Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’œil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il nous parle de ce fameux match entre les SR Colmar et Béziers…
Certaines actions, ou plutôt faits de jeu, provoquant un sentiment de joie prématurée dans le public peuvent vite se transformer en cauchemar. Crier victoire trop tôt, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mettre la charrue avant les bœufs sont toutes des expressions que l’on peut utiliser lorsque les supporters, aveuglés par leur amour d’un club, sont persuadés que le penalty accordé va être réussi et mettre leurs protégés sur les bons rails.
Un penalty à la surprise générale
Encore une fois c’est donc un fait de jeu finalement défavorable aux SR Colmar qui leur a (sans doute) coûté la victoire contre Béziers tout comme contre Orléans, autre action lourde de conséquences que j’avais relaté le 6 novembre dernier http://www.alsasports.com/2015/11/06/edito-une-action-lourde-de-consequences/
Lors de ce match à six points qui avait tout sauf d’amical vu les enjeux et surtout après les antécédents entre les deux clubs suite aux péripéties du match aller et les échanges aigre doux entre le président biterrois et l’ex boss colmarien Gryshka, on pouvait se douter que l’atmosphère serait pesante du côté de la rue Ampère surtout que la FFF a remis de l’huile sur le feu à quelques jours du match en confirmant sa première décision de priver les Colmariens des trois points de la victoire au sujet de ce fameux match aller. De la tension dans l’air et sur l’aire de jeu mais une tension atténuée intelligemment par Ollé Nicolle la veille dans la presse, tellement intelligemment que je me suis demandé qui était visé, connaissant sa malice, en donnant raison aux dirigeants de l’AS Béziers d’avoir fait le job. Cela ne m’empêche pas de lui donner raison sur ce coup là et je l’appuie même en pariant que si ça avait été l’inverse, les SRC auraient fait de même pour récupérer l’enjeu de la rencontre.
Revenons en au match et à cette action qui a définitivement anéanti les Colmariens pour le sort de la rencontre et qui leur a certainement enlevé les derniers espoirs de maintien en National. L’arbitre a pris une décision, il est vrai aidé par son assistant, qui aurait pu être dramatique pour les visiteurs et qui finalement l’a été pour leurs hôtes. A la surprise générale l’homme en noir accorde un penalty aux verts, une aubaine pour Belvito qui en a déjà réussi quatre dont le dernier à Orléans la semaine précédente lors de la victoire de l’espoir.
Le dindon de la farce
Colmar a donc hérité d’un penalty sur cette action qui a démontré la roublardise et le vice du meilleur buteur colmarien. Celui-ci a tellement bien simulé une agression de la part de Lina que l’infortuné capitaine Biterrois est sorti de ses gonds, et malheureusement sa fin de saison risque de souffrir de son pètage de plomb. Personne dans le stade n’a vraiment fait attention à cette supercherie, même le juge de touche a été grugé, mais à la vue des images ont peut comprendre (sans l’excuser) la réaction de Lina dans le contexte d’un match à la vie, à la mort.
L’arbitre, je le répète conseillé par son juge de ligne, a parfaitement appliqué le règlement en accordant le penalty alors que l’action se déroulait loin de la surface mais comme la soi-disant faute s’y est déroulée c’est la sanction logique. Pour la petite parenthèse, si mes souvenirs ne me trahissent pas, il me semble que lors d’un PSG / Racing Club de Strasbourg les Parisiens ont obtenu un penalty pour cette fois-ci un vrai coup de tête de Francis Piasecki à un adversaire dans les mêmes circonstances.
Mais revenons à nos moutons et à ce Colmar / Béziers avec dame justice qui fait quand-même quelques fois bien son travail puisque le principal protagoniste de cette action qui a interrompu le match pendant plus de cinq minutes en est devenu le dindon de la farce. En effet, toujours en vertu du règlement, Belvito a été invité à quitter la pelouse puisque son cinéma a nécessité l’intervention des soigneurs ce qui l’a tout simplement privé de tirer ce coup de pied de réparation et peut-être de marquer son dixième but de la saison. C’est le pauvre Youssouf Touré qui a payé les pots cassés en allant au casse pipe, lui qui a marqué le plus beau but de la saison au Stadium, un Youssouf Touré qui ne méritait certainement pas d’être la victime collatérale de cette supercherie.
(Crédit photo @LAFA Philippe Bergolt)