Nous sommes en 2018 et la Coupe de France est dominée par les clubs de Ligue 1 depuis 2009 et la dernière victoire d’un club de Ligue 2, en l’occurence Guingamp face à Rennes. Néanmoins, un petit village d’irréductibles stillois résiste, encore et toujours. Et la vie ne sera pas facile pour les garnisons troyennes qui installeront leur camp à partir d’aujourd’hui autour de ce petit village…
Comme dans les plus beaux succès d’Astérix, la puissance ne fait pas toujours tout et ce ne sont pas toujours les plus forts qui gagnent. Avec un savant mélange de ruse, d’expérience, de chance et un peu de potion magique, même les plus petites cotes peuvent parfois se transformer.
Jeudi soir, lors du dernier entraînement avant ce match tant attendu, 19 joueurs étaient présents sur le petit stade synthétique juxtant le terrain d’honneur. Sous une pluis battante accompagnée de vent, rien n’était facile, comme un avant goût de ce qui aura lieu dimanche. Néanmoins, on sentait l’envie de chacun de se mettre dans les meilleures conditions. Avec un entrainement plutot léger, basé sur des exercices d’explosivité très ludiques, la séance se conclut par une opposition de deux fois 20 minutes. La quiétude habituelle des entraînemens stillois fut toutefois loin ce jeudi soir. De nombreux médias nationaux et régionaux avaient fait le déplacement. Les joueurs étaient scrutés, filmés, photographiés. Il faut dire que cette saison, deux clubs de niveau 8 seront présents en 32èmes de finale. Mais, au contraire de Houilles qui affrontera Concarneau, le match Still – Troyes sera celui affichant le plus d’écart entre deux équipes, 8 divisions. Autrement dit, un gouffre.
Mais ça, les joueurs n’en ont pour l’heure que faire, eux qui donneront tout pour ce match d’une vie pour ne rien regretter au coup de sifflet final. Qui sait cependant ce qui se passera dans la tête de ces joueurs au moment de rentrer sur le terrain. Peu habitués à ce genre de rencontre, de pression ou de médiatisation, ces éléments pourront peut être influer sur la préparation de chacun. Face à des troyens qui eux seront dans leur monde, il faudra s’accrocher le plus longtemps possible, ne jamais baisser la tête car tant qu’il y aura de la vie dans ce match, il y aura de l’espoir. Les 2600 spectateurs qui seront présents dans un Stadium de Molsheim qui sera plein devront jouer leur rôle de douzième homme. D’ailleurs, les « favoris » se sont cassés les dents plus d’une fois sur des « petits » villages alsaciens. En 2009, année de la dernière « victoire » surprise de Guingamp, Schirrhein avait déjà réalisé un exploit majuscule en éliminant Clermont 4 à 2, après avoir pourtant été rapidement mené 2 à 0. De son coté, Troyes s’était déjà incliné face une équipe alsacienne en 2003, c’était à Schiltigheim, toujours en 32èmes de finale. Beaucoup de signes, peut-être, mais il faudra tout de même jouer ce match sur le terrain, pas avant, pas après, pour rejoindre ces autres clubs dans la rubrique « exploits de coupe ». Dimanche, après 90, 120 minutes ou plus si affinités, le résultat final ne comptera peut-être pas beaucoup. Le plus important sera de sortir de ce match avec la fierté d’avoir tout donné, pour soi, pour ses coéquipiers et pour tous ces supporters. Un adage célèbre dit « qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ». Ce qui se résume pour Still, victoire ou défaite, tant qu’on pourra en garder les meilleurs souvenirs.
Mais avant ce match, il faudra tout de même aussi se rappeler que les belles choses n’arrivent pas qu’aux autres. Et puis, il y a une autre phrase qui revient beaucoup dans les bouches de ces « petits » stillois, pourquoi pas… N’est ce pas, pourquoi pas eux ?
Crédit photo : Cyril Gife