Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il nous parle de ce fameux carré vert qui enjolive nos stades préférés…
Le 1er avril est à peine passé et je ne vais pas prendre un an d’avance pour vous faire le poisson de 2017 mais l’ESTAC est bien second en talonnant le PSG en Ligue 1 au classementÂ…des pelouses. Personnellement je ne suis pas surpris de ce classement qui voit en tête le club le plus riche de France et un de ceux, même s’il va rejoindre la Ligue 2, réputé pour son beau jeu car ceux qui aiment le beau football sont également amoureux des belles pelouses.
Un « manager de terrain » à prix d’or
Et avoir une bonne pelouse ça n’a pas de prix ! Rien d’étonnant donc que le PSG soit leader de ce championnat des pelouses car le club de la capitale a les moyens de se payer celui qui est le champion d’éleveur de graminées. Fini le temps où à l’Abbé Deschamps c’est Guy Roux qui surveillait l’état de son rectangle vert, qui répandait l’engrais (Mais aussi pour la pub ou la une de France Football), qui l’aérait ou encore le tondait. Imaginez un seul instant Laurent Blanc en faire de mêmeÂ…
Si le parc des Princes a la plus belle pelouse de France elle le doit à son « Groundsmanager », comprenez Manager de terrain plutôt que jardinier comme aime le souligner Jonathan Calderrwood qui a en charge l’entretien de la surface verte du parc des Princes depuis 2013. Et si celui qui a une formation scientifique d’ingénieur agronome a un salaire bien évidemment en dessous de ceux qui profitent de son savoir faire en foulant ce magnifique gazon, il rivalise avec certains joueurs de Ligue 2 voir de jeunes débutants en Ligue 1 avec ses 20 000 € mensuels. Rien d’étonnant donc qu’il a été transféré comme le sont les joueurs puisqu’auparavant il s’occupait de la pelouse d’Aston Villa.
Mais ceci me pousse aussi à mettre en avant le mérite qu’ont les autres « managers de terrain », il n’y a pas de raison qu’eux on les appelle jardiniers, des clubs qui suivent le PSG (18.8 de moyenne) au classement dont l’ESTAC de très près avec une moyenne de 18, l’En avant Guingamp avec 17,8 ou encore le FC Nantes ou Montpellier. Et si je peux tresser des lauriers à ceux-là je peux aussi décerner le bonnet d’âne au GFC Ajaccio qui ferme la marche avec un petit 10,2 mais ceci n’est pas réellement une surprise en sachant que les terrains Corses ont de tout temps eu mauvaise réputation !
Au bon souvenir de Roger DirandLa Ligue 2 possède également son classement des pelouses et la première place se joue dans un mouchoir de poche entre le FC Metz et le RC Lens, respectivement 17,3 et 17,2 de moyenne, mais c’est plus la fin de ce classement qui m’interpelle. Qui ne se souvient de cette magnifique pelouse du Stade Bonal dans les années 1980, qui avait la réputation d’être la plus belle de France ? Le FC Sochaux-Montbéliard, qui évolue aujourd’hui sur la plus mauvaise pelouse des clubs professionnels (Ceux du National qui ont encore le statut professionnel ne sont pas concernés car cette division n’a pas de classement des meilleures pelouses), avait aussi son « Groundmanager » qui bichonnait Bonal comme si c’était son jardin privé. Ayant Âœuvré lors d’une période qui parait aujourd’hui révolue en matière de communication, sans internet et les réseaux sociaux, il est difficile de trouver des informations sur ce faiseur de miracle qui a fait de Bonal une vraie moquette.
Mais certaines langues se délient et transforment leurs paroles en un hommage unanime lorsqu’il s’agir de Roger Dirand. J’ai eu l’envie de vous parler de la splendeur de la pelouse du parc des Princes après le dernier match du PSG contre Nice et je me suis souvenu d’un post partagé sur Facebook par Stéphane Veaux, le sympathique speaker de Bonal, lorsque dernièrement la pelouse sochalienne a été refaite entièrement. Un commentaire signé Alain Flaccus voulait tout dire au sujet de Roger Dirand « Quand le nouveau stade fut engagé, Roger Dirand (l’ami de tous les sportifs sochaliens, pais à son âme) avait dit aux dirigeants voulant conserver la fameuse pelouse que s’en serait fini car cétait PLUS que du naturel, c’était du fait mainsÂ… Fallait le voir en fin de saison découper ses plaques 50X50 derrière les buts pour remplacer le devant et vice/versa pour la repousseÂ… L’arrosage tard les soirs d’été pour ne pas brûler la pelouseÂ… le fait de fermer complètement le stade sans soleil, sans aération, sur une zone marécageuse ne l’oublions pas était voué à l’échec. Il avait raison. Combien de fois a-t-elle déjà été refaite ? ».
Et oui, Roger Dirand n’avait peut-être pas de formation scientifique d’ingénieur agronome et ne gagnait à coup sûr pas 20 000 € par mois mais il avait une passion commune avec Jonathan Calderrwood et tous les autres jardiniers qui soignent au mieux les terrains de jeux de nos joueurs de foot : L’amour de la pelouse !