Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il revient forcément sur cette superbe affiche face à nos meilleurs ennemis…
Les confrontations entre la France et l’Allemagne n’ont pas été nombreuses en compétitions officielles et pour l’instant les statistiques ne parlent pas en faveur des tricolores. Pourtant tout avait bien démarré il y a 58 ans mais depuis la tendance s’est inversée en faveur d’une Mannschaft toujours présente et solide lors des grands rendez-vous. Petit retour sur les 4 duels de 1958 à 2014 avant celui de ce jeudi soir.
Kopa, Fontaine, Kaelbel avaient montré la bonne voie
Le premier match entre les deux voisins, que les plus jeunes n’ont pas connu, aura été la seule victoire des bleus. Ce France / Allemagne de 1958 avait pour enjeu une troisième place et le score de 6 à 3 a offert le premier podium aux Français lors d’un mondial. Mais il a surtout contribué à un record qui restera à jamais en possession de Just Fontaine qui avec 4 buts lors de cette petite finale porta son total à 13 en une seule coupe du monde. Depuis, personne n’aura fait mieux ni même autant. Kopa, Fontaine et l’Alsacien Kaelbel avaient montré la bonne voie mais les confrontations suivantes seront bien moins glorieuses, dont l’une carrément dramatique à plus d’un titre.
En effet 24 ans plus tard aura lieu le France / Allemagne qui restera gravé dans toutes les mémoires avec ses multiples rebondissements. Ce 8 juillet 1982 la France entière aura vibré derrière son équipe et ses héros malheureux. D’abord Rocheteau, a qui est refusé le second but français alors que le score était de un partout. Puis, ce qui restera l’image la plus terrible du match, Battiston évacué inconscient sur une civière après avoir croisé la route de Schumacher qui restera longtemps l’ennemi public numéro 1 des Français. Et ce n’est pas tout puisqu’Amoros viendra ajouter son nom à la liste des bleus maudits en touchant la transversale allemande dans les ultimes instants du match. La scoumoune avait pourtant abandonné la France un petit moment, celui lors duquel Trésor profita pour inscrire une magnifique volée avant que Giresse ne fasse trembler les filets allemands une troisième fois. En six minutes la troupe à Hidalgo pensait s’être ouvert le chemin menant à la première finale de coupe du monde pour la sélection française. Et ils n’étaient pas les seuls, aujourd’hui j’entends encore résonner cette trompette et la Marseillaise qui en est sorti depuis ce balcon de la rue de la Mittelharth à Colmar après le but de Giresse mais c’était mal connaître les Allemands ! Rummenigge puis le colosse Hrubesch ont finalement poussé les tricolores à passer par la séance de tirs au but lors de laquelle Six et Bossis ont échoué laissant l’Allemagne se qualifier pour la finale. A la suite du récit de ce match me viennent deux réflexions : D’abord on a souvent revu Didier Six s’effondrer, à genoux, après son échec lors de la cruelle séance de tirs au but mais les images ne se sont que très rarement arrêtées sur la conception du troisième but français et la temporisation de Six pour une passe lumineuse sur Giresse. Ensuite, j’ai eu l’occasion de côtoyer une personne discrète et charmante à l’occasion du jubilé de Didier Six en mai 1991 en la personne d’Harald Schumacher, comme quoi une demie finale de coupe du monde ça transcende un hommeÂ…
L’Allemagne reste la bête noire
Et on peut légitimement penser, au vu des deux affrontements suivants en compétition officielle, que l’Allemagne est la bête noire des Français. Dans la foulée de cette coupe du monde 1982 en Espagne, suivie du premier titre de champion d’Europe en 1984, la coupe du monde mexicaine de 1986 a de nouveau pris fin pour les Français au stade de la demie finale face àÂ… l’Allemagne. Cette fois-ci le suspens n’aura pas duré puisque les Allemands ont rapidement pris le dessus dès la neuvième minute, puis maîtrisé la rencontre avant de la plier définitivement juste avant les trois coups de sifflet de l’arbitre. Il aura ensuite fallu attendre 28 longues années pour que les deux nations se retrouvent et cette fois-ci ce fut au Brésil en 2014 alors que la France était encore convalescente de sa sinistre sortie en Afrique du Sud. Et pour la troisième fois de suite ce sont les Allemands qui sont sorti vainqueurs de ce quart de finale disputé à Rio de Janeiro avant de devenir champions du monde. A l’occasion de cet Euro 2016 nous aurons donc droit à une grande première puisqu’encore jamais les deux sélections ne se sont retrouvées face à face lors d’une compétition officielle en dehors d’une coupe du monde.
Les Allemands Fanny à Marseille ?
Deux ans et trois jours après cette élimination face au futur champion du monde la France va t’elle enfin se rappeler au bon souvenir de 1958 et de ce qui reste l’unique victoire française contre l’Allemagne ? Les deux sélections ont terminé la phase de poules avec le même bilan de deux victoires et un nul avant deux trajectoires légèrement différentes lors des 1/8 et des1/4 de finale. Si la France a eu plus de mal lors du 1/8 de finale face à l’Irlande (2/1), l’Allemagne s’est quant à elle fait plaisir contre la Slovaquie (3/0). A l’inverse pour les 1/4 de finale c’est la France qui s’est éclatée contre la Finlande (5/2) alors que l’Allemagne a eu chaud face à l’Italie en ne s’imposant que lors de la séance de tirs au but.
Pour ce cinquième duel Franco/Allemand en match officiel toutes les supputations vont bon train chez les suiveurs qui avancent les absences des uns et des autres chez les Allemands, l’avantage de jouer à domicile pour les Français et surtout cette soif de revanche après 58 ans de disette. Alors en parlant de soif, dans un pays où la pétanque est reine lorsqu’elle est accompagnée d’un apéritif anisé souhaitons aux Allemands d’être cette fois-ci Fanny en référence à cette consolation qui a pour origineÂ… Lyon où se disputera la première demi-finale la veille.