Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il revient forcement sur la disparation des SR Colmar, qui vont devoir se relever, péniblement…
Une disparition attriste toujours que ce soit celle d’un humain ou même d’un animal de compagnie, mais malheureusement ce sont les aléas de la vie et on y est préparé. Celle d’un club, malgré son âge avancé, rend tout autant malheureux car ce n’est pas sa destinée comme pour nous les hommes ou les femmes. Un club est fait pour perdurer, pour survivre à ses fondateurs, membres, joueurs, dirigeantsÂ… Aujourd’hui je pense, entre autre, à Roger Peltz qui avait vu le jour la même année que les SR Colmar et qui doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait su porter haut et fort les couleurs vertes et blanches par passion, rien que par passion.
Autopsie d’un massacre
Et aujourd’hui, il ne reste aux supporters des verts plus que leurs yeux pour pleurer. La faute à tout le monde et pas qu’à une seule personne ou à un seul domaine qu’il soit financier, administratif ou sportif. Ces dernières saisons les SR Colmar ont ressemblé à une entreprise de maçonnerie où chacun, je dis bien CHACUN, a posé sa pierre sans respecter les normes anti sismique. Et au premier tremblement de terre atteignant une magnitude plus élevée que celle d’une simple secousse comme beaucoup de clubs peuvent en connaître, l’édifice s’effondre comme un château de cartes et c’est ce qui arrive aux SR Colmar football.
Des fondations dignes de ce nom, un homme avait tenté d’en couler. C’était au cours de la toute première saison de National lorsque Roland Hunsinger avait voulu professionnaliser le club avec l’aide d’une personne compétente en l’occurrence Jeannot Werth. Seulement voilà certains ont senti le vent tourner et surtout leurs petits avantages en tout genre prendre fin. A force de pressions sur les membres du comité et même de certains partenaires, le projet a capoté et ce sont ces personnes-là qui aujourd’hui peuvent se dire qu’elles ont été les précurseurs de ce massacre. Dire que parmi elles il y en a qui prétendent toujours avoir le sang vertÂ… oui mais pas celui de la couleur du maillot des défunts SRC mais celui de la couleur du billet de 100 Euros !
Je suis persuadé que Roland Hunsinger, qui ne l’a jamais avoué en public, a été meurtri par ce complot en coulisses et a donc laissé place à Christophe Gryscka qui a été suggéré par une partie de ces mêmes personnes qui lui ont savonné la planche, et oui encore elles. Les sponsors maillot se sont succédé, mais comme je l’ai toujours dit le sponsor idéal qui aurait eu sa place à merveille sur le torse des joueurs colmariens aurait dû être « Mr Bricolage » tellement le club bricolait. Pas d’employé administratif à temps plein, pas de secteur commercial digne d’un club de National, et pendant ce temps-là les étages s’empilaient les uns sur les autres mais l’édifice tremblait de plus en plus. Comment s’étonner dès lors que les SR Colmar ont perdu quatre matchs sur tapis vert ces dernières années ? Contre Epinal en National lors de la saison 2011/2012, en demi-finale de coupe du Crédit Mutuel avec l’équipe 3 contre Horbourg, celui de cette saison avec l’équipe réserve en DH contre Dinsheim sans compter le fameux imbroglio du match de Béziers. Comment être surpris sur le déficit de la saison en cours, lui qui a causé le dépôt de bilan de la SAS, alors que les partenaires étaient démarchés à la bonne franquette sans bon de commande dûment rempli et signé par les deux parties ? Combien de soi-disant sponsors s’étaient engagés à verser X euros au club et ne l’ont jamais fait faute de relation contractuelle tout en profitant des matchs et réceptions qui s’en suivaient « à l’Âœil » ? Rien de surprenant donc que l’association suive le chemin de la SAS en déposant le bilan à son tour, les manquements fiscaux reprochés lui étant imputables avant la création de la SAS en question. Ce qui me surprend le plus aujourd’hui, c’est que tout le monde dit que personne n’était au courantÂ… Lorsque petit à petit le doute d’une double billetterie fait surface sur les réseaux sociaux (Billets gratuits vendus, billets invendus du match de Bastia vendus aux supporters de Belfort) il ne faut pas me faire croire qu’une seule personne orchestrait celle-ci !!!
Et enfin pour terminer, comment peut-ont faire abstraction de l’échec sportif qui a été un fiasco monumental ? Personne n’en parle et cela me révolte ! Autant j’étais d’avis que, dans le cadre d’une montée en puissance du club et que dans ce cas, le changement de coach s’imposait lorsque Jeannot Werth et Roland Hunsinger l’avaient envisagé ou encore lorsque Christophe Gryscka l’a mis en Âœuvre, autant il ne fallait pas se tromper et porter son choix sur une personne compétente, de préférence stable. Même si on n’y connait rien en football, qu’on n’a pas de réseau, pas de relation dans le milieu du football professionnel, comment de nos jours peut-on se faire berner avec des moyens tel que internet comme outils de secours ? Il aurait suffi à Gryscka de se rendre sur le forum de l’OGC Nice ICI puis ICI et jamais Ollé Nicolle n’aurait mis un pied sur le moindre pavé colmarien.
La cause du dépôt de bilan de la SAS, ne l’oublions pas, n’est pas le redressement fiscal mais bel et bien le déficit causé par le manque d’équilibre entre les recettes et les dépenses de l’exercice en cours soit un montant (non officiel) d’environ 700 000 € d’après les différentes sources. Le premier avertissement d’un échec sportif imminent a été l’élimination en coupe de France contre Raon l’Etape. Recevoir un club comme l’AS Saint-Etienne en 1/32 de finale aurait rapporté au minimum 100 000 € au club sans compter que l’aventure aurait pu se poursuivre, les Stéphanois s’étant qualifié de justesse aux tirs au but dans les Vosges. Si l’objectif fanfaronné en début de saison, de jouer la montée en Ligue 2, avait été respecté ne croyez-vous pas que l’affluence du Stadium aurait été plus massive, que des partenaires auraient été plus enclins à participer à l’aventure et donc plus de recettes ? Imaginez un seul instant que lors de la dernière rencontre à domicile les verts recevaient Amiens pour disputer aux Picards une place sur le podium et de fait une accession en Ligue 2, le stade aurait été complet et encore une fois il aurait été plus facile d’attirer les sponsors. Qui se hasarderait à dire qu’aujourd’hui la situation serait celle des SR Colmar si l’échec sportif n’avait eu lieu ??? Trop facile de ne tirer que sur l’aspect administratif et financier. Ce ne sont pas Jaegli et le comité qui ont recruté Ollé Nicolle, puis plus tard constitué l’effectif 2015/2016 et encore moins qui ont entraîné et coacher les joueurs.
Mais maintenant il est trop tard le mal est fait. Les SR Colmar n’ont, malgré tout, pas laissé indifférents après le séisme et les sauveteurs déblayeurs se sont activés pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Deux projets avaient vu le jour et c’est finalement le troisième, à l’image de la fable du lièvre et de la tortue, qui s’est imposé sans faire de bruit. A sa tête, un vrai vert de toujours en la personne de Guy Meyer. Un vert de longue date dont on n’a pas besoin de surveiller le nez lorsqu’il dit qu’il le fait par passion pour son club de toujours. Non ont peut être rassuré il ne poussera pas comme celui de Pinocchio !
Les SRC sont morts, et combien de fois je m’étouffais lorsque j’entendais dire ou lisais « LE SRC » ? Cela ma passera puisque dorénavant ce sera bien au masculin qu’il faudra nommer le club avec son nouveau nom qui est « Stadium Racing Colmar ». Mais parler des candidats au maintien en vie des, ou du, SRC et oublier de parler de celui sans qui peut-être plus rien n’existerait serait injuste. Il a vécu une année compliquée dans l’ombre, dans la discrétion, méprisé par celui qui l’avait recruté. Celui qui ne s’est jamais pavané en tribune d’honneur pour suivre un match de National et qui préférait se poster le long du grillage a su se faire adopter par « ses » minots comme il aime les appeler. Et ils ne sont pas les seuls, il fait l’unanimité auprès de leurs parents, des éducateurs, des supporters. Lui, c’est Sébastien Cuvier qui est tombé amoureux de ce club, de ce stade, de cette ville et qui y est resté alors que d’autres lui faisaient les yeux doux. Et si le sauveur du club c’était lui avec son projet sportif dont il aime bien rappeler que c’est un projet club et non pas un projet pour l’équipe fanion, un projet qu’il a failli se faire voler ?
Il y a un an j’étais MDR, comme disent les jeunes, lorsque les SR Colmar avaient recruté un joueur en affirmant « il sera la clé de voute de notre nouveau projet » alors qu’il avaitÂ…une clause libératoire dans son contrat. Comment peut-on faire d’un joueur qui a une clause libératoire la clé de voute d’un projet ? Aujourd’hui, la clé de voute du projet de Guy Meyer et de son équipe c’est Sébastien Cuvier et il faut le laisser bosser avec les moyens du bord sans lui mettre la pression. Le laisser reconstruire sportivement là où les autres ont pêché pour qu’un jour Colmar ait de nouveau une équipe digne de ses installations à la hauteur de divisions bien plus importantes que le championnat d’excellence. Longue vie au SRC !