Petite trêve internationale lors de ce week-end, ce qui permet de tirer un premier bilan après neuf journées de championnat. Une trêve qui intervient après une contre-performance. En effet, ce samedi le Racing Club de Strasbourg s’est incliné 1-0 face à Dijon, une défaite qui ne passe pas auprès des supporters strasbourgeois. Nombreux sont les fans à tirer la sonnette d’alarme et qui mettent en cause l’entraîneur du RCS, Thierry Laurey. On a cherché à savoir si ce début de saison était si mauvais que ça ou si le « catastrophisme » prenait le pas sur le sentiment général.
Troisième saison de rang en Ligue 1
Il s’agit de la troisième saison de rang dans l’élite du football français pour les hommes de Thierry Laurey. Lors de sa première saison (2017/2018) Strasbourg affichait un maigre bilan avec 6 points au compteur. Une seule petite victoire, trois nuls et cinq défaites. Le goal-average n’était guère meilleur puisque le RCS avait encaissé pas moins de 17 buts, pour 9 inscrits (-8).
La saison dernière (18/19,) le début de saison était plutôt réussi avec 12 points au compteur après 9 journées. Une attaque en feu avec 16 buts inscrits, mais toujours trop de buts concédés (13). Forcément, la saison passée est prise en exemple et en comparaison avec celle en cours. Aujourd’hui, Strasbourg se retrouve avec 9 points, ce qui parait insuffisant pour bon nombre de suiveurs. Mais lorsque l’on regarde de plus près, on se rend compte que le Racing a encaissé moins de buts que les deux saisons précédentes (10 contre 13 la saison dernière et 17 celle encore avant). Ce qui prêche actuellement c’est la finition, puisque la bande à Stefan Mitrovic n’a trouvé la faille qu’à 6 reprises.
Problème de défense ou d’attaque ?
Souvent pointée du doigt, la défense alsacienne affiche toutefois le meilleur bilan de ces trois dernières saisons. Paradoxalement, le Racing ne marque plus et affiche son plus faible total (16 saison passée et 9 en 2017/2018). Jamais le Racing n’a fait trembler les filets adverses à l’extérieur cette saison en Ligue 1. Le bilan est très pauvre, quatre matches, trois défaites pour un seul nul (Reims 0-0). Comme précisé par Laurey après la défaite concédée à Dijon, Strasbourg a affronté de belles équipes loin du Stade de la Meinau (Paris et Lille notamment), mais la défaite à Lille fait très mal au moral et empêche Strasbourg de confirmer après sa victoire face à Montpellier (1-0) le week-end précédent.
Il faut également préciser qu’en dehors de Ludovic Ajorque, ni Lebo Mothiba, ni Nuno Da Costa ne parviennent à s’installer de manière durable sur le front de l’attaque. Le rendement des attaquants est insuffisant.
Des cadres pas au niveau
Ce qui faisait la force du club alsacien la saison dernière c’était son dispositif à cinq défenseurs qui permettait aux deux latéraux de monter très haut et d’apporter un surnombre. Kenny Lala, dans le couloir droit, réalisait cinq mois de très bonne facture et s’était offert pas moins de neuf passes décisives sur l’ensemble de l’exercice 2018/2019. Malheureusement, après la qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue, le latéral droit devenait méconnaissable. Il n’est pas le seul à ne pas répondre aux attentes des supporters. Il faut néanmoins avouer que c’est le joueur qui a le plus impressionné lors de la saison passée et, à ce jour, il est a des années lumières de son meilleur niveau. Son nom était même régulièrement évoqué pour l’équipe de France. Jamais retenu par Didier Deschamps, Kenny Lala pensait rejoindre un autre club durant cet été. Le club italien de la Fiorentina s’était placé pour le recruter, mais l’offre n’a pas su séduire Marc Keller.
De l’autre côté, Lionel Carole a également beaucoup de mal. Jusqu’à être relégué sur le banc et c’est Abdallah Ndour qui refait surface. Strasbourgeois depuis 2014, Ndour profite de la méforme de son coéquipier pour revenir dans le 11 de départ. Nous pourrions également citer Ibrahima Sissoko, en grande difficulté sur la création du jeu. Peut-être est-il l’heure pour Thierry Laurey de faire de nouveaux choix forts en laissant Kenny Lala sur le banc ? Le coach strasbourgeois sera aidé par les retours de Fofana, Caci et Zohi.
Un mercato manqué ?
Alexander Djiku, Jean-Ricner Bellegarde et Sanjin Prcic ont renforcé l’effectif strasbourgeois lors du mercato estival. Côté départs, Anthony Gonçalves, Pablo Martinez, Yoann Salmier et Jonas Martin ont quitté l’Alsace (Idriss Saadi prêté au Cercle de Bruges).
On peut, sans prendre de réel risque, dire que le mercato strasbourgeois a été manqué. Le départ de Jonas Martin lors de la toute dernière journée d’ouverture de la période des transferts a fait beaucoup de mal et le recrutement tardif de Sanjin Prcic ne permet pas à l’entraîneur du Racing, Thierry Laurey, de compenser. Prêté la saison passée puis recruté définitivement le 31 août, Prcic a manqué l’intégralité de la préparation d’avant-saison. Auteur d’une prestation plus que moyenne, le milieu de terrain doit monter en puissance afin d’être à 100% le plus rapidement possible.
Intrinsèquement, Thierry Laurey a renforcé son équipe, mais niveau collectif, celle-ci s’est amoindrie. Les joueurs qui ont quitté le Racing étaient des cadres et des joueurs influents dans le vestiaire. Les dernières recrues devront rapidement prendre du volume pour palier ces départs.
Dispositif (vraiment) à bout de souffle ?
Comme précisé plus haut, ce dispositif est désormais en place depuis un peu plus d’un an. Nombreuses sont les formations à utiliser ce schéma de jeu en Ligue 1. Force est de constater que, pour le Racing, il ne fonctionne plus vraiment. Thierry Laurey a décidé de mettre Bellegarde et Simakan sur le banc lors du déplacement à Dijon. Après-coup, on peut dire que ce pari n’a pas été payant. Véritable élément moteur, Bellegarde est un des rares joueurs à savoir récupérer le ballon très bas et se projeter immédiatement vers l’avant. Lors de la première période face à Montpellier, Thierry Laurey avait également mis en place une défense à cinq, et pourtant, jamais le Racing n’a été à cinq derrière. Ndour et Lala restaient très haut que ce soit sur les phases offensives ou défensives. Le dispositif ne veut pas dire grand chose, c’est l’animation qui importe. Il est certain que lorsque l’on joue avec cinq défenseurs, le milieu de terrain est forcément amoindri, surtout dans le coeur du jeu. Avec l’absence de Jean-Ricner Bellegarde, la construction fut forcément compliquée et les ballons très rares pour pour les attaquants lors de la seconde période à Dijon.
Comment réagir ?
Le point a été fait sur ce qui ne va pas. Comment faire désormais pour rectifier le tir le plus rapidement possible ? Thierry Laurey doit une nouvelle fois faire des choix forts. S’il souhaite rester dans ce dispositif, il devra prendre une décision pour que son couloir droit hausse le niveau. Kenny Lala pourrait, et devrait, potentiellement démarrer sur le banc. Ce que propose l’arrière droit depuis plusieurs mois pose problème. Sa passivité sur le but dijonnais en dit long et le coach strasbourgeois peut difficilement laisser passer.
Les attaquants du Racing doivent également se remettre en question. Lebo Mothiba et Nuno Da Costa ne sont pas au efficaces et ne facilitent pas la tâche à Thierry Laurey. Ludovic Ajorque est souvent laissé seul sur le front de l’attaque. Le retour imminent de Kévin Zohi devrait faire beaucoup de bien et sa présence en périphérie d’Ajorque pourrait faire la différence, comme ce fut le cas face à Francfort au Stade de la Meinau.
Cata ou pas cata ?
Dire que le Racing réalise un bon début de saison serait utopiste Mais n’est pas catastrophique non plus ! Comptablement, Strasbourg est dans les clous. S’il avait pu s’imposer face à Metz lors de la première journée et s’il avait rapporté le point du nul à Paris, le bilan serait même positif. Ce qui inquiète, c’est le contenu produit par les joueurs. Ces derniers en sont conscients et devraient tout faire pour repartir de l’avant dans les prochaines semaines. Sur les quatre derniers matchs, le Racing s’est imposé à deux reprises. Ce qui est dommageable c’est de ne pas s’être imposé à Dijon pour préserver la dynamique. Mais réduire le début de saison à cette rencontre, serait une erreur de jugement. Ce début de saison n’est ni bon, ni catastrophique, ce qui est certain, c’est qu’il est largement perfectible qu’aujourd’hui, pour sa troisième saison consécutive dans l’élite du football français, les supporters attendent plus de leur équipe.