Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il revient sur un fait de jeu, passé inaperçu, mais qui a couté cher aux verts…
Décidément Colmar n’y arrive pas ou plutôt n’y arrive plus ! Après une fin de saison dernière qui s’est terminée en boulet de canon avec plus de points récoltés lors des trois dernières journées que lors des onze premières de la saison en cours, les supporters des verts restent sur leur faim depuis le début de l’exercice actuel. Un début de saison catastrophique, avec une seule victoire en onze journées pour cinq nuls et autant de défaites, qui plonge logiquement les Colmariens à la dernière place du classement. Pourtant les verts n’avaient pas trop mal démarré en restant invaincus lors des quatre premières journées et c’est ensuite que la machine s’est vraiment grippée avec seulement deux points de pris sur les vingt et un derniers mis en jeu !
Le spectre de Damien Ott
Ironie du sort, un de ces deux points a été arraché à Avranches dans les derniers instants de la partie face à la formation coachée par un certain Damien Ott. Avranches qui est aujourd’hui cinquième, qui totalise le double de points de Colmar et voilà que dans la cité de Bartholdi Ott est à nouveau un magicien, un exemple à suivre et les langues vont bon train dans les cafés le samedi matin, lendemains de match, après les désillusions colmariennes devenus malheureusement habituelles. Sauf que ceux qui louent aujourd’hui celui qui a été débarqué au printemps dernier sont les mêmes qui auraient voulu lui ériger un échafaud place Rapp lorsque les Colmariens n’y arrivaient plus et se dirigeaient lentement mais sûrement vers le CFA. Et toujours, après chaque nouvelle journée décevante, dans les discussions de ces « spécialistes qui refont le match » ressort la même rengaine qui vante le beau jeu des SR Colmar qui jouent de mieux en mieux…mais pourtant ne gagnent pas. Si la situation ne venait pas à s’améliorer lors des trois prochains matchs face aux trois promus Béziers, Les Herbiers et Sedan oseront-ils être aussi virulents avec celui qui est devenu leur Dieu en sauvant leur équipe favorite d’une relégation qui leur tendait les bras ? Les choses changent vite, le vent tourne tout aussi vite dans le football et les girouettes accompagnent la tempête mais ça, les entraîneurs le savent c’est le quotidien de leur métier. Et puis il y a toujours des « rôdeurs » qui attendent, qui attendentÂ…
La recette parfaite pour perdre deux points
Colmar intrigue, Colmar fait parler. A Saint-Louis, samedi soir où j’assistais à la réception de Lyon Duchère, les SRC étaient présents dans les discussions. A Belfort dimanche après-midi, lors du match des U19 Nationaux Belfortains d’Hervé Grasseler face à Pontarlier, Maurice Goldmann le sorcier de l’ASMB se demandait aussi ce qui arrive à Colmar. Alors quand rien ne va, rien ne va… Et même quand tu mènes au score, ce qui ne t’es plus arrivé depuis la quatrième journée à Marseille, tous les ingrédients sont réunis pour concocter la recette parfaite pour finalement laissé échapper la saveur de la victoire et perdre deux points. Colmar n’a su conserver son avantage au score qu’une seule fois cette saison lors de sa victoire face à Châteauroux et contre Orléans il a laissé filer les deux points supplémentaires comme à Boulogne et à Marseille sur le même score de un partout. Ces ingrédients dont je vous parle sont : Le manque de chance comme sur cette frappe de Gbizié sur le poteau en seconde période, mais ceci n’est pas une surprise car en général elle se met plutôt du côté d’une équipe qui joue le haut du classement que d’un relégable. Mais aussi la maladresse de Soubervie qui avait l’occasion de tuer le match si son penalty n’avait pas fui le cadre alors que son coup franc était un bijou dans le genre sur l’ouverture du score ou encore la maladresse ou le manque de vista lorsque Benkaid et Belvito n’ont su pousser le ballon au fond des filets sur le coup franc de Gbizié.
Mais j’ai surtout été frappé par un autre ingrédient qui a fait basculer le match. Mais de quelle saveur était-il ? Est-ce de la résignation, un manque de gnac, l’absence d’un aboyeur qui sait mettre de l’ordre sur le terrain même au près du corps arbitral, un manque d’expérience, de la naïveté ? Les observateurs de clubs ne sont pas très gâtés au Colmar Stadium, mais ceci est encore un autre débat, et malgré que je sois placé en face de la surface de but d’Orléans j’ai immédiatement remarqué ce qui allait causer l’égalisation visiteuse en attirant l’attention de mon fils et de Jeannot Chouvet, un ex coach des verts au milieu des années quatre vingt, sur ce fait de jeu dont je veux vous parler. Et la vidéo de la LAFA (résumé ICI) a conforté ma toute première impression : D’abord Gasser est à la lutte avec Pepe, sous les yeux du banc colmarien, et le défenseur vert fait une talonnade pour se dégager du pressing de l’attaquant d’Orléans. Ce dernier contre le ballon (Photo 1) qui sort en touche à la hauteur de Didier Ollé Nicolle.
Une remise en jeu qui aurait du être au bénéfice des Colmariens mais même Ollé Nicolle ne semble plus savoir où il en est et indique dans un premier temps que la touche est Orléanaise (Photo 2).
Avant de se raviser (Photo 3).
Trop tard, la malice de Pepe fera le reste puisqu’il s’emparera du ballon, gagnera cinq mètres par rapport à l’endroit où le ballon est sorti et effectuera de surcroît une fausse touche sans que qui que ce soit ne bronche (Photo 4).
Les Colmariens tergiverseront, n’arriverons pas à se dégager sous le pressing d’Armand, Pepe et Delclos et celui qui aura subtilisé une remise en jeu au nez et à la barbe des verts égalisera au terme de cette action…
Plus qu’un penalty raté, qu’une balle sur le poteau, des actions qui font finalement partie du jeu, une action lourde de conséquence comme celle-ci lorsque l’on a un besoin vital de points est tout autant rageuse qu’elle est passée inaperçueÂ…