Ce mardi soir, la SIG accueillait Ljubljana pour le premier match retour de sa campagne de BCL 2018/2019. Profitant d’un bon départ et d’une belle adresse à trois points dans le premier quart, notamment pour Nicolas Lang (3/3 derrière l’arc), Strasbourg faisait la course en tête, 23-16 après dis minutes. Mais les Slovènes ne lâchaient pas et revenaient, petit à petit, dans la course. A la pause, l’écart était tombé à six points (43-37), puis une seule petite unité avant la dernière période (56-55). Déjà, un petit vent de panique se faisait sentir au Rhénus. Mais avec le talent de son pivot Youssoupha Fall, impérial dans le dernier quart (17 points, 12 rebonds, 2 contres au total), les hommes de Vincent Collet mettaient fin à deux revers de suite dans cette compétition et s’imposaient finalement 81 à 73.
Lorsque la sirène finale retentît, contrairement aux autres victoires de la SIG où le public se masse en foule autour du parquet, ils n’étaient cette fois pas aussi nombreux. La tête était sans aucun doute ailleurs. Dès l’entame du match, on sentait l’attention portée sur d’autres évènements qui avaient lieu à quelques petits kilomètres de là. Les supporters tentaient tant bien que mal de pousser son équipe, surtout en seconde période, mais la tête n’y était pas. Même les joueurs, Alsaciens et Slovènes, étaient déjà au courant. Professionnels jusqu’au bout, ils poursuivaient pourtant leurs efforts, ne serait-ce que pour pouvoir apporter un réconfort, si relatif soit-il, aux 5034 personnes présentes.
Mais sur les coups de 22h15, ce mardi 11 décembre, le Rhénus ne se vida pas de son âme aussi vite que d’habitude. La consigne avait été donnée et tout le monde devait rester là. Chacun essayait, à sa manière, de se détendre : en refaisant le match, discutant des performances de l’équipes, se restaurant ou encore, pour les plus jeunes, en se divertissant sur la console de jeu mise à disposition. Les forces de l’ordre se mettaient en place en dehors du Rhénus pour assurer la sécurité de l’ensemble des personnes présentes, sans que tout cela se sente de l’intérieur. Sig’oh essayait bien de redonner le sourire aux spectateurs, mais la mission était bien trop compliquée, même si… Puis, c’était au tour d’Ali Traoré d’entonner une chanson, rappelant la proche arrivée des fêtes de fin d’année avant la Marseillaise lancée par le joueur avec Alain de Senne et reprise en cœur par tout le public.
De mon histoire récente au Rhénus, l’hymne nationale s’était faite entendre (de manière marquante) à deux reprises : lors de la qualification héroïque face à Klaipeda l’an dernier et face à l’Etoile Rouge de Belgrade, en 2015, quelques jours après les terribles attaques parisiennes. Des évènements contraires, mais marquants.
L’attente se faisait longue, la fatigue et le stress commençaient à se faire voir chez certains spectateurs, mais tout le monde resta calme et solidaire. Comme si chacun avait conscience qu’il valait peut-être mieux se trouver là ce soir. Les informations étaient données au fur et à mesure par le speaker, Alain de Senne, ou M. Bellon, le président de la SIG. L’organisation et les bénévoles distribuaient des bouteilles d’eau aux spectateurs, dans le calme et avec le sourire. Alors que les montres venaient de passer à la date du 12 décembre, l’information tombait : chacun allait pouvoir rentrer chez soi, enfin. Nous pouvions rentrer.
Chaque tribune, tour à tour et sans bruit, fut évacuée. C’est ainsi que se terminait certainement une des soirées les plus longues que la SIG ait connu dans son antre, et de loin la moins joyeuse. Car si d’ordinaire le Rhénus voit son essentiel à travers le basket, il était bien ailleurs ce mardi soir et le sport passait, pour une fois, bien après.