Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il revient sur cette avancée majeure dans notre championnat de France…
La mise en place de la « goal line technology » dans le championnat de France de Ligue 1 a pris du temps mais la LFP a enfin franchi le pas depuis le début de cette saison. Un premier pas longtemps hésitant dont bénéficient les footballeurs de la L1 mais uniquement eux, puisque tant la L2 que les deux coupes nationales (coupe de France et de la Ligue) ne sont pas concernée pour l’instant. Cette révolution, tant attendue, permet de déterminer si le ballon a franchi entièrement ou non la ligne fatidique en prévenant l’arbitre à l’aide d’un petit signal, mais ô combien important, sur sa montre spécialement conçue pour. Le système, déjà utilisé au Brésil lors de la dernière coupe du monde, fonctionne à l’aide de 14 caméras reliées à un ordinateur et qui suivent en permanence les moindres faits et gestes du ballon en « 3D ». La détection est électronique et plus de polémique pour savoir si le but doit être accordé ou non. Mais malgré cela il existera toujours des têtes brûlées qui trouveront à contester cette technologie, la preuve nous vient tout droit d’Angleterre puisque le week-end dernier lors de sa cinquième défaite de la saison Chelsea affirmait que la tête de Kurt Zouma a franchi la ligne de but alors que la « Goal line technology » démontrait le contraire.
La « Goal line technology » enfin inaugurée en France
C’est le Stade Rennais qui a enfin inauguré ce système et plus précisément son Polonais Kamil Grosicki qui, en égalisant sur coup franc, est entré dans la postérité de la « Goal line technologie » made in Ligue 1 française et ce malgré les efforts du portier Lorientais, Benjamin Lecomte, qui s’attendait au départ à un centre. L’homme en noir Benoît Bastien, en jaune pour la circonstance, est aussi rentré dans l’histoire puis qu’il est donc le premier arbitre français à lever le bras en indiquant son poignet pour signifier aux vingt deux acteurs et aux spectateurs du stade du Moustoir sa décision de valider le but. Il aura fallu attendre la onzième journée de championnat pour que l’investissement, longtemps refusé par la LFP, se montre rentable. Un moment, avant l’adoption de cette assistance technologique, on avançait tout de même un chiffre oscillant entre deux cents et trois cents mille euros par stade, un chiffre qui plaidait en faveur des plus sceptiques dont un qui a vu sa candidature à la présidence de la FIFA prendre sérieusement du plomb dans l’aile ces derniers temps. En décembre 2012, Platini déclarait « Je préfère donner 50 millions d’euros au football de base, plutôt que pour une technologie utile pour un ou deux buts par an ». Sur ce point on ne peut pas lui donner tort à cent pour cent puisque pour l’instant un seul but a été validé au bout de onze journées de championnat. Farouche opposant à l’assistance vidéo mais partisan de l’arbitrage à cinq, il rajoutait dans la foulée « S’il y a un arbitre derrière le but, s’il est à un mètre de la ligne et s’il a de bonnes lunettes, il peut voir si le ballon a franchi la ligne ou non ». Bon il oublie qu’ils ne sont pas tous clients chez Afflelou, la Champion’s League en est une preuve affligeante !
Une première déjà lors de la coupe du monde au Brésil
Lors du dernier mondial au Brésil c’est Karim Benzema qui a inscrit un but face au Honduras après que l’arbitre ai eu recours à la « Goal line technology » pour la première fois dans l’histoire de la coupe du monde. Suite à une frappe sur le poteau, le gardien du Honduras n’a pas fait preuve d’une maîtrise totale et c’est dans une certaine confusion sur le terrain que ce but a été validé, une confusion qui s’est montré contagieuse jusque chez nos commentateurs télé vedettes qui ne savaient plus à quel sein se vouer… En effet une première image montrait le ballon en dehors du but après avoir frappé le poteau puis une seconde montrait bien le ballon entièrement derrière la ligne. Bref, ce fut une première et tout le monde a un instant pataugé sur ce coup-là. Cette nouveauté permettra néanmoins d’éviter des frustrations comme celle de Franck Lampard lors du huitième de finale de la Coupe du monde 2010 entre l’Allemagne et l’Angleterre lorsque sa frappe avait franchi la ligne de but après un rebond sur la transversale. Qui, aujourd’hui, pourrait nous garantir que l’Allemagne se serait qualifiée si l’Angleterre était revenue à deux partout à ce moment de la partie ?
A quand une assistance vidéo plus complète ?
Dorénavant une situation comme celle qui s’est produite lors de la vingt neuvième journée de la saison dernière le dimanche 15 mars entre les deux Olympiques, ceux de Marseille et de Lyon, ne devrait donc plus se reproduire. Alors qu’il ne restait même plus dix minutes à jouer les Marseillais obtenaient un corner sur lequel Lucas Ocampos, à la lutte avec le portier Lyonnais Anthony Lopes, avait inscrit un but qui n’a jamais été validé par l’arbitre de la rencontre un certain… Benoît Bastien. A la décharge de celui qui aura finalement accordé le premier but en France grâce à la « Goal line technology », le week-end dernier pour Rennes contre Lorient, il était impossible vu les circonstances de voir que le ballon avait bien franchi entièrement la ligne du but Lyonnais et seuls les ralentis avaient pu le démontrer. Mais de ralenti et plus précisément d’une assistance vidéo plus complète, sur certaines actions, pourquoi on n’en veut pas ? A chaque journée de championnat il se produit pourtant des situations litigieuses qui pourraient être évitées si, enfin, on optait pour une assistance des arbitres par l’image. Rien que lors de la dernière journée de championnat de Ligue1 pas moins de cinq cas se sont produits dont deux lors du même match opposant Lyon à Toulouse. D’abord un penalty non sifflé en faveur des Lyonnais pour une faute de Yago sur Tolisso puis ensuite ce sont les Toulousains qui se sont vu refuser un but pour un hors jeu injustifié. Les Bastiais et les Marseillais ont également été privés d’un penalty, Bastia à Montpellier pour une faute de main de Roussillon et L’OM à Lille pour une faute de Soumaoro sur Batshuayi. Si pour ces trois rencontres ces faits de jeu n’ont pas eu d’incidence sur le résultat final Troyes peut s’estimer être le grand perdant des litiges d’arbitrage du week-end puisque deux minutes après l’ouverture du score Girondine, Perea a été mis à terre dans la surface par Pablo sans que Saïd Ennjimi ne bronche. Rien ne nous dit que le penalty aurait été transformé mais à l’aide de l’assistance vidéo il aurait au moins eu le mérite d’être accordé.
Samedi dernier, une première a eu lieu dans le football français mais il reste du chemin à faire…