Le championnat Ligue 1 peut s’apparenter à une traversée transatlantique. Tantôt calme et parfois tempétueux, le chemin long et périlleux est tout sauf une sinécure pour les équipages. Vendredi soir, le navire bleu et blanc qui voguait plutôt sereinement avant la trêve s’est transformé en sous-marin, passant sous la ligne de flottaison. Le capitaine Laurey et ses hommes ont même tutoyé les abîmes par moment, perdant tout moyen de communication, sonar et télescope hors d’usage. L’important maintenant est de pousser fort sur le fond et remonter rapidement prendre de l’oxygène !
Capitaine abandonné C’est ce qu’a dû se dire Thierry Laurey à plusieurs reprises vendredi soir, en particulier durant le premier quart d’heure lorsque ses hommes semblaient courir partout et nulle part. Le tacticien alsacien a tenu à son 442 losange titularisant par la même occasion Ihsan Sacko au poste de meneur de jeu, faisant ainsi reculer Jonas Martin. L’équilibre établi se trouvant ainsi fragilisé. Il n’en fallait d’ailleurs pas moins à Laurey pour mettre fin au calvaire du jeune Strasbourgeois en le sortant prématurément à la 40ème minute pour le remplacer par Blayac, changeant de système par la même occasion. Exit le 442, place au 433. L’idée de départ n’a donc pas tenu longtemps… On a cherché la solution tactique un bon moment côté strasbourgeois, sortant ensuite Seka pour un changement poste pour poste puis Bahoken par Saadi exilé côté gauche, plutôt surprenant pour une attaquant axial. Des choix et des remaniements sans réelle réussite donc, le jeu, ou plutôt l’absence de jeu et de mobilité faisaient cruellement défaut. Le force collective et l’animation, points forts des Bleus s’étaient évaporées laissant place à un vide paralysant inhabituel pour les supporters meinauviens. Ce genre de match que vous pouvez jouer une semaine sans vous arrêter mais que vous perdrez quoi qu’il en soit.
Une équipe en perdition Une tactique ou un système de jeu ne fonctionne que si les hommes qui le composent le font vivre. Et c’est finalement sur ce point que le Racing a pêché vendredi , les hommes. Méconnaissables et sans idées. Le match sans par excellence, celui dans lequel rien ne va. Rien ni personne. Il est d’ailleurs presque impossible de sortir un homme du lot tant l’équipe fut médiocre dans son ensemble. Contrôles ratés, passes mal ajustées et surtout absence de mobilité. Les remontées de balles peuvent se compter sur les doigts d’une main, le porteur du ballon se trouvant presque systématiquement sans solution si ce n’est celle de jouer en retrait ou chercher long. La seule véritable ( et tardive ) occasion étant d’ailleurs le fruit d’une perte de balle guingampaise dont profitait Jeremy Blayac, rattrapé in extremis par la patrouille bretonne. L’aspect défensif était lui aussi terre de désolation. Marquage élastique et manque d’impact furent légion, preuve en est la première chaude alerte après seulement 4 minutes quand Oukidja était obligé de sauver les siens face au brillant Jimmy…la suite on la connaît, 0-2 après 20 minutes.
Un seul être vous manque ( ou plusieurs )… …et tout est dépeuplé. La force de ce Racing c’est le Racing. Comprenons par là que Mangane et ses coéquipiers sont avant tout une équipe qui cherche ses victoires collectivement. Il faut d’ailleurs souligner que malgré la piètre prestation collective, aucun joueur n’a montré de signe négatif à l’encontre du groupe, c’est bien la preuve que ce groupe vit bien. Mais ce groupe justement était orphelin de quelques-uns de ses membres, et pas des moindres. On a ainsi pu se rendre compte de l’importance que peuvent avoir certaines individualités dans le collectif monté par Thierry Laurey. Car n’ayons pas peur de le dire, Aholou, Lienard et Terrier ont cruellement manqué ! Le but n’est évidemment pas d’accabler les joueurs présents hier, car encore une fois cette faillite fut collective, mais ces trois là sont tout simplement indispensables. La patte gauche de Lienard aurait été précieuse sur coups de pied arrêtés, tout comme sa présence dans l’animation. De même pour le volume de jeu de Jean-Eudes Aholou dans l’entre-jeu. évidemment que si les 3 points avaient été à la clé ce constat n’aurait peut-être pas eu lieu, tout comme celui de l’animation générale, mais force est de constater qu’hier il manquait quelque chose..!
Juste un accident Cet accroc collectif ne doit cependant pas occulter la première partie de saison ainsi que le travail énorme fourni par le staff et les joueurs jusqu’à hier. Ni remettre en question l’avenir et l’objectif principal qu’est le maintien. La soirée cauchemardesque et le réveil douloureux qui s’en est suivi sont bien réels et serviront sans aucun doute de base de travail à Thierry Laurey tout comme le difficile début d’exercice le fut lui aussi. Ce groupe est costaud, soudé et talentueux. Il ne tendra pas l’autre joue parce qu’il sait mieux que personne ce dont il est capable. Il sait aussi qu’il n’est pas seul et qu’il peut compter sur une ferveur exceptionnelle. Car en cette froide et triste soirée le public était malgré tout derrière son équipe, étouffant les quelques sifflets qui tentaient de se faire entendre. Le peuple strasbourgeois n’a pas accablé ses joueurs même lors des moments les plus compliqués. Les Bleus n’ont pas réussi à produire le jeu espéré mais ont pu sentir qu’ils n’étaient pas 11 mais des milliers, et l’essentiel est bien là.