Dans un très grand entretien accordé à SO FOOT, l’ancien strasbourgeois, Pascal Johansen, revient sur sa formation et son transfert du Racing vers l’Olympique de Marseille :
En tant que Colmarien, notre rêve était de jouer à Mulhouse. C’était ce club de Ligue 2 qui donnait sa chance aux jeunes. Strasbourg arrive, mais je ne veux pas y aller. Nous, les Haut-Rhinois, on n’aimait pas trop Strasbourg… Mon père ne voulait pas revenir à Mulhouse par rapport à mon frangin. On va là-bas pour signer mon contrat et le soir même, on est invités pour un Strasbourg-Nantes. On regarde le match, et mon père se tourne vers moi et me dit : « Dans trois ans, tu signes stagiaire et tu te retrouves dans cette équipe. Tu penses en être capable ? » « Oui, oui » , mais c’était pour lui faire plaisir, dans ma tête, c’était impossible ! Je voyais le match en vrai, ça allait plus vite, c’était plus costaud, avec la Meinau qui pousse… Je ne me voyais pas réussir.
Sur le transfert :
Je me sens de mieux en mieux à Strasbourg, de plus en plus important, je viens de prolonger, enfin tout se passe bien pour moi. Je me dis : « Ça y est, c’est lancé » , je commence à être le jeune qui confirme. Je me rappelle que je suis à table et je vois mon téléphone qui n’arrête pas de vibrer. Appels manqués, textos, messages… Il est taré ou quoi ?! Mon agent est en pleine folie. Je le rappelle : « Qu’est-ce qui se passe ? » , « écoute, Alain Perrin m’a appelé, il veut te faire signer ! Il veut te faire signer tout de suite ! » Ça te met un choc. Surtout que moi, je n’aimais pas forcément Marseille, j’étais plus un gars du PSG.
Marseille, t’avais l’impression que tous les six mois, il y avait une nouvelle équipe. Christophe Bouchet arrive et veut reconstruire une équipe solide, plus cohérente. Finalement, t’es dans une situation où tu te dis que ça ne se refuse pas. C’est ça, le truc. Tu vois que les gens autour de toi sont tellement contents, tellement excités. Ton agent, tes parents, tes amis sont comme des fous. Mon père m’a dit : « Tu ne peux pas dire non. » Même si aujourd’hui, je te le dis franchement, je n’aurais pas dû y aller. Je pense que c’était trop tôt. Ça m’aurait fait du bien de faire une année de plus en Ligue 1, avec Strasbourg, surtout à un poste qui était le mien.
Quand tu reviens à Strasbourg, en 2004, les supporters te reprochent « d’être prétentieux et d’avoir une grande gueule » . Ils avaient raison ?
Je ne sais pas ! (Rires.) Comme je râlais beaucoup sur le terrain, ils ont pu penser que j’étais un joueur avec une attitude… Il y a des joueurs qui sont des connards sur un terrain et des crèmes en dehors, et l’inverse existe aussi. Après, même moi, quand je me voyais jouer, je ne me kiffais pas de ouf non plus ! Maintenant, avec du recul et 40 ans, peut-être que si je m’étais croisé à 25 ans, j’aurais envie de me gifler. Je revenais d’un gros club comme Marseille et quand j’arrive à Strasbourg, j’ai envie que ça se passe bien. C’est mon club et j’ai envie d’en être le patron.
La saison 2007-2008 était sur le point de se terminer. Il nous restait une petite chance de ne pas descendre et je ne sais pas… (Il hésite) On devait recevoir Caen et aller à Marseille pour le dernier match. Je savais que j’allais partir, je me disais : « Allez, au moins un dernier match à la Meinau ! » Je voulais me souvenir de mon premier match à la Meinau comme de mon dernier. Ça m’aurait fait plaisir de finir à Marseille, mon ancien club, ça tombait bien. La veille, je comprends que je ne vais pas jouer. On fait des exercices de coups de pied arrêtés et on me prend pour faire le mur, j’avais les boules ! Surtout qu’on devait faire une mise au vert alors qu’on était à domicile, ça m’a gonflé. Je me suis dit : « Tu sais quoi ? J’ai même pas envie d’y aller. » Donc je vais voir le directeur sportif et je lui dis : « Voilà, je ne vais pas venir. J’assume, je ne ferai pas partie du groupe. De toute façon, je vais faire la gueule pendant deux jours, je vais être vénère sur le banc, ça ne va servir à rien. Juste, laisse-moi tranquille. S’il y a une amende, je la payerais. » J’ai dû la payer, cette amende, 4/30e de mon salaire, et j’ai eu un conseil de discipline. J’y suis arrivé, je n’ai rien dit, j’ai payé mon amende et j’ai assumé.