Dimanche dernier au stade de la Meinau, les Strasbourgeois accusaient deux buts de retard contre Montpellier (0-2) à la pause. Bien obligé de réagir pour que cette rencontre dominicale ne tourne pas au fiasco, Patrick Vieira a procédé à deux changements. Si Marvin Senaya, entré à la place de Frédéric Guilbert, a continué à séduire tout son monde, un autre garçon a lui commencé à prouver pourquoi la direction alsacienne est venue le chercher à Bordeaux cet été.
Lancé sur l’aile gauche d’une attaque démunie de ballons en première période, Dilane Bakwa – qui a remplacé Habib Diarra, auteur d’une nouvelle performance difficile – s’est montré entreprenant dès ses premières prises de balles.
« J’étais bien préparé pour ce match. Le coach m’avait indiqué, avant la rencontre, qu’il fallait que je sois prêt pour entrer en jeu. On perdait de deux buts à la mi-temps, il fallait une réaction. Quand le coach m’a fait confiance avec Marvin (Senaya), il a indiqué que c’était à nous d’apporter un vent de fraîcheur », nous explique le principal intéressé.
À l’aise sur ses contrôles toujours orientés en direction du but adverse, le percutant Bakwa n’est pas passé loin d’ouvrir son compteur après une incursion et un service, sur un plateau, du Brésilien Ângelo peu avant l’heure de jeu. « À côté, à côté, à côté…, répète le garçon né un 26 août 2002. J’étais bien déçu mais, pendant le match, il fallait vite passer à autre chose. À la fin de la rencontre, j’étais quand même bien dégouté ! »
Pour sa première mi-temps complète – en match officiel – sous les couleurs strasbourgeoises, l’ailier de 21 ans, averti d’un jaune pour une faute de vieux briscard dans le dernier quart d’heure, aura été de ceux qui ont sonné la révolte face au club héraultais pour aller décrocher ce précieux point du nul (2-2) dans le second acte.
Après moins de dix minutes contre Lyon (2-1) en ouverture du championnat, environ une demi-heure lors des débâcles à Monaco (3-0) puis Nice (2-0), le natif de Créteil – resté entre temps sur le banc lors du succès contre Toulouse (2-0) – continue son apprentissage de la Ligue 1 où « tout va plus vite dans un championnat à haute intensité et réclamant davantage d’intelligence de jeu », compare celui qui avait déjà fait quelques brèves apparitions en première division chez les Girondins lors des saisons 2021/2022 et 2020/2021. « Petit à petit, le coach me donne de plus en plus de confiance. À moi de lui rendre sur le terrain, tout simplement », ajoute-t-il.
Son arrivée avec son « frère » Mwanga
Débarqué début août en provenance de Bordeaux – évoluant en Ligue 2 depuis leur relégation à l’été 2022 – c’est dans un package à hauteur de 20 millions d’euros et comprenant également son coéquipier Junior Mwanga que Dilane Bakwa – 36 matchs, cinq buts, huit passes décisives avec le club bordelais la saison passée – a posé ses valises sur le sol alsacien.
« Junior (Mwanga), c’est comme mon frère ! On est toujours ensemble. C’était important, en arrivant à Strasbourg, d’avoir quelqu’un de confiance que je connais et en qui j’ai pleinement confiance », se réjouit Bakwa qui n’avait presque connu que Bordeaux – où il est arrivé en U14 – dans sa jeune carrière.
Sur les raisons l’ayant poussé à rejoindre le Racing, il poursuit. « Je me suis senti désiré. On m’a expliqué que mon style de jeu et mon profil plaisaient. J’ai tout de suite été séduit par les avances des dirigeants. J’ai quand même pris le temps de me renseigner auprès de certains joueurs que je connaissais. Mais on m’a dit que du bien de ce club ! Ce projet m’intéresse et je me vois bien grandir ici », raconte le joueur dont le contrat court jusqu’en 2027.
Chaque jour, ce jeune attaquant s’acclimate un peu plus à son nouvel environnement. « C’est nouveau, j’avais tous mes repères à Bordeaux », glisse-t-il avec un brin de nostalgie. Par le stade de la Meinau, Dilane Bakwa est – comme la plupart des joueurs ayant déjà eu la chance de connaître cette antre – déjà pleinement conquis.
« Franchement, l’ambiance y est incroyable et les supporters le sont également ! Lors de mon premier match, je pensais pas qu’ils allaient être aussi nombreux. Cela nous motive et ça donne de la force à chaque minute de chaque rencontre », s’enthousiasme-t-il.
« Cette trêve m’a fait du bien »
C’est d’ailleurs dans cette enceinte meinovienne que Dilane Bakwa a connu sa première titularisation à Strasbourg. Ce n’était pas en match officiel, mais lors du match amical à huis clos face aux costauds allemands d’Elversberg (0-0) durant la première trêve internationale de cette saison (du 4 au 15 septembre).
Ces deux semaines de travail – en effectif réduit puisque les internationaux du Racing avaient quitté les bords de Krimmeri – ont fait le plus grand bien à Dilane Bakwa. « On a pu insister sur le travail tactique. Patrick Vieira a été clair sur ce qu’il attendait de nous. De plus, ça m’a fait du bien physiquement. À Bordeaux, ma préparation estivale a été un peu tronquée à la fin (Bakwa et Mwanga étaient en instance de départ, ndlr). Cela m’a permis de reprendre un bon rythme en vue des prochains matches », se remémore-t-il.
Le passage acté vers un système en 4-2-3-1 (modulable en 4-4-2) plaît au polyvalent Bakwa – qui ne cache pas sa préférence pour le côté droit de l’attaque – mais qui peut aussi bien évoluer à gauche, comme face aux Montpelliérains, et même dans un rôle de milieu offensif derrière l’avant-centre.
Désireux de progresser – notamment « de la tête, à la finition ou sur le positionnement » – le gaucher estime être entre de bonnes mains pour développer son plein potentiel. « C’est une bonne relation entraîneur-joueur dans le but de me faire progresser. Le staff me donne énormément de consignes. Des conseils sur ce que je peux améliorer dans mon jeu, mais également sur mes points forts afin de mieux les exploiter ! »
Une revanche personnelle à prendre
En début d’après-midi dimanche (13h) au stade Saint-Symphorien, Metz se dressera sur la route des partenaires de Dilane Bakwa. Pour l’ex-Bordelais – qui sait qu’un « derby ne se joue pas mais se gagne » – un autre élément entre au compte au moment de préparer ce match. « J’ai une revanche personnelle à prendre sur Metz. La saison passée, les Messins ont empêché mon équipe de monter en Ligue 1 en terminant juste devant nous au classement (Metz a terminé 2e avec 72 points, Bordeaux, 3e, avec trois unités de moins, ndlr) »
Le moment idéal pour inscrire son premier pion avec Strasbourg ? « Évidemment que je l’attends ce premier but. Je ne suis pas pressé mais j’espère qu’il va arriver très rapidement (rires) », conclut-il.