Les matchs se suivent et se ressemblent (malheureusement) pour un peuple strasbourgeois, orphelin de l’euphorie et de la fougue d’une saison passée aussi inespérée que passionnante. Jadis enivrante et imprévisible, la troupe des hommes de Keller fait désormais pâle figure, enchaînant déceptions et incompréhensions au gré des rencontres.
Si la passion et la fierté du peuple bleu demeurent intactes et inébranlables, la sensation de trahison, ou du moins de déception, s’accroît au fur et à mesure que le compte à rebours d’une fin de saison irrespirable ne fasse fleurir des gouttes de sueur aux allures de panique sur les visages des supporters du Racing.
Force est de constater que la sérénité d’hier n’est réduite qu’à une infime peau de chagrin. Le chagrin qui ronge les âmes et les cœurs bleus, blessés, meurtris et trahis par une équipe méconnaissable dont seuls les noms sur les maillots prouvent encore que ce sont bien ces hommes qui furent sur ce même rectangle vert il n’y pourtant que quelques mois. Méconnaissables, étouffés sous le poids de l’amour d’un peuple qui ne leur veut que du bien. Étranglés par une pression faite de passion et de ferveur, d’un club particulier.
L’amour du club est tel que même la formidable médiocrité actuelle n’entame pas la ferveur qui règne à la Meinau. La normalité voudrait un stade qui sonne creux, si ce n’est le bruit des banderoles assassines qui claquent grâce au vent, des courants d’air sur et autour du terrain. Mais le Racing n’est pas normal et, dimanche encore, le stade sera plein, magnifiquement irréel. Mais de normalité, il n’en est pas question à Strasbourg. Le Racing n’est pas normal. Le Racing est déjà mort dix fois et il est revenu à la vie à chaque fois, porté par une énergie qui ne se retrouve plus sur le terrain, mais qui ne disparaîtra jamais.
Messieurs, ce ne sont évidemment pas nos vies que vous avez entre vos pieds, mais une belle partie, celle qui nous donne l’envie de venir communier chaque week-end. L’enfer, nous l’avons connu, et même s’il paraît loin, le purgatoire ne nous intéresse plus. Nos vies sont apaisées par nos moments bleus, ne les rendez pas plus difficiles, rendez-nous fiers à nouveau. Regardez-nous dans les yeux et puisez en nous l’énergie afin de redorer un blason que vous donnez l’impression de ternir. Si le Racing a vécu avant vous et vivra après vous, n’oubliez jamais qu’il vit avec vous actuellement et nous aussi.
Car bien avant de dire que « nous ne sommes pas 11 mais des milliers », n’oubliez pas qu’ici, nous disions tout d’abord, et surtout « Jetz Geht’s Los ». Et si la traduction ne vous vient pas immédiatement, je vous invite à la demander à l’un des salariés du club.