Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’oeil de Pascal Bridel ». Cette semaine, après l’équipe de France A, les espoirs de passage à Strasbourg, Pascal nous parle d’une autre équipe de France, moins connue…
Alors que le football mondial est ébranlé par le scandale Blatter/Platini et toute cette fortune qui se cache derrière cette affaire, que les soupçons sur l’attribution de la coupe du monde au Qatar, également pour des raisons de corruption, ne cessent de grandir il y a eu au courant du mois dernier loin de toute cette agitation financière une compétition où la précarité laisse la place au bling bling et compagnie mais lors de laquelle les participants n’en sont pas pour autant plus malheureux dans leur tête, fiers et heureux d’y participer.
La coupe du monde des sans abris, la « Homeless World Cup », a donc eu lieu à Amsterdam et si je vous en parle aujourd’hui c’est que le sélectionneur des tricolores n’est autre qu’un Alsacien originaire de Saint-Louis. Arezki Saouli a dirigé l’équipe de France des sans abris lors de la treizième édition de ce mondial très particulier. Arezki m’a contacté cet été pour m’en faire part et je lui avait promis de revenir sur cette compétition lors d’un de mes éditos. Chose promise, chose due et voici donc de quoi il s’agit exactement. L’organisation « Homeless World Cup » a été créée en 2001 et a vu sa première édition se dérouler en Autriche lors de l’année 2003. Ce sont d’ailleurs les Autrichiens qui ont inscrit leur nom en premier au palmarès de cette compétition en battant en finale l’Angleterre 2 à 1. Depuis plusieurs pays, exotiques ou moins, ont accueilli les sans abris pour leur coupe du monde dont la Suède, l’Ecosse (Le siège de l’organisation s’y trouve), le Danemark, l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Italie, le Brésil, la France, le Mexique, la Pologne et le Chili avant la Hollande cette année.
L’objet de cette organisation sociale est d’encourager et d’aider ses participants à se sortir de l’exclusion dont il souffre grâce au sport et au football avec une compétition annuelle destinée aux sans abris de chaque nations participantes. Sur un mini terrain (22 X 16 mètres) sur lequel se pratique cette discipline, issue du street soccer, on trouve quatre joueurs dont le gardien et autant de remplaçants qui s’affrontent durant deux mi-temps de sept minutes. Le règlement possède une particularité à savoir qu’il n’y a pas de match nul et que le perdant est « récompensé » différemment selon qu’il subit la défaite dans le jeu ou aux tirs au but. En effet lors de ce dernier cas de figure il empoche un point contre zéro si la défaite est enregistrée à l’issue du temps règlementaire alors que le vainqueur récolte de trois points quoi qu’il arrive.
Au nombre des lauréats on dénombre la Russie, l’Afghanistan, l’Ukraine qui ont remporté le trophée à une reprise et les spécialistes qui en sont à deux victoires c’est à dire l’Ecosse, le Chili, le Brésil, l’Italie et l’Autriche qui a battu la France lors de la dernière finale sur le score de 8 à 3. Après une préparation début septembre à Lille, les Français d’Arezki Saouli ont pourtant mal démarré la compétition avec une défaite d’entrée contre la Russie 3 à 2, il est vrai favori de leur groupe. Malgré cela ils ont réussi à se hisser jusqu’en finale mais n’ont pu empêcher l’Autriche de remporter un deuxième sacre.
Arezki nous en parle « Je suis fier de ce beau parcours sportif et de l’aventure humaine avec laquelle je prends beaucoup de plaisir en tant qu’entraîneur principal assisté, bien sur, par un staff constitué d’éducateurs sportifs et d’éducateurs socio pour le suivi des joueurs tout au long de leurs sélections jusqu’à la compétition« . Il nous précise encore « J’occupe cette fonction depuis 2011 et le nombre des sélections internationales inscrites à la Homeless world Cup est au total de 64 chez les hommes et les femmes« .
Et en parlant de coupe du monde, comment ne pas repenser à celle de la FIFA de 1978 en Argentine lors de laquelle Dominique Dropsy y a disputé et remporté son premier match sous les couleurs tricolores contre la Hongrie (3 à 1) ? Lui qui garda, avec brio, les cages sur les bords du Krimmeri de 1973 à 1984 nous a quitté la semaine dernière et je ne peut m’empêcher de rendre hommage à celui qui a fait partie de cette équipe qui m’a fait découvrir le football de haut niveau et vibrer dans cette Meinau que les plus jeunes n’ont pas connu. Le hasard du destin veut que ce soir ce sera le premier match de la saison où je suis appelé à aller voir jouer Strasbourg dans le cadre de mes fonctions et c’est avec émotion que le gamin de l’époque, qui a grandi depuis, aura une pensée pour lui. Adieu l’artiste, gardien de mes souvenirs de gosses…