Habitué aux joutes du championnat de National, le Stadium de Colmar avait revêtu son costume des grands jours à l’occasion du match de gala entre le Racing Club de Strasbourg et le SC Fribourg. Une affiche alléchante et atypique (3 x 45 minutes ) à quelques semaines de la grande rentrée pour laquelle les présidents colmariens Nagor et Meyer avaient mis les petits plats dans les grands dans un stade entièrement bleu, une fois n’est pas coutume. Bousculés en première période, les hommes de Julien Stéphan ont parfaitement réagi dans la seconde pour recoller au score et surprendre durant la troisième avec une étonnante et très jeune équipe pour conclure une rencontre plus qu’agréable.
Un format inhabituel qui permettait une rotation importante aux deux formations de l’élite de leurs pays respectifs. Mais si côté SC Fribourg on pouvait compter sur un effectif quasiment au complet, il n’en était pas de même pour le groupe Julien Stephan privé de pas moins de 6 joueurs et non des moindres puisque Sissoko, Bellegarde, Delaine, Fila, Mothiba et Ajorque n’avaient pas fait le déplacement dans la capitale des vins d’Alsace. Des absences dans l’effectif qui n’allaient pas se faire sentir dans un début de rencontre à l’avantage de strasbourgeois articulés dans leur désormais traditionnel 352 ou seul le placement de Perrin en piston droit sortait de l’ordinaire. Un onze de départ sans grande surprise si ce n’est la présence du jeune Kandil dans un milieu à 3 aux côtés des indéboulonnables Prci et Thomasson. Mais si le racing démarrait donc plus fort que son adversaire du jour, il allait se faire piéger à deux reprise par des Allemands réalistes et cliniques sur leurs 2 seules occasions de but par Doan (13ème) puis par Griffo (39ème).
Avant ça, Kandil avait confirmé des dispositions techniques au-dessus de la moyenne dans une entame bien maitrisée par des Strasbourgeois qui cherchaient à positionner un bloc le plus haut possible. Mais il en fallait plus pour refroidir les ardeurs des coéquipiers de Jonathan Schmid, régional de l’étape et remplaçant au coup d’envoi. Car les rouges du jour allaient petit à petit sortir de leurs 40 mètres et bien plus, gagnant les duels et la bataille du milieu. Doan qui se jouait des 2 strasbourgeois au cœur de la surface de réparation allait crucifier un Sels impuissant (0-1 / 13 ème) puis Grifo dont le relais avec Gregoritsch consécutif à une perte de balle strasbourgeoise aggravait le score (0-2 / 39 ème) offrant une avance confortable aux fribourgeois à l’issue de ce premier acte. Fribourg avait fait le break entre 2 temps forts strasbourgeois, mais ni Gameiro bien lancé en profondeur, mais trop court (24 ème) ni les frappes de Prcic (30ème) et de Diallo (36ème), toutes les 2 au-dessus du cadre, n’allaient changer la donne.
Un racing qui réagit…et agit.
Un racing mené qui allait revenir sur le terrain avec de meilleures intentions et se créer plus de situations dangereuses dans les 10 premières minutes du second acte que sur l’ensemble du premier. Plus agressif et plus compact, le bloc strasbourgeois contraignait son homologue à l’erreur quand celui-ci s’obstinait à des sorties de balles ô combien dangereuses. Car si la première tentative passait de peu, la seconde frôlait la catastrophe pour le SCF mais le contre de Gameiro sur le dégagement osé de Flekken ne trouvait pas le cadre (60ème), pas plus que la tête de Thomasson qui rasait la barre transversale, bien servi par Prcic (62ème). Strasbourg, bousculé dans le premier tiers temps, ne comptait pas se faire marcher dessus mais s’exposait tout de même aux contre express adverses et Petersen seul au second poteau n’était pas loin de sonner le glas sur l’unique occasion allemande du second acte mais sa volée fuyait le cadre au grand soulagement des 3500 supporters présents. Une alerte qui ne ralentissait pas l’entrain meinauvien, bien au contraire, car si Flekken sortait le ballon pleine lucarne suite à la frappe des 25 mètres de Le Marchand (72ème), le gardien allemand ne pouvait rien face à Gameiro qui n’avait plus qu’à finir le travail, idéalement décalé par Diallo (1-2 / 74ème).
Une physionomie bien différente du premier tiers temps avec un racing plus inspiré, plus mobile et plus conquérant qui n’allait pas desserrer son étreinte malgré…10 changements d’un coup à la 78 ème, car seul Ahoulou qui avait remplacé Kandil à la 62 ème allait rester sur le terrain. Julien Stephan qui avait prévu 75 minutes pour sa première équipe allait lancer la classe biberon accompagné des Kawashima, Doukouré ou encore Sahi à qui il ne fallait que 10 minutes pour scorer. Après avoir réglé la mire à la 84 ème, l’attaquant strasbourgeois allait remettre l’église au milieu du village et les 2 équipes à égalité en profitant d’une remontée de balle express partie de Doukouré via Jean pour mystifier Flekken du belle frappe du pied gauche (2-2 / 87ème) et offrir un dernier tiers temps plein de suspens au public alsacien.
Une jeunesse sans complexes.
C’est donc un 11 totalement inédit qui finissait le deuxième tiers temps et démarrait le troisième. Un effectif dans lequel seuls Ahoulou et Kawashima et à moindre mesure Sahi avaient plusieurs matchs de haut niveau au compteur. Mais si à première vue ce large remaniement pouvait inquiéter il n’en fut rien tant cette jeunesse donnait du fil à retordre au récent 6ème de la Bundesliga. Car en plus d’afficher beaucoup de sérénité défensive, les jeunes bleus montraient une force collective étonnante et enthousiasmante car décomplexée. Portée par un Aholou taille patron les Senaya, Kaba et autres Diarra offraient un dernier acte plein de fraicheur et de spontanéité.
Solides défensivement, précis dans la construction et rapides dans la percussion, il n’en fallait pas moins pour gagner quelques degrés sur le thermomètre de la ferveur à en entendre le public qui redoublait d’énergie à chaque attaque bleue. Et comme en fin de seconde période, c’est encore une fois Sahi qui semait le trouble dans la défense rouge et blanche. Bien lancé en profondeur, l’attaquant strasbourgeois était stoppé irrégulièrement et offrait un penalty transformé sans trembler par Aholou (3-2 / 103 ème). Ce même Sahi qui quelques minutes plus tard ne réussissait pas à concrétiser un nouveau contre express bien que seul aux 6 mètres devant le but vide. Ce racing rajeuni va dès lors gérer une fin de match en s’efforçant de ne plus commettre d’erreurs, privilégiant la simplicité et s’appuyant sur son collectif et ne craquant qu’en toute fin de période quand Kyereh, seul au second poteau, crucifiait Kawashima (3-3 / 134 ème). Mais l’essentiel était ailleurs, car en plus de pouvoir s’appuyer sur un effectif confirmé et au niveau de la ligue 1, le staff strasbourgeois sait aussi qu’il a de belles promesses dans son antichambre.