poteaux s’est vite mué, dès la catégorie des poussins, en attaquant car son club du Sports Olympiques Caillollais était beaucoup plus fort que ses adversaires et le petit Eric ne touchait pas assez le ballon ce qui devait déjà l’agacer. Puis, presqu’une dizaine d’année plus tard, c’est entre les mains de Guy Roux que « Canto » atterri grâce à Jean-Pierre Dubord qui l’avait repéré. La suite, tout le monde ou tout vrai amateur de football, la connait et je vais donc vous faire grâce d’un énième historique sur ce joueur qui aura marqué à tout jamais l’histoire du football et pas qu’en France puisque c’est en Angleterre qu’il a été le plus adulé et cela me fait penser à Jean-Pierre Meyer qui me dit souvent « nul n’est prophète en son pays ». Je me souviens que Guy Roux m’a raconté comment Old Trafford s’était paré de milliers de drapeaux tricolores « qui ont été vendus et non distribués gratuitement comme en France quand on veut mettre de l’ambiance dans un stade ». Guy Roux qui n’aura d’ailleurs jamais cessé de suivre son poulain à tel point que par le biais de l’Elysée et de François Mitterrand, qu’il rencontrait au Vieux Morvan lors des mises au vert de l’AJA, c’est lui qui était intervenu pour commuer sa peine de prison ferme en travaux d’intérêt général suite à son geste de Kung Fu sur un supporter l’ayant insulté.
Une reconversion plus que réussie
Après une carrière footballistique arrêtée très tôt, un peu à la surprise générale, il fait preuve d’un talent dans différents domaines successifs comme la peinture avec plusieurs toiles aux couleurs expressionnistes, la photographie mais aussi le cinéma. Il apparait dans plusieurs films dont « Le bonheur est dans le pré » en compagnie de Michel Serrault et Eddy Mitchell, « L’Outremangeur » ou encore dans celui où il a tourné avec Jacques Villeret et dont je me suis souvenu, entre autres, de cette réplique entre lui et le singe Mookie « hé la bestiole il parait que tu causes toiÂ…allez vas-y, allez dit quelque choseÂ…oh le macaque tu causes ou tu causes pas ? »
Et comme le King a plus d’une corde à son arc il va briller sur les planches, comme un autre enfant terrible du football Raymond Domenech, dans plusieurs pièces dont la dernière « Victor » jouée fin de l’année dernière et mise en scène par Rachida Brakni qu’il a épousé le 16 juin 2007. Ayant de qui tenir en la personne de son premier coach dans le monde pro qui a aussi été une « bête de pub » il sera à son tour une très bonne image commerciale pour de nombreuses marques comme Nike, Sharp, Joga bonito, Renault, Bic, L’Oréal, Pepsi et Kronenbourg. Après un premier tournage il y a quelques années le houblon le mènera donc une seconde fois en Alsace, là où il avait déjà brillé sur le terrain sous les couleurs de l’AJA.
Le vin d’ici il est bon ?
C’était le 28 mai 1985 et Strasbourg menait à la mi-temps lors de l’ultime journée de championnat grâce à un but de Carsten Nielsen. Mais c’était sans compter sur Cantona, alors âgé d’à peine 19 ans depuis quelques jours, qui d’une frappe lointaine trompait le regretté Philippe Schuth et assurait ainsi la qualification de l’AJ Auxerre pour la coupe d’Europe.
Mardi dernier, sur les hauteurs de Kaysersberg, il semblait toujours prendre autant de plaisir à humer l’air Alsacien comme ce soir de mai 1985 et avec son accent bien de Marseille il me questionnait « le vin d’ici il est bon ?». Quant à moi je n’ai pas boudé mon plaisir en savourant cette après-midi à suivre en sa compagnie le tournage de ce spot que j’ai hâte de voir dans son intégralité. Cela nous a donné l’occasion de revenir sur cette période des années 80 à l’AJA avec un retour sur la raison pour laquelle il avait opté pour Auxerre et non Nice : Guy Roux lui avait offert un maillot de l’AJAÂ… Et le trait d’union était tout tracé avec son coach de l’époque que j’avais eu au téléphone sur la route du vignoble en lui apprenant qu’Eric était tout proche de sa ville natale « appelle moi quand tu seras avec lui je veux lui parler » ce que j’ai fait mais Guy Roux était sur messagerie et Cantona lui a laissé un message dont voici un extrait « Bonjour coach, je suis du côté de chez vous c’est magnifiqueÂ…J’espère que vous allez bien, que le club va bien ».
Il ne vous reste plus qu’à patienter pour pouvoir observer le résultat de ces trois jours en Alsace et de tenter de reconnaître l’un ou l’autre figurant de chez nous dans la nouvelle réclame de Kronenbourg. Que de chemin de parcouru depuis ce mois de mai 1985 à mars 2016, du stade de la Meinau au vignoble Alsacien.