Il y a quelques jours, le Sélestat Alsace Handball décrochait le titre de champion de France de Proligue et une accession en Starligue. Après le gardien Mehdi Harbaoui, c’est l’ailier de 26 ans Steven George qui a accepté de répondre à quelques questions.
Salut Steven, première question, comment vas-tu quelques jours après la fin de cette saison ?
« Fatigué, on va dire, la saison a été longue et intense. On a enchainé pas mal de matchs, c’est la première saison en Proligue où l’on a seize équipes donc le rythme était différent. «
Vous avez réalisé une belle saison. Au début, ça paraissait quand même un peu difficile ?
« Il y a eu des hauts et des bas. On a bien commencé comme la saison dernière avec cinq victoires consécutives. Après on a enchainé un match nul et une ou deux défaites. Sur la période novembre décembre, c’était un peu plus compliqué. Dès la reprise en février, on est reparti de l’avant et je pense qu’on a fini en apothéose en fin de saison. »
Deuxième partie de l’exercice 2021/2022 assez impressionnante collectivement et un beau sprint final, j’ai posé la même question au gardien Mehdi Harbaoui mais toi sur le terrain, quel est ton ressenti sur cette fin de saison régulière ?
« Je trouve que l’équipe a pris encore plus en maturité au fur et à mesure de la saison. On voit que les jeunes ont pris leurs responsabilités quand ils devaient jouer. On s’est remis dans de bons rails fin avril après la défaite à Sarrebourg et on a réussi à aller de l’avant. On a fait que progresser et monter en puissance durant la saison. »
Le retour du public au CSI après une année covid a été important ?
« Ça, c’est sûr ! Moi, je ne connaissais pas encore le CSI avec tout le public. C’était vraiment agréable à vivre. On a eu le soutien des supporters tout au long de la saison et même à l’extérieur. Franchement, un grand merci aux supporters. On a vu aussi sur le final four ils étaient là, ils étaient incroyables ! »
Au final, vous obtenez une qualification pour les barrages de final four face à Nice. Après un nul à domicile, vous arrivez à gagner là-bas, quel était l’état d’esprit après cette victoire ?
« Après Nice, l’objectif était atteint. Il l’était déjà d’ailleurs pour les barrages, mais on s’était dit au fur et à mesure pourquoi pas. Vu notre niveau de jeu sur la fin de saison, il y avait peut-être quelque chose à gratter même si on affrontait Ivry. On avait en quelque sorte une revanche à prendre parce qu’on avait perdu que d’un but là-bas, c’était frustrant et ça s’était joué sur quelques décisions en fin de rencontre. On avait quelque chose à jouer et au vu du jeu sur le mois de mai, je pense qu’on pouvait aller loin. »
Côté personnel, comment tu as vécu les rencontres du final four face à Ivry et Cherbourg ?
« Je me suis senti bien, sans pression, mais ça je pense que c’était l’effet de groupe. On était tous libérés et moi également. J’essayais d’apporter à l’équipe non pas mon expérience parce que c’était mon premier final four, mais mon savoir-faire. Tout le monde a réussi à élever son niveau et on était tous sur la même longueur d’onde. »
Et finalement, le titre, c’était la fête dans le vestiaire…
« Dans le vestiaire et dans la semaine qui a suivi tout simplement ! On a mis du temps à réaliser, mais comme je l’ai dit à certains et notamment aux jeunes, c’est peut-être l’une des seules fois où tu peux avoir un titre national professionnel. Je leur souhaite évidemment d’en gagner d’autre et d’aller dans un grand club, mais il fallait profiter. En première division, le titre national est plus compliqué, pas impossible, mais compliqué. En deuxième division, on a réussi à le faire. Et ce qui est beau, c’est qu’on ne l’a pas prévu. Des équipes annoncent la montée, le final four, etc. Nous, on n’a rien dit du tout, on a joué notre jeu libéré et c’est comme ça qu’on a abordé le final four, tout en sachant qu’on pouvait jouer un coup. »
En deux saisons à Sélestat, je suppose que c’est ton meilleur souvenir ?
« Ah bah là, c’est sûr que je ne peux pas avoir mieux ! Après, j’espère que l’année prochaine on arrivera à faire un braquage à Montpellier ou à Paris ! Mais à l’heure actuelle, c’est certain que c’est mon meilleur souvenir. »
Tu as pris une réelle place et une part importante dans le groupe cette saison, comment cela s’est fait ?
« On va dire que j’avais des objectifs personnels aussi où je m’étais fixé des objectifs sur les statistiques. Et le retour du public m’a libéré, j’ai besoin d’eux pour élever mon niveau de jeu. J’ai mis du temps l’année dernière, c’était mon année d’adaptation, je découvrais un nouvel environnement et avec la covid c’était compliqué. Cette année, on a vu un autre Steven George que l’année dernière, et j’ai appliqué ce que j’avais appris dans mon ancien club et ç’a servi à l’équipe donc tant mieux ! »
Tu as parlé de tes objectifs fixés, est-ce que tu les as atteints ?
« Certains oui, mais pas tous ! Mais au moins, ça m’a forcé à élever mon niveau de jeu et de tout faire pour les atteindre. Maintenant, c’est fait, c’est fait et l’année prochaine, on va s’en fixer d’autres. Je ne sais pas encore lesquels, il faut que je réfléchisse ! »
Est-ce que c’était ta meilleure année sur ton plan personnel ?
« Oui, je fais une saison avec tous les matchs, avec le double de buts que la saison dernière. J’étais vraiment libéré. Je peux aussi comparer avec ma première saison en première division où j’ai fait aussi de belles choses, mais ça n’a rien à voir, ce n’était pas le même niveau et pas les mêmes responsabilités. À l’heure actuelle, et avec le titre en plus, c’est surement la meilleure année de ma jeune carrière. En espérant qu’il y en aura d’autres. »
En parlant justement de ta carrière, il y a quelques années, t’as failli devoir arrêter le handball, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
« Je me suis fracturé les deux plateaux tibiaux en même temps. J’étais en fauteuil roulant et six mois après, je me suis re-fracturé le gauche, en match cette fois-ci. Les médecins voulaient que j’arrête le handball. Comme je ne savais pas quoi faire d’autre de ma vie, j’ai continué. J’étais arrêté seize mois, mais j’ai repris et j’en suis arrivé là aujourd’hui. Je suis parti de mon premier club (Saran) pour progresser à mon poste à Nîmes en centre de formation. De fil en aiguilles, j’ai eu la chance de jouer en première division. Je l’ai saisie et j’ai signé mon premier contrat professionnel après le match contre Montpellier, un derby en plus, donc que du plaisir ! »
Tu reviens donc de loin… C’est un exemple aussi pour les jeunes…
« C’est sûr, il y a de ça, mais je pars aussi du principe qu’il faut prendre beaucoup de plaisir. Se rappeler que le handball est un sport et qu’il faut se faire plaisir. Parfois, quand on se met trop de pression, c’est là que ça peut être compliqué. Si on arrive à relativiser et à prendre du recul, je pense qu’on réalise pas mal de chose. C’est toujours compliqué quand on veut atteindre des objectifs ou des rêves, on se met la pression sur les trucs qui ne vont pas et on n’arrive pas à prendre de recul. Mais je pense que ce qui aide le plus, c’est de prendre du recul, et du plaisir. »
Tu retrouves l’année prochaine la Starligue, toi qui l’as déjà connue, est-ce que c’était un objectif ?
« Honnêtement, sur le plan personnel, pas du tout. Avant de re-signer à Sélestat, je n’avais pas forcément voulu retourner en Starligue. Je sais les sacrifices que ç’a et comme j’étais bien dans ma petite routine, handball et mes photos à côté, j’étais bien. Mais avant que je signe, j’avais toujours dit que si je devais rejouer en Starligue, ce serait avec Sélestat. Donc, je serai prêt début septembre après la préparation. Maintenant, on sait que ce sera une année un peu différente, on n’avait pas forcément prévu. Mais re-gouter à la Starligue, ce sera un immense plaisir ! Pouvoir offrir des grosses équipes aux supporters sélestadiens ça va être énorme, les gens vont apprécier et nous soutenir même s’il y aura des moments durs. »
Un dernier mot pour les supporters ?
« C’est là où on voit qu’un club peut être pro et chaleureux aussi. On a fait un pot avec les supporters en fin de saison. Tout au long de l’année, ils nous ont suivis, c’est vraiment une grande famille et ça fait plaisir de les voir aussi nombreux, au match et à l’extérieur pour les plus courageux. C’est vraiment génial. Je me rappelle encore des trois supporters de Nice, ils se reconnaîtront ! Continuer à venir nous soutenir l’année prochaine et on espère qu’on arrivera à jouer des gros coups face aux grandes équipes. »