Dans une interview accordée au site « Foot d’Avant », l’ancien Racingmen, Valérien Ismaël est revenu sur la belle épopée qu’il a vécu avec Strasbourg en Coupe d’Europe. Il revient particulièrement sur le coup-franc qu’il avait inscrit face à l’Inter de Milan de Ronaldo.
« Pendant les entraînements et avec l’équipe réserve de Strasbourg, j’ai toujours tiré des coups-francs. En match, ça ne marchait jamais : soit ça tapait dans le mur où j’en dégommais souvent un, soit ça allait à côté ou ça partait trop haut. Je me souviens encore de Pascal Janin, l’entraîneur de la réserve, qui me disait : « ça ne te sert à rien d’avoir une frappe de mule si tu n’es pas capable de cadrer. Je te conseille de mettre moins de puissance mais de cadrer et après tu verras ce qui se passera ». A l’entraînement, j’ai travaillé la précision. Contre l’Inter Milan, c’était LA course d’élan et LA frappe parfaite, le jour parfait. Je savais que j’avais la force pour frapper de loin. Je me souviens de mon échange avec Gérald Baticle et Olivier Dacourt avant de tirer ce coup-franc. « Ecoute, ça fait un peu loin » m’a soufflé Gérald. « Décale-moi juste le ballon, je vais cadrer, ensuite on verra », lui ai-je répondu. Quand le ballon est parti de mon pied, j’ai tout de suite senti que la frappe était pure. J’ai même été surpris de voir à quelle vitesse la balle est partie dans le coin. C’était la confirmation que le travail paie. Les coups-francs, je les ai travaillés pendant des heures et des heures à l’entraînement. J’ai connu tellement de désillusions quand ça ne marchait jamais. Il fallait attendre le jour idéal pour que ça fonctionne.
Dans les buts, il y avait Gianluca Pagliuca. L’Inter Milan avait une équipe exceptionnelle avec Ronaldo, Youri Djorkaeff, Ivan Zamorano, Diego Simeone. Le lendemain au réveil, je me suis demandé si c’était bien réel. Même si Strasbourg a été éliminé à San Siro, nous nous sommes battus comme des chiffonniers. Nous avons poussé l’Inter Milan dans ses limites et ça m’a rendu fier. Ils ont montré leur plus beau visage pour se qualifier et j’ai senti du respect dans leurs yeux. Strasbourg a perdu car l’adversaire était meilleur. Dans ce cas-là, c’est plus facile à accepter. Je me souviens qu’au retour, Ronaldo avait été exceptionnel. Sa vitesse d’exécution était incroyable. Au démarrage, sur les dix premiers mètres, c’était comme un dragster. J’étais fier d’avoir fait vaciller le meilleur joueur du monde sur un match. »