En l’espace de cinq jours, Marvin Senaya a vécu un rêve éveillé. Celui de tous les jeunes passés, un jour ou l’autre, par le centre de formation du Racing, mais également de milliers d’enfants, et d’adultes, en Alsace qui se sont déjà imaginés vivre ce moment suspendu…
D’abord, le garçon originaire de Saint-Louis – commune d’un peu plus de 20 000 habitants située dans le Haut-Rhin – connaît sa première titularisation avec son club formateur en Ligue 1. Mieux, cette première fois se produit face au rival messin, le 24 septembre au stade Saint-Symphorien, et se solde par une victoire sur la plus petite des marges (0-1).
“C’était forcément particulier ! Il s’agissait d’un derby contre Metz avec mon club formateur. J’ai vécu ce moment avec beaucoup d’émotion mais ce n’est pas une fin en soi, se remémore le défenseur né un 28 janvier 2001. Merci au coach Patrick Vieira de m’avoir donné sa confiance, j’essaie de lui rendre au maximum. Je suis sûr qu’il est le bon entraîneur pour tirer mon plein potentiel”, ajoute-t-il.
Le temps des premières fois…
Une confiance renouvelée dans la foulée par le champion du monde 1998 lors de la courte défaite à domicile face au Racing lensois (0-1) vendredi dernier. Cette fois-ci, le latéral droit de 22 ans s’offre une première titularisation… En match officiel au stade de la Meinau. Rien que ça pour un enfant de la région !
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“Quand j’étais au centre de formation strasbourgeois, j’avais l’habitude de voir les matchs en tribunes. Être aujourd’hui titulaire, entré sur la pelouse et entendre ce public formidable qui pousse, c’est que du kif ! Je prends tout cela avec beaucoup de plaisir et d’émotion. Mais il faut continuer à travailler pour que ça se reproduise”, affirme celui que ses coéquipiers, et ses proches, surnomment affectueusement “Vinou”.
Parce que Marvin Senaya le sait pertinemment : “Le football va tellement vite d’un côté comme de l’autre… Je n’ai pas le temps de me reposer sur mes acquis. Chaque jour, chaque semaine, il faut donner le meilleur de soi-même pour conserver la confiance de l’entraîneur.”
D’autant plus qu’il n’a pas démarré la saison dans la peau d’un titulaire et qu’il a encore tout à prouver au plus haut niveau. Revenu cet été d’un prêt concluant d’une saison à Rodez – 32 titularisations pour trois buts, deux passes en Ligue 2 au sein d’un club “très familial” où il a gagné “en maturité et expérience” et qu’il tient chaleureusement à remercier – ce polyvalent arrière, capable d’évoluer aussi bien dans les couloirs droit et gauche, est pressenti pour être la doublure d’un des cadres du Racing, Frédéric Guilbert, au départ de cet exercice.
C’est d’ailleurs dans ce rôle qu’il débute le championnat. Mais, après avoir marqué des points auprès de coach Vieira durant la préparation estivale, Senaya profite de chacune des occasions qui se présentent à lui pour s’illustrer… Une vingtaine de minutes en ouverture contre Lyon (2-1), une dizaine à Monaco (3-0), quelques minutes contre Toulouse (2-0) puis à Nice (2-0) avant d’avoir droit à une mi-temps complète, celle de la révolte, à la Meinau contre Montpellier (2-2) le 17 septembre.
Une seconde période où il entre à la place de « Fred » et se montre très entreprenant pour combler le retard de deux buts et décrocher un nul inespéré à la pause. Ce n’est donc pas un hasard lorsque – le week-end suivant – “Pat” Vieira le préfère à Guilbert au coup d’envoi contre le club à la croix de Lorraine, puis contre l’autre Racing du championnat hexagonal quelques jours plus tard.
“On a une concurrence très saine avec “Fred”. Il me donne énormément de conseils. Il m’aide sur mon placement, mes décisions sur le terrain comme lorsqu’il m’indique de jouer plus rapidement vers l’avant, juge-t-il. C’est un exemple pour moi ! Il a fait de belles saisons au Racing. J’ai envie d’être dans la continuité de ce qu’il a fait et d’essayer même de faire mieux.”
Adaptation au système, axes de progression
Côté tactique, Marvin Senaya – qui a évolué comme piston droit dans une défense à cinq lors de son escapade aveyronnaise – ne se sent pas bridé par le fait d’évoluer désormais à droite d’une arrière-garde composée de quatre hommes.
“Aucune frustration. Ângelo fait très bien le travail offensif devant moi. Certes, je suis dans un système où je peux moins m’exprimer offensivement. Mais j’ai déjà joué dans un système similaire lors de ma formation au Racing. Bien sûr, j’attaque un peu moins dans ce 4-2-3-1… le coach sait d’ailleurs que j’adore attaquer (rires) !”
Sur ses axes de progression, il poursuit. “Offensivement, je peux apporter davantage. Ma complicité avec Ângelo peut s’améliorer. Il faut s’entraîner ensemble et jouer des matchs pour développer cela. Ângelo est un très bon joueur, ça va venir avec le temps. On commence à se comprendre de mieux en mieux”, analyse-t-il après deux titularisations de suite derrière l’ailier brésilien.
Exigence/impatience du public alsacien ?
Avant de peut-être vivre une troisième titularisation de rang – vendredi soir (21h) en ouverture de la huitième journée de championnat contre Nantes à domicile -, Marvin Senaya a accepté de revenir sur les sifflets entendus contre Lens et, plus globalement, sur les critiques – de plus en plus insistantes – concernant le manque d’animation dans le jeu strasbourgeois.
“On a de nombreuses choses à travailler dans le jeu. Il faut le faire avec humilité et respect. On sait que les supporters attendent beaucoup de nous et sont très exigeants. On essaye de leur rendre leur confiance ! Mais nous avons un effectif très jeune avec de nombreux nouveaux joueurs. En un claquement de doigts, l’animation ne peut pas être parfaite.”
L’âge de l’effectif pourrait-il être un facteur expliquant les carences dans le jeu ? « On est dans la moyenne d’âge avec les autres équipes de Ligue 1. Je pense que ça ne veut rien dire. Malgré notre manque d’expérience et notre jeunesse, on a énormément de qualités pour réaliser de grandes choses. Il faut que – peu à peu – tout le monde prenne de l’expérience. Tout cela va se construire petit à petit », rétorque-t-il.
Désireux de “donner du spectacle au public de la Meinau qui le mérite”, celui dont le contrat en Alsace court désormais jusqu’en 2027 – “une joie immense » – a, comme toute l’équipe, les yeux rivés sur la réception des Canaris nantais.
« L’objectif est évidemment de prendre les trois points, on ne veut pas faire un match nul. On sait aussi que Nantes est une équipe qui performe malgré leur récente défaite à Rennes (3-1). Au lendemain de la défaite contre Lens, on a tous basculé vers ce match. »
Le 31e guichets fermés consécutifs – une semaine tout pile après la défaite face au club nordiste – semble être le moment opportun, juste avant la trêve internationale, pour renouer avec un public alsacien montrant des signes d’impatience.
“Toute la France connaît le Racing Club de Strasbourg pour son public formidable. Même quand ça va moins, ce public sera là pour nous, j’en suis persuadé.J’espère que ce sera une belle fête vendredi soir à la Meinau”, conclut-il.