Alors que le Racing Club de Strasbourg retrouve la compétition ce dimanche avec un déplacement périlleux du côté de Marseille, on en profite pour revenir sur le meilleur souvenir d’un membre de l’équipe Direct Racing. Grand supporter du club alsacien, Mathieu Kaminski n’oubliera pas de sitôt la finale de la Coupe de la Ligue version 2019 !
« Choisir son plus beau souvenir avec le Racing n’est pas facile car ils sont nombreux. Mais si je dois en retenir un seul, ce sera la victoire en Coupe de la Ligue contre Guingamp en mars 2019 au stade Pierre Mauroy. Cet événement est celui qui compte les sensations les plus intenses pour moi. Mon père m’a accompagné ce jour-là. Alors qu’il m’avait emmené pour la première fois à la Meinau contre l’AS Cannes en 1994, nous nous retrouvions ensemble pour vivre un moment historique de notre club 25 ans plus tard. Pourtant, des moments historiques, il y en avait eu d’autres bien avant notamment une victoire en coupe de la ligue et en coupe de France. Mais l’effet n’était pas le même, j’y reviendrai plus tard !
Excitation, impatience, stress, émotion, il n’y a pas assez d’adjectif pour décrire tout ce que j’ai pu ressentir sur place. La première claque émotionnelle arrive lors de la Fanwalk. Ce cortège impressionnant, vibrant au son de ses chants, ce cortège qui rassemble toutes les générations, les petits, les plus grands, des amis, des familles. Un peuple qui marche ensemble, uni et avec la détermination de pousser son équipe sur le terrain. Le cortège avance dans les rues lilloises direction l’arène de combat. Je croise des regards qui sont envoutés, comme le miens. A ce moment là, je pense au périple de notre club pour revenir dans la lumière. Je revois la dissolution du club, les années passées en CFA , la montée de national à ligue 2, puis le titre de champion en ligue 2, le coup-franc de Dimitri un an plus tôt. Tout y passe, mais également le souvenir de mon premier match avec mon père, lui qui m’a transmis la fibre et la passion pour ce club. Je croise son regard, pas un mot, un sourire nous suffit à nous comprendre.
Nous arrivons dans le stade, stade bleu à 70%. Des chants, encore des chants, le regard d’Arsène Wenger qui présente la coupe aux supporters. Puis l’excitation laisse place à la peur dès le coup d’envoi. Le match est fermé. Le Racing est même dominé. S’ensuivent alors 120 minutes interminables, suffocantes et irrespirables. L’arbitre siffle alors la fin du match. Ce sera donc l’épreuve des tirs aux buts. émotionnellement, je suis épuisé. Mon père aussi. On se demande comment tout ça va se finir. Puis arrive le penalty de Lionel Carole. Je ne suis pas forcément démonstratif avec mes proches et surtout mon père, mais là, j’ai besoin de lui, je le prends par les épaules. Mon souffle est coupé, les secondes deviennent des heures. Lionel fixe le gardien, s’élance et marque ! Sensation indescriptible ! Je veux me retenir, mais d’autres autour de moi craquent. Je fonds en larmes dans les bras de mon père. C’est incontrôlable pour lui comme pour moi.. J’ai ressenti à ce moment-là un frisson unique et gravé en moi à jamais. Nous l’avons vécu ensemble, entre père et fils. Notre passion commune est à ce moment-là gravée au fer rouge.
Mais comme je l’ai mentionné précédemment, il y a eu d’autre faits marquants avant cette victoire contre Guingamp. Alors pourquoi celui-ci était-il plus fort ? Dans la vie, bien souvent on se rend compte qu’on aime quelque chose ou quelqu’un quand il n’est plus là. Le Racing avait coulé dans les profondeurs du football français. Son absence au premier plan laissant un vide immense. Mais le Phoenix renait de ses cendres… alors nous nous sommes promis de ne pas passer à côté de sa deuxième vie et vivre à fond chaque moment comme si c’était le dernier ! Vivre cette finale aux côtés de mon père était une chance inouïe. Rien ne peut me dire si celle-ci se représentera…
Strasbourg Guingamp, à Lille un soir de mai 2019, le plus beau moment de ma vie de supporter strasbourgeois. »