Pascal Bridel, actuellement observateur pour l’AJ Auxerre depuis de nombreuses années, est un grand connaisseur du football. Retrouvez chaque semaine, son analyse sur le monde du ballon rond dans la rubrique « L’Âœil de Pascal Bridel ». Cette semaine, il nous parle du club voisin suisse, le FC Bâle…
Je rêvais d’un autre monde où la terre serait ronde. Ou plutôt où la terre tournerait rond comme un ballon de football qui roule sur la pelouse. Que la lune soit blonde ou pas, même sans dormir à poings fermés ce monde existe sans pourtant avoir besoin d’être dans un rêve. Et c’est au Saint Jacob-Park de Bâle que l’on peut rêver réalité, rêver tout éveillé.
Ça tourne rond comme une montre suisse
Les Suisses sont réputés pour leur organisation méthodique et ce n’est pas le FC Bâle qui va donné moyen à contredire cette affirmation. D’emblée tout est carré et les échanges de mails pour l’obtention des invitations observateurs sont rapides, précis et courtois. Le Parc Saint-Jacques, qui a remplacé le Stade Saint-Jacques, a une capacité de 38 000 places ainsi qu’un point commun avec Colmar mais dans un autre domaine, celui de la culture puisque l’extension du musée Unterlinden a été confiée au même cabinet d’architecte qui a conçu l’enceinte sportive du FC Basel et ses alentours avec boutiques et restaurants, le cabinet Herzog & de Meuron. Si on pouvait lui reprocher un point noir ce serait son parking souterrain et ses seulement 680 places ce qui voudrait dire que pour satisfaire tout le monde il faudrait engouffrer une moyenne de 55 spectateurs par véhicule ! Mais là encore, les Suisses font honneur à leur réputation d’horlogers avec une organisation parfaite et un accès au stade qui est facile après avoir garé son véhicule à 5 minutes de marche, ou en prenant le tram ou encore le vélo comme le font les fidèles supporters.
Un sentiment de sécurité et de tranquillité
Mais les (bonnes) surprises ne s’arrêtent pas là. Tout au tour du stade l’ambiance y est bon enfant et la présence des forces de l’ordre semble presque superflue. On se croirait à un festival de plein air avec les nombreuses buvettes au tour des quelles règnent un sentiment de sécurité et de tranquillité, et cette sensation n’en est qu’à son début. En approchant du stade il n’y a pas de fouilles ni de palpations, pas plus en franchissant les portiques électroniques et on rentre dans le Parc Saint-Jacques presque comme dans un moulin. Quand je vois les mesures qu’on est obligé de prendre en France, mesures qui se propagent jusqu’au National où l’on est obligé de faire appel à des vigiles ou à la Police Municipale comme à Belfort, Colmar ou Strasbourg, cela laisse perplexe. Pour continuer, la température n’étant pas glacial mais frisquette des couvertures vous attendent pour vous couvrir les jambes des fois que vous soyez un peu chochotte et que vous pouvez remettre dans de grands paniers en quittant le stade. Encore une fois imaginez-vous ça en France, combien de couvertures disparaitraient à l’issue de chaque rencontre plutôt que d’être restituées ?
Mais c’est un état d’esprit global qui règne, que ce soit au tour du stade comme dans les tribunes, avec une sensation de pacifisme. Tout au long de la rencontre, pas une insulte envers le corps arbitral ou l’équipe adverse ne jailli du kop et la séparation entre les tribunes et la pelouse n’est qu’une simple main courante comme celle du stade de l’Orangerie de Colmar, à peine croyable pour un match de coupe d’Europe ! Il ne viendrait à l’esprit de personne de la franchir pour aller faire le malin comme on a déjà pu le voir par ailleurs. Mais certainement que ce sentiment de pacifisme et que ces contrôles beaucoup moins contraignants que nous connaissons en France depuis un bon moment, mais encore plus depuis le 13 novembre dernier, sont aussi le fruit de la politique militaire à l’étranger que la Suisse n’a pas contrairement à la FranceÂ…