C’était un constat tiré par beaucoup au cours des dernières semaines, c’est désormais plus qu’une évidence depuis la réception de Dijon : l’état de la pelouse de la Meinau n’est pas des plus fameux et c’est un doux euphémisme. Conditions météorologiques exceptionnelles (276ml au m² en deux mois et du 1/01 à ce jour 97ml au m²) et les enchaînements des rencontres ont contribué à détériorer le terrain de jeu des Strasbourgeois. Et alors que se profilent, en l’espace d’un mois, les réceptions de Lille (25 janvier), Bordeaux (3 février), Troyes (10 février) et Montpellier (24 février), doit-on craindre le pire ?
Le débat n’est pas nouveau. Il y a une quinzaine d’années, par exemple, les joueurs eux-mêmes ne manquaient pas de tacler généreusement dans la presse une pelouse rendue catastrophique par l’organisation d’évènements extra-sportifs. Une pelouse qui avait d’ailleurs fini par être changée.
La répétition des matchs en décembre dernier l’a relancé. Les arrachements volent, les enfoncements se multiplient et l’hiver alsacien ne favorise bien évidemment pas les améliorations, surtout quand le terrain n’a pas le temps de se « reposer » entre deux matchs. A part remettre en place les parties arrachées, qui n’auront pas le temps de prendre racine, il n’y a pas grand chose de fait, ou à faire suite au pluie de ces derniers jours (même le Rhin est en crue)
Et pourtant le problème doit être envisager sérieusement. Pas uniquement parce qu’il ne favorise pas le spectacle. Les clubs pourraient en effet se voir sanctionner à cause d’une pelouse en mauvais état. «Si un club obtient trois journées consécutives une note inférieure à?10 au Championnat des pelouses, la commission des compétitions pourra lui infliger une amende pouvant aller jusqu’à 50?000 €». Ce point du règlement existe depuis une décision du conseil d’administration de la LFP en date du 15?juin dernier. Après la 14ème journée (dernier classement en date, mais donc avant le mois de décembre) Strasbourg occupait une satisfaisante 12ème place avec une moyenne de 15,3 (pour un terrain naturel et non hybride). Mais c’était avant l’arrivée de l’hiver…
De son côté, Denis Hildenbrand, gérant des sociétés « Racing Espace Vert » et « Est Arro » (et président du club de Still, éliminé par Troyes lors du dernier tour de la Coupe de France) s’est exprimé à ce sujet et souligne que tout est mis en oeuvre pour que la pelouse soit dans le meilleur état possible :
- « La pelouse a énormément souffert, c’est une grand-mère ! Rien n’a été fait depuis longtemps… On est là pour faire en sorte que ce soit le mieux possible. Un drainage est fait pour tenir 15 ou 20 années maximum. Si la surface de la pelouse a été changée, en-dessous, rien n’a été fait depuis très longtemps. Dans le Grand Est, c’est compliqué ! C’est froid et très humide l’automne et l’hiver et en été il fait très chaud sans vent. Nous sommes un des rares clubs à avoir une pelouse 100% naturelle avec, je crois, Dijon. En ce moment, c’est particulier. Je n’ai pas souvenir qu’il y ait eu autant d’eau lors des quinze dernières années. »
- « Heureusement que la météo est un peu clémente ce mardi et que ce mercredi il va faire environ 15 degrés. Mais la pelouse va encore souffrir, c’est certain. » Questionné sur la pelouse idéale, Denis Hildenbrand n’a pas hésité une seconde : « Il faut refaire le drainage, mettre le chauffage, une pelouse hybride à 5% et équiper le club de « Luminothérapie », c’est un tout en fait. Comme ça le gazon pousse et réagit toute l’année. Il faut savoir qu’en dessous de 12 degrés, celle-ci dort ! »
La solution hybride
La Meinau reste aujourd’hui un des très rares stades de Ligue 1 a disposé d’une pelouse « classique », les pelouses « hybrides » devenant la norme.
Dans la même situation que Strasbourg il y a quelques saisons, avec un Roudourou décrié de toutes parts une fois l’hiver venu, l’En Avant Guingamp a alors décidé d’imiter la grande majorité des clubs de l’élite en s’équipant d’une pelouse hybride qui dispose de fibres synthétiques qui favorisent l’enracinement et le maintien en place de la pelouse. Résultat : le club breton est aujourd’hui en tête du championnat des pelouses… Par contre, il lui en a coûté la coquette somme de 1,34 millions d’euros.
Alors que le président Marc Keller a encore exprimé il y a quelques jours le besoin quasi vital pour le RCSA de faire rénover la Meinau, la question de pelouse devrait (devra !) avoir une position centrale dans les débats.