Joueur au sein du Racing Club de Strasbourg de 1991 à 1996, Martin Djetou a disputé plus de cent matches sous le maillot du club alsacien avant de rejoindre Monaco, futur adversaire du Racing (ce dimanche à 15H00). Cinq saisons à l’ASM pour 170 apparitions et deux titres de Champion de France. L’actuel entraîneur des U15 du centre de formation du club strasbourgeois évoque pour Alsa’Sports l’opposition de ce dimanche et revient sur son après-carrière.
Comment vas-tu ?
Je vais très bien merci. Je suis actuellement à l’Académie avec mes petits jeunes. Tout se passe bien, on est actuellement premier de notre championnat avec 4 points d’avance sur Reims.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, peux-tu nous expliquer ce que tu fais au Racing Club de Strasbourg et comment tu en es arrivé là ?
Je suis rentré en Alsace à la fin de ma carrière en 2007. Je m’étais mis au tennis pour me reposer et m’aérer l’esprit jusqu’en 2013 où je suis venu au Racing par l’intermédiaire de François et Marc. Il m’ont proposé de venir donner un coup de main au centre de formation et chemin faisant François m’a demandé si je voulais entraîner. Pour cela il fallait que je passe des diplômes et je suis maintenant à l’Académie depuis 2013.
C’est une suite logique pour toi ?
Honnêtement je ne m’étais pas préparé en me disant que je serais entraîneur à la fin de ma carrière car pour moi j’étais jeune et je ne me disais pas que ça allait s’arrêter un jour. Ma fin de carrière a été compliquée, notamment quand je suis arrivée en Italie et donc quand on m’a proposé d’entraîner cela m’a plu et je suis donc resté.
Tu dis que tu ne pensais pas que ça allait s’arrêter un jour. C’est quelque chose qu’il faut préparer mentalement chez les jeunes joueurs ?
Oui, parce qu’on réfléchit rarement à sa reconversion. C’est vrai que quand on est dedans tout est super beau et que ça va continuer pour longtemps. Mais à un moment donné, ça s’arrête. Sois par la blessure soit par le club directement, notamment pour moi quand je n’avais pas été payé. Arrivé là, tu ne joues pas et tu te demandes ce que tu peux faire. Car pendant ce moment ta confiance en prend un coup et tu penses que revenir sur le terrain est la seule solution. Mais c’est plus compliqué que cela car ton corps est là mais ton esprit donc ça ne fonctionne pas. Alors tu te dis, au lieu d’être la risée de tout le monde, qu’est-ce que je peux faire ?
Ce week-end il y a une grosse affiche entre Strasbourg et Monaco, deux clubs que tu connais très bien.
Oui car le Racing est le club que j’ai découvert quand j’ai quitté la région parisienne, là où j’ai signé mon premier contrat professionnel. Je signe à l’AS Monaco avec les JO 1996 et quand j’arrive sur le Rocher après les Jeux, j’ai la chance d’être Champion de France dès ma première année, et donc de découvrir le très haut niveau.
Tu es étonné du parcours différent des deux formations ?
Pas vraiment. Aujourd’hui, Strasbourg a un nouveau coach. Le football demande beaucoup de réflexion et demande à être au top physiquement car tout est calculé de nos jours. Pour moi, Strasbourg et Monaco se rejoignent sur le fait que les deux coachs ont la même vision des choses.
Monaco est habitué des Coupes d’Europe, est-ce que cela peut faire la différence en fin de saison par rapport à un Racing qui n’est pas forcément programmé pour ça ?
Il ne faut pas oublier que vu le calendrier, Monaco peut arriver plus fatigué à la Meinau et ne pas tenir les 90 minutes. Cela peut donc se jouer aussi dans la fraîcheur. Mais peut-être que dans l’expérience, Monaco sera plus armé et choisira mieux ses temps morts et ses temps faibles.
Que retiens-tu de tes passages à Strasbourg et Monaco ?
C’est totalement différent. J’ai connu un club où le stade était tout le temps plein. Déjà tout jeune, j’aspirais à jouer à la Meinau car l’ambiance est énormissime. L’AS Monaco, c’est le très haut niveau, mais le public est moindre et il faut être fort mentalement car c’est uniquement toi et l’adversaire. À Strasbourg c’est complètement différent, on a un joueur en plus avec le public.
Aujourd’hui, avec la renaissance du Racing, est-ce que voir le stade plein est une surprise pour toi ?
Ce n’est pas une surprise. Mais si l’on va au-delà de la réflexion, demain moi si je suis président, j’irais me chercher un très bon joueur allemand ou turc car l’Allemagne est juste à côté, cela ferait des supporters en plus selon moi.
Tu as connu Jacky Duguépéroux en 95-96, que retiens-tu de ce coach ?
Que ce soit Jacky ou Gilbert Gress, ce sont deux monuments que j’ai connus ici en Alsace. Il y a le passionné qu’était Gilbert et le travailleur qu’était Jacky Duguépéroux.
Jacky était quelqu’un de dur ?
Oui mais de toute façon tous les coachs de cette époque étaient durs et travailleurs. Par exemple Gilbert Gress est dur dans le travail mais est totalement différent à l’extérieur.
Comment vois-tu ton avenir ?
Je pense que je vais me forcer à passer le formateur et ensuite tenter ma chance chez les professionnels.
C’est quelque chose qui pourrait te plaire d’entrainer une équipe pro ?
Par forcement les pros mais j’ai découvert la nouvelle génération et je pense être plus à même avec les jeunes. Mais sait-on jamais, je peux essayer et le plaisir venir après. Pour l’instant, je pense tout de même que les jeunes me conviennent bien, d’autant plus que j’ai découvert différentes sections avec lesquelles j’ai toujours remporté un titre. Les jeunes sont des éponges, ils sont plus faciles à corriger qu’un adulte.
Tu t’attends à quel type de rencontre dimanche ?
Il y aura un round d’observation. Sachant qu’on a tendance à marquer beaucoup de buts je pense que Monaco va fermer le jeu, un peu comme l’a fait Nice il y a deux semaines.