C’est sans aucun doute le plus Strasbourgeois des Belfortains! Dimitri Lienard nous parle à coeur ouvert de ce début de saison compliqué avec le Racing. Arrivé à l’été 2013, le milieu de terrain a gravi les échelons saison après saison. Il s’installe aujourd’hui comme un joueur cadre et reste plus que jamais le joueur le plus respecté des supporters strasbourgeois. Apprécié pour son franc-parlé, Dimitri Lienard ne prend pas le dos de la cuillère et revient longuement sur des questions que bon nombre d’amoureux du Racing se posent aujourd’hui :
Bonjour Dimitri, tu as eu quelques douleurs ces dernières semaines, comment te sens-tu aujourd’hui ?
Depuis quinze jours ça va beaucoup mieux. J’ai fait de la mésothérapie sur la zone douloureuse (proche du pubis), cela m’a fait énormément de bien. J’espère que cela ne va pas rechuter. Sur chaque passe ça me « claquait », il fallait essayer de gérer. Autant pendant un mois j’ai énormément souffert au point d’être bloqué sur certaines situations, autant maintenant ça va beaucoup mieux. Je m’étais bien entraîné la semaine passée, j’étais un peu déçu de ne pas entrer. Je me suis dit que pour une fois que je peux refaire un match sans douleur ça pouvait être cool. C’est un choix du coach, j’espère jouer à domicile face à Nice. On a pas plus discuté que ça. Je suis dans le groupe, que je sois sur le terrain où non j’essaie d’apporter.
Vous vivez une saison difficile actuellement, comment tu l’expliques ?
Cela ne va pas dans le sens où on voudrait que ça aille. Cela ne va pas comme ça devrait aller au niveau du club après tous les efforts effectués durant ces dernières années ainsi que les exploits accomplis. On a toujours travaillé dur pour en arriver là. Le match de samedi je pense qu’il est capital, nous sommes dos au mur. On joue chez nous contre Nice, même si à domicile je me fais un peu moins de soucis, il ne faut pas s’appuyer que là-dessus. Avec le public, chaque joueur va réussir à se transcender et n’aura pas le choix que de mouiller le maillot. Peut-être qu’un jour ou l’autre, à force d’être dos au mur, on va se casser la gueule pour de bon. Il n’y a pas de hasard dans le football. On peut être en manque de réussite par moments. Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est que soit on en fait pas assez, soit que nous sommes techniquement pas au niveau de la Ligue 1.
à l’extérieur, nous n’avons pas mis un pion et peu importe la tactique mise en place par le coach, il y a quelque chose qui cloche, ce n’est pas possible d’en être là actuellement. Il faut que tout le monde prenne conscience de la situation. On est que à la 10ème journée mais dans le foot ça va très vite. Une fois que tu es enlisé au fond, pour faire comprendre à tout le monde que ce n’est pas en claquant des doigts qu’on va s’en sortir, ce n’est pas facile non plus. Une fois que t’es dans le fond, pour t’en sortir, il faut redoubler d’efforts. La tête fait énormément dans le football, peut-être qu’avec mon expérience à Strasbourg, je sais comment ça marche. Pour certains, peut-être qu’ils ne s’en rendent pas compte de la situation. J’espère qu’il y aura la victoire samedi, mais il faudra ensuite faire un résultat à Angers sinon tu seras à nouveau dos au mur lors de la réception de Nîmes. On ne peut pas proposer que ce que l’on propose dans le jeu actuellement, il faut qu’on fasse beaucoup mieux.
On a l’impression qu’il n’y a pas de révolte sur le terrain
C’est clair, je n’ai pas peur de le dire, une fois qu’on prend un but, ça coule et tout le monde plonge. On a du mal à avoir une révolte tous ensemble. Il va y avoir des réactions, deux d’un côté, deux de l’autre. On a discuté entre nous, on en est conscient, personne n’est content de que l’on fait. Il y a des saisons qui sourient moins,. Depuis que je suis ici, en dehors de la première saison, tout a toujours été tout beau tout rose. Dans le vestiaire, il n’y a pas une ambiance de merde, tout le monde s’entend plutôt bien. Ce n’est pas un mauvais vestiaire, tout le monde essaie de faire du mieux possible. Sur le terrain c’est dur de montrer la voie. J’ai ce match à Dijon en tête (défaite 1-0) où c’était une purge de A à Z, que ce soit techniquement, mentalement ou physiquement. Il n’y avait rien. Quand tu es le Racing tu ne peux pas te permettre de faire comme le PSG et de faire entrer un joueur comme Mbappé qui change tout. à Strasbourg, on n’a pas de génie. Il faut que tout le monde tire dans la même direction, tout le monde doit être en « chien de la casse », tout le monde dans le même état d’esprit. Depuis que je suis au Racing, c’est comme ça que ça marche. Il n’y a pas de mec qui va sauver la patrie. Mon coup franc c’était un miracle, sur 30 fois c’est arrivé une fois.
Tu es sans doute le meilleur sur le terrain (en dehors du gardien), c’est presque une anomalie ?
C’est exactement ce que je disais à ma famille. Je suis capable de faire des exploits extraordinaires avec le Racing ici. Mais comme tu dis, il y a des joueurs cadres et des joueurs d’expérience. Il faut que certains joueurs prennent conscience qu’on doit faire plus et mieux. C’est obligé, sinon on ne s’en sortira pas. Il y a 4/5 joueurs qui doivent montrer la voie et l’élan à prendre. à la Meinau, avec ce public, j’arrive toujours à prendre un peu ce rôle. Je le fais du mieux que je peux, mais tôt ou tard il y aura peut-être une fois ou on se cassera les dents à domicile.
Il faut vraiment que tout le monde prenne conscience de ce qu’il se passe en ce moment et qu’on inverse la tendance. Mais pour ça, claquer des doigts, ça ne suffira pas. Il faut s’investir sur le terrain. Le coach donne des directives, mais si cela ne va pas, avec quelques joueurs, il faut qu’on soit capable de changer les choses. Il faut qu’on progresse là-dessus. Cela manque peut-être de joueurs caractériels. Quand on coule, on coule. Et ça, il faut absolument le changer et avoir du caractère.
Le coach est dans une période compliquée, est-ce justifié ?
Franchement, par rapport à samedi, pour faire un 11 au Racing actuellement c’est compliqué. Nous sommes tous un peu en-dessous de nos performances et de ce que nous sommes capable de faire. Je pense que le coach il n’a aucun souci avec ça. S’il nous a emmené en finale de la Coupe de la Ligue, s’il nous a fait monter de Ligue 2 à la Ligue 1, si on a fait une bonne saison l’année dernière. Il ne faut pas oublier que la saison passée il nous a fait jouer les premiers matchs en 4-4-2 et quand ça n’allait pas, il a changé de dispositif. Il sait de quoi il parle, mais il fait avec ce qu’il a. Ce n’est pas un magicien non plus ! Quand il met une équipe à Marseille, il met la meilleure équipe possible à ses yeux sur le papier ou il essaie de contrer quelque chose. Il essaie de trouver des solutions. Quand on est sur le terrain, c’est aux joueurs de montrer au coach qu’il a eu raison de les mettre et il faut qu’on tire tous dans le même sens.
La question revient souvent de la part des supporters. Est-ce qu’il y a une cassure entre les joueurs en l’entraîneur ?
Il s’agit de sa quatrième saison, il y a beaucoup de joueurs qui l’ont depuis un moment. Entraîneur, c’est difficile de durer dans un club. Pour preuve, c’est lui qui tient désormais le record de longévité consécutive au Racing. C’est qu’il n’est pas le perdreau de l’année comme il aime bien dire. Dans le foot, il y a des cycles, des périodes où tout va bien fonctionner, tout ce qui va se passer sera positif, et quand on est dans le dur, le premier sur qui on tire, c’est le coach. Mentalement, c’est peut-être dur pour certains actuellement. Cela me fait penser à la période avec François Keller. Quand il enchaînait les montées, il demandait toujours plus aux joueurs, et certains avaient du mal avec ça et n’étaient pas en mesure de se remettre en question. Moi, après ma première saison ou après la saison passée, tu crois que j’en ai pas bavé ? J’ai essayé de me battre du mieux possible. J’ai fait une saison de merde, je suis revenu cette saison, j’essaie de m’arracher. Qui aurait pu dire que j’allais commencé cette saison de cette manière, qui aurait mis une pièce sur moi ? Alors que je n’avais quasiment pas joué milieu de terrain la saison dernière. Mentalement, à Strasbourg, il faut des guerriers ! Après c’est certain que techniquement il faut qu’on fasse beaucoup mieux. Ce n’est pas possible qu’on joue au football de cette manière, et ça, ce n’est pas le coach. On ne doit pas jouer avec le frein à main, on doit se lâcher.
Quand tu entends que des supporters pensent que les joueurs font exprès de perdre pour que Thierry Laurey soit licencié, tu en penses quoi ?
Il n’y a aucun complot. Cela n’existe pas, je serais le premier à dire « Oh les gars, vous rigolez ou quoi ». On est tous perdants quoiqu’il arrive. S’il te manque deux points à la fin de la saison et que tu dois tomber, on va te dire, « vous vous souvenez du match où vous avez voulu faire sauter le coach ? », ça n’existe pas ça ! Peut-être dans un grand club car les joueurs savent qu’ils pourront sauver le club, mais dans les petits clubs c’est impossible. On ne peut pas se dire contre Nice qu’il y a la tête du coach en jeu, on ne va pas jouer. Je serais le premier à dire aux gars qu’ils sont fous. Les gens qui se déplacent à la Meinau, qui paient leur place et nous on va boycotter le match ? Je serais le premier garant de dire aux joueurs qu’il faut se bouger le cul et il se passera ce qu’il se passera. Même si tu gagnes le match, si le coach estime que ça ne va plus, ce sera le premier à faire ce qu’il faut. Il n’y a pas de trucs comme ça !
Vu le début de saison compliqué avec l’Europe, peut-on presque regretter d’avoir remporter la Coupe de la Ligue ?
Il ne faut jamais avoir de regrets dans la vie. On a gagné la Coupe de la Ligue. à Strasbourg, on ne peut pas calculer. On savait qu’en gagnant la Coupe le début de championnat serait difficile. On n’a pas un effectif pour se permettre de mettre Mbappé sur le banc. Les joueurs qui jouent on est toujours à fond. On a découvert la Coupe d’Europe, on a joué tous les trois jours, on avait des blessés et quelques départs. Avec le Racing, on avance, on progresse. Ce que nous faisons depuis 6/7 ans dans ce club, c’est extraordinaire, c’est pour ça que nous aurons énormément du public cette année. Plus qu’avant encore. Je me porte vraiment garant qu’à chaque fois que les joueurs seront sur le terrain, on donne le maximum ! Mais on a besoin d’eux. Quand je serais sur le terrain je ferais tout avec l’équipe pour transcender les joueurs et respecter le public. C’est quelque chose qui me tient à coeur depuis que je suis ici.
Ce samedi, face à Nice, il faudra une union sacrée ?
Il faut l’union sacrée face à Nice. La seule chose qui me fait peur depuis que je suis à Strasbourg. J’ai connu la première saison (descente de National à CFA) où le public était divisé et où des joueurs avaient été pris à partie, il ne faut pas qu’on revive ça. Je sais qu’ils sont déçus et ils ont le droit d’être abattus. Vous croyez que lorsque je vais à l’entraînement la semaine et qu’on perd le week-end et qu’on revient à l’entraînement et qu’on reperd, ça me fait plaisir ? J’ai limite envie de prendre ma pelle et ma pioche pour aller taper dans les cailloux le lendemain comme punition. Les supporters doivent nous encourager quoiqu’il arrive. Je n’ai pas envie que certains joueurs soient pris à partie comme j’ai pu le voir avec Amavi à Marseille, le pauvre il entre il se fait siffler et tout. Ce n’est pas une solution.
On aura besoin d’eux. Depuis que je suis ici, c’est ça. Si on en est arrivé là, c’est aussi grâce à eux. Il ne faut pas l’oublier. Ils ont fait énormément pour le club. Je les en remercie encore. J’ai vraiment peur que cela dévie. Strasbourg c’est beau depuis des années. On est habitué à manger avec une cuillère en argent depuis quelques saisons. Mais le jour ou ça ira mal, c’est là qu’on aura également besoin d’eux !
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