Au Racing depuis de nombreuses années, peux-tu nous raconter le début de cette aventure ?
Je suis au Racing depuis 2009. Avec François Keller ont s’occupaient de l’équipe réserve et j’intervenais auprès des sports-études 6ème et 3ème . L’intersaison 2011 a été pleine de rebondissements avec un projet de reprise en National et finalement, une liquidation qui entraine un dépôt de bilan en juillet.
Le premier sentiment a été celui d’un gâchis, la désolation de voir un club comme Strasbourg quitter le monde professionnel quand on sait ce qu’il représente pour les Alsaciens. Puis, est venu le temps de la reconstruction et surtout la construction d’une équipe en très peu de temps capable de faire remonter le club dès la première saison de CFA2 en CFA.
Je garde le souvenir du début d’une très belle aventure avec des liens très forts avec François et Guy Feigenbrugel. Nous étions tous trois plus que multicartes afin de tout gérer et mettre les joueurs dans les meilleures dispositions.
Deux montées successives avec François Keller, malgré le fait d’être le Racing, c’est quand même un bel exploit ?
Oui et je dirais même surtout le fait d’être le Racing, car nous jouions dans un championnat avec pas mal de derbies à disputer en CFA 2 ce qui a rendu le championnat encore plus dur. L’année précédente, l’équipe réserve, alors en CFA2, avait fini championne du groupe mais nous n’avions pas l’impression de disputer le même championnat en terme d’opposition.
L’année de CFA restera une année avec un dénouement exceptionnel. Nous n’avons été leaders que quelques minutes à la première journée et quelques minutes lors de la dernière journée. Le match d’Yzeure restera un moment particulier (avec une équipe très remaniée). C’est celui-là qui a servi de déclic d’une fin de saison exceptionnelle et des exploits qui ont suivi : 5 victoires, 1 nul (victoires à Lyon Duchère, Grenoble et, pour finir, à Epinal contre Raon tous concernés par la montée au moment où on les a joués).
Quand je vois aujourd’hui des clubs comme Grenoble ou Le Mans qui échouent chaque saison à remonter, je me dis effectivement que c’est un bel exploit que nous avons réalisé.
Presque trois saisons avec François Keller, que retiens-tu de cette reconstruction ?
Ça reste un véritable bonheur d’avoir pu participer à la reconstruction du club à ses côtés. J’étais parallèlement entraîneur à Obernai pendant cette période. Cela a été une expérience très enrichissante dans mon parcours.
Je me souviens des premiers entrainements de juillet, avec des jeunes formés au club et quelques anciens joueurs pro formés au club et sans club et aussi quelques joueurs encore licenciés au Racing le temps que la liquidation soit actée. Ca ressemblait au stage de l’UNFP. Puis est venu le temps des nombreux joueurs mis à l’essai afin d’être prêt à agir le jour où l’officialisation du dépôt de bilan aurait lieu et ainsi pouvoir repartir rapidement sur un projet de remontée immédiate.
Il y a eu tellement d’évènements qu’une interview ne suffit pas à résumer la situation. Ce qui est sûr c’est qu’on a pris beaucoup de plaisir et mis beaucoup d’énergie à faire repartir le club. Cela restera des moments uniques dans une carrière d’entraîneur et un challenge très excitant.
Comment as-tu vécu le changement de collaboration entre François Keller et Jacky Duguépéroux ?
J’ai ressenti de la tristesse à l’égard de François car il aurait mérité une meilleure fin compte tenu de tout le travail accompli et de l’énergie déployée durant ces moments à la tête de l’équipe. Il ne faut pas que les gens oublient que sans lui le club ne serait sûrement pas en L2 aujourd’hui. C’est lui qui, par son amour du club et ses compétences, a posé les premières pierres de la reconstruction. Je n’oublie pas non plus l’arrivée du président Marc Keller et des actionnaires ainsi que les collectivités locales qui ont soutenu le projet et qui ont évité un nouveau drame à l’été 2012 après notre montée en CFA.
En ce qui concerne Jacky, je n’ai eu besoin d’aucune période d’adaptation car il a été mon premier entraineur au Racing et a fait partie des personnes qui m’ont marqué dans le football. Ce fut donc un plaisir de pouvoir travailler à ses cotés. Je suis content d’avoir pu remplir à ses côtés l’objectif que le club lui avait fixé. Jacky s’est énormément appuyé sur son staff au quotidien (Florian, le préparateur physique, Guy, le Team manager et moi son adjoint) pour réussir dans son entreprise.
Il part avec le devoir accompli et les honneurs d’avoir ramené le club dans le monde pro. Il reste l’entraîneur le plus titré du Racing. C’est un amoureux du club comme François avant lui.
Le Racing retrouve le monde professionnel. Ton sentiment là-dessus ?
C’est une grande fierté d’avoir pu contribuer à pouvoir ramener le Club en Ligue 2. Le Racing fait partie du Patrimoine Alsacien. Le club a pu bénéficier d’un engouement exceptionnel de la part des supporters lors de ces cinq dernières années. A part à Marseille, Lens et peut être Saint-Etienne, je ne vois pas en France où une telle ferveur peut exister. Les supporters méritent un club professionnel et, sans doute, de revivre un jour la L1 au quotidien.
J’ai vécu en tant qu’aspirant puis stagiaire (1994-1997) les bonnes années du Racing avec une Meinau à 40.000 places. J’espère que les plus jeunes alsaciens pourront un jour connaître des sensations comme les miennes.
Tu restes avec Thierry Laurey aux commandes, comment se sont déroulés les premiers contacts ?
Les premiers contacts se sont bien passés. Il m’a confirmé son désir de travailler avec moi malgré l’arrivée de son adjoint à Ajaccio (Fabien Lefèvre) avec lequel j’ai d’ailleurs passé mes diplômes d’entraîneur (DEF).
Il a une grande carrière de joueur derrière lui et connu des montées en tant qu’entraîneur avec son équipe du Gazelec. Un entraîneur adjoint doit être au service de l’entraîneur principal dans les prérogatives que celui-ci lui donne. J’ai toujours fonctionné ainsi que cela soit avec François ou Jacky même si pour moi cela avait été simple car je connaissais les hommes. Je vais découvrir l’entraîneur et un homme déjà déterminé à faire de Strasbourg un club important dans le monde professionnel.
Quel est le sentiment premier à quelques semaines du retour à la compétition en Ligue 2 ?
L’excitation de renouer avec la compétition et de découvrir la Ligue 2 dans un staff professionnel. Nous allons avoir une préparation plus courte que d’habitude en raison d’une fin de championnat décalée par rapport à la L2. A nous de bien gérer cette période pour travailler les principes que le coach souhaitera mettre en place et faire le lien entre les nouveaux et les anciens. Il s’agit d’être opérationnel et efficace le plus rapidement possible.
J’ai hâte de retrouver la Meinau pour notre premier match à domicile contre Amiens, face à une équipe contre laquelle nous avons connu un scénario cruel au mois de mai.
Quel est ton souvenir le plus fort depuis ton arrivée au racing ?
J’ai beaucoup d’images fortes depuis l’été 2011, mais je pense que le souvenir le plus fort reste ce match contre Raon à Epinal. Je pense que ce match-là restera gravé dans ma mémoire toute mon existence. On revenait de tellement loin. Après le 0-4 contre Moulins, trois jours avant ce fameux match d’Yzeure, peu de gens auraient imaginé une telle issue. Ce fut donc un bonheur incroyablement intense et une libération pour toute une région.
Comment vois-tu la suite avec le club ?
Je ne me projette pas plus que ça dans l’avenir. Je ne connais pas la suite de l’histoire qui a commencé il y a 5 ans à Forbach et qui va se poursuivre à Bourg-en-Bresse pour notre premier match dans le monde professionnel. Depuis 5 ans, le club n’a cessé de se structurer pour être prêt le jour ou le club retrouvera le monde professionnel. Aujourd’hui nous sommes au début d’une nouvelle aventure.
En ce qui me concerne, je vais continuer à répondre aux besoins de l’entraineur et à apprendre au quotidien. Thierry Laurey est un entraineur expérimenté et ambitieux. A moi de répondre à ses attentes pour continuer à faire grandir le club. Les gens passent mais l’institution reste. Les Alsaciens ont le Racing dans la peau. A nous de travailler toujours pour les rendre fiers de leur club.
Crédit Photo : Site officiel RC Strasbourg Alsace