Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il nous parle de l’importance du sommeil et de la récupération pour un sportif de haut niveau
C’est beau le football. Même en des périodes difficiles, très difficiles pour une nation qui se trouve dans une situation de conflits sociaux, de menaces terroristes, le peuple est soudé derrière son équipe nationale. Quel que soit l’endroit, à la maison, dans un bar, sur le lieu de travail ou dans les lieux publics comme au 1er étage du bâtiment 42 des hôpitaux civils de Colmar avec son personnel extraordinaire, le ballon rond suscite l’engouement. Et que peut-on principalement faire dans un hôpital pour améliorer sa guérison si ce n’est y associer repos et sommeil ? Un repos et un sommeil qui comptent plus que tout pour les sportifs et encore plus lors d’une compétition comme l’Euro.
Des moyens très haut de gamme à disposition des sélections
Cet Euro démarre bizarrement avec les formations données pour favorites qui peinent comme le Portugal, la Belgique ou encore l’Angleterre. Mais au final pas si bizarre que cela et même prévisible en invitant au bal 8 convives de plus que lors des précédentes éditions. Et il ne sera pas impossible de voir l’un ou l’autre de ces « intrus » poursuivent l’aventure au-delà des phases de poules. Ils ne sont quand même pas venu pour faire du tourisme en France si déjà on leur donne la chance, pour certains, de participer à un premier Euro.
Que pourrait-on avoir retenu des premières journées ? Les affrontements entre les supporters Anglais et Russes ? Les déclarations maladroites et nauséabondes de Ronaldo à l’encontre des Islandais, le stratège portugais aurait-il pensé qu’ils étaient venus en touriste avec la maxime de Pierre de Coubertin « L’essentiel est de participer » ? Les deux victoires poussives de la France dans les tout derniers instants de leurs deux premiers matchs ? Personnellement, d’un point de vue terrain je désignerais un but qui pour moi est le plus beau pour l’instant tant dans sa préparation que dans son geste final. Celui qui a définitivement assommé les Belges, le second but Italien. Quelle lucidité des Italiens qui n’ont pas cherché à se débarrasser du ballon à l’amorce du contre puis cette passe en profondeur d’Immobile (loin de l’être) pour Candreva qui délivre une merveille de centre pour une non moins extraordinaire reprise de volée de Pellé. Quel geste technique de l’attaquant de la Squadra !
D’un point de vue logistique, je retiendrais la classe des établissements retenus par les différentes sélections ainsi que tous les moyens très haut de gamme mis à disposition des joueurs pour qu’ils soient mis dans les meilleures conditions possibles comme le jet privé dans lequel les Français ont rejoint Clairefontaine après le match de Marseille contre l’Albanie. Mais après tout, cela est-il anormal pour des footballeurs de haut niveau à ce stade de la compétition ?
L’heure du coucher influence de façon déterminante la qualité et la quantité du sommeil !
Tout à fait normal, au contraire que des sportifs étant appelés à des efforts à répétitions intenses soient choyés de cette façon afin qu’un domaine essentiel soit préservé à savoir la récupération entre deux rencontres. Et c’est là où je me suis un peu fâché en repensant aux images des joueurs tricolores dans leur luxueux appareil qui les a ramenés dans leur nid de Clairefontaine… à 5 h 00 du matin ! Alors que le prochain match se jouera contre les Suisses, ces derniers bénéficient déjà de trois heures de récupérations supplémentaires ayant joué à 18 h 00 contre 21 h 00 pour les Français. Et pour accentuer la différence de récupération on décide de rentrer à Clairefontaine dans la nuit même plutôt que de privilégier une bonne nuit de sommeil !!!
Il faut savoir que le sommeil est composé de différents stades : Le sommeil lent (SL), composé lui-même de 4 stades dont le premier correspond à l’endormissement (SL1), suivi de 3 autres stades de sommeil lent de plus en plus profonds (SL2-SL3-SL4). Les stades SL3 et SL4 sont appelés stades de sommeil lent profond. Ils représentent chez un jeune sportif 20 % à 25% d’une nuit de sommeil.
Le sommeil lent est suivi d’un second type appelé sommeil paradoxal (SP). Il représente 25% du sommeil total, c’est le sommeil des rêves. La succession sommeil lent-sommeil paradoxal forme un cycle qui dure environ 90 minutes qui se reproduit 5 à 6 fois au cours de la nuit. Le sommeil de début de nuit est composé essentiellement de sommeil lent profond, tout comme celui de la sieste, alors que celui du matin est très riche en sommeil paradoxal. Bien dormir pour être en forme cela veut dire que si nous nous couchons plus tard que d’habitude, non seulement notre sommeil sera plus court, mais surtout nous dormirons moins de sommeil lent profond. Deux facteurs qui feront que le sommeil sera moins efficace en termes de récupération.
Mais il a surtout été mis en évidence que l’heure du coucher influence de façon déterminante la qualité et la quantité de sommeil produit, alors pourquoi s’être entêté à repartir de Marseille le soir même plutôt que d’avoir fait dormir les Français sur place pour qu’il rejoignent leur camp de base frais et dispos le lendemain matin ? L’avenir nous le dira ce dimanche soir entre des Suisses et des Français qui auront une nuit de récupération d’écartÂ…