Président de l’association de supporteurs de la tribune Ouest de la Meinau « Kop Ciel et Blanc (KCB) » – comptant plus de 250 membres et existant depuis une vingtaine d’années -, Daniel De Almeida peuple les travées du stade de sa vie depuis sa plus tendre enfance. Ce véritable amoureux du Racing qui ne rate presque aucun match à domicile, comme à l’extérieur où il fait régulièrement les déplacements, explique pourquoi -malgré l’absence de victoire à la maison après huit matches – le public de la Meinau n’a presque jamais cessé d’encourager les Bleus. Il donne également son point de vue sur la situation actuelle du Racing, la confiance renforcée en Julien Stéphan, « l’homme de la situation » selon ses mots, et ses attentes à la reprise du championnat. Entretien avec l’un de ceux qui parle naturellement du Racing à la troisième personne.
Comment expliquez-vous qu’après un début de championnat manqué, et une avant-dernière place en Ligue 1, les chants n’ont presque jamais cessé de résonner dans les tribunes du stade de la Meinau ? A l’image du match contre Marseille (2-2), où les Bleus, menés deux buts à zéro, ont pu revenir dans la partie notamment grâce au soutien de leur douzième homme…
C’est un credo qui est en nous depuis toujours. Pour nous, il faut encourager les joueurs jusqu’au bout. C’est uniquement à la fin de saison qu’on verra si le club est sauvé, ou non. A ce moment précis, on pourra régler nos comptes avec les personnes concernées. Pour l’instant, mathématiquement, on est encore très loin d’être relégué. Il y a encore plein de matches à disputer. Certes, la période est compliquée mais il n’y a pas vraiment de raison de s’affoler réellement. Il faut continuer à aller de l’avant en encourageant les joueurs. De notre côté, on souhaite être exemplaire en tribunes. Au moins, on n’aura rien à se reprocher concernant notre part du travail. Ensuite, ce qu’il se passe sur le terrain, ce n’est pas de notre ressort. Oui, on peut leur apporter un souffle positif, mais si les joueurs ne font pas le boulot sur la pelouse, on ne pourra pas faire grand-chose de plus. On va continuer comme cela en deuxième partie de saison, et on avisera à la fin selon la situation.
Cela s’explique aussi par le fait d’avoir connu – dans l’histoire du Racing – des périodes très souvent compliquées comme lors de la dernière décennie (2010-2020) …
Tous les supporteurs savent qu’on a déjà vécu des situations bien plus difficiles. On vient d’un environnement beaucoup plus compliqué comme en témoignent les heures sombres que le club a pu traverser. Cela permet de relativiser et de se dire que l’on ne peut pas trop se plaindre non plus. On espère juste que ça n’arrivera plus. Je pense aussi que la majorité des supporteurs est clairement consciente que l’on a surperformé lors du dernier championnat (Le RCSA a terminé sixième de l’exercice 2021-2022, NDLR). Je ne dis pas que l’équipe n’était pas bonne, mais tout a tourné dans le bon sens. Cela ne peut pas se reproduire chaque année, on le sait bien.
Comment expliquez-vous, après une époustouflante saison conclue aux portes de l’Europe, ce nouveau championnat où les résultats ne sont pas au rendez-vous alors que l’effectif est globalement similaire ?
C’est un ensemble de choses. Je pense qu’il y a eu un problème au niveau de la préparation athlétique cet été. Je n’y étais pas, évidemment, mais je pense que l’on a pêché sur cet aspect. Il y a aussi toutes les blessures qui ont fait que l’effectif n’était jamais au complet sur les quinze premières journées. On n’a quasi jamais pu aligner deux fois le même onze sur un match… Je pense aussi que certains cadres ne sont pas vraiment à la hauteur, entre ceux qui étaient sur le départ cet été et qui ont mis du temps à connaître leur situation, pour finalement rester en Alsace. Selon moi, certains n’avaient pas trop la tête à Strasbourg sur le début de saison. Il faut admettre également qu’on n’a pas de chance sur certaines situations… Tout ce qui nous réussissait la saison passée, ça ne tourne plus vraiment en notre faveur. On paye ‘cash’ la moindre petite erreur que l’on fait.
Vos attentes pour la reprise ?
Je m’attends à ce que les joueurs reviennent reboostés en s’étant bien vidés la tête durant les deux semaines de vacances. Ils doivent se dire que ce qu’ils ont fait par le passé, ils sont capables de le reproduire en croyant en eux et en leurs capacités. Surtout physiquement, il va falloir qu’ils travaillent bien tout le mois de décembre parce qu’à la reprise, les matches vont s’enchaîner presque tous les trois jours en janvier. En clair, il faut oublier cette première partie de saison et repartir de l’avant.
En recrutant…
Cela peut et doit passer par le recrutement, je pense, notamment sur les postes de latéraux où nous avons de nombreuses lacunes. Il faudrait des renforts pour que le coach ait toutes les armes afin de rectifier le tir.
Et en s’appuyant toujours sur Julien Stéphan ?
Complètement, il est l’homme de la situation. Comme il l’a dit récemment, celui qui était la solution avant n’est pas forcément le problème quelques mois après. J’ai pleinement confiance en lui, c’est une bonne chose qu’il soit encore aux manettes. J’aimerais bien que l’on soit le club qui se maintienne en ayant conservé le même entraîneur. Ce serait un sacré pied de nez à ceux qui limogent leur coach trop rapidement – sans les laisser travailler – en cédant à la panique lors de cette saison à quatre descentes, et en remettant la faute sur l’entraîneur.
Beaucoup de coaches ont été limogés cette saison en Ligue 1, alors qu’ils n’avaient pas des effectifs assez qualitatifs pour faire mieux. Souvent, les entraîneurs sont les premières cibles, mais ce n’est pas toujours juste parce qu’ils n’ont parfois pas les cartes en main pour recruter les joueurs qu’ils souhaitent. Certes, des coaches méritent d’être démis de leurs fonctions, mais ce n’est pas le cas de tous. Il y a déjà un tier des entraîneurs qui ont évincés mais, selon moi, la bonne solution est de conserver Julien Stéphan notamment parce que l’état d’esprit et l’atmosphère de travail m’ont l’air très bons au sein du groupe.